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lundi 21 janvier 2019

Bziz, l’humoriste qui ne fait pas rire le roi du Maroc





Ahmed Snoussi — surnommé Bziz (le garnement) — est un mythe vivant de l’humour politique au Maroc, ce qui lui vaut une interdiction qui dure depuis un quart de siècle. Il vient d’être convoqué par la police judiciaire de Casablanca. Motif ? Il a dénoncé sur sa page Face book les arrestations arbitraires des artistes du Rif lors du Hirak de 2016-2017. Un texte rédigé il y a… un an et demi. Portrait d’un artiste entêté.




« Sa Majetski » (allusion au sport favori du roi Mohammed VI au début de son règne) ; « Au Maroc, tout va bien jusqu’à prison » ; « Quand ils sont nommés, les ministres n’accèdent pas au pouvoir, mais au pourboire » ; « Il n’y a jamais eu de transitions au Maroc, il n’y a eu que des transactions »..., etc. Autant de formules assassines, de jeux de mots acides et de tournures de phrases devenues cultes. Leur auteur ? Ahmed Snoussi, dit Bziz (le corrosif). C’est une icône vivante de l’humour engagé, dans un pays où le rire, piment du quotidien difficile de millions de Marocains, peut devenir subitement jaune quand il tente de franchir les lignes rouges du domaine politique.
Le 6 décembre 2018, Bziz est convoqué au siège de la police judiciaire de Casablanca. Il est interrogé pendant des heures sur un texte publié sur sa page Facebook il y a près d’un an et demi (juillet 2017), dans lequel il dénonce la violence et les arrestations « arbitraires » des militants du Rif, notamment des artistes, pendant le Hirak de 2016-2017. Et, cerise sur le gâteau, la plainte est déposée par le ministre de l’intérieur lui-même, Abdelouafi Laftit. Une coalition de plus de vingt ONG marocaines, dont la célèbre Association marocaine des droits humains (AMDH) a aussitôt dénoncé « des pressions inadmissibles contre l’artiste-humoriste », dans un communiqué du 27 décembre 2018. 



 Hassan II entre dans une colère noire

« Lorsqu’on m’a annoncé la raison pour laquelle ils m’ont convoqué, et comme je suis humoriste, j’ai tout de suite pensé à une blague… J’ai dit au policier qui m’interrogeait : ‟je crois que le ministre de l’intérieur s’est trompé de personne, il devrait porter plainte contre Zuckerberg, le fondateur de Facebook qui nous a offert cette tribune. Ce n’est pas moi que vous devez interroger, c’est lui” », lance Snoussi en fouinant dans une pile de journaux internationaux, du New-York Times au Monde en passant par Libération, où figurent les interviews et les articles qui lui ont été consacrés depuis la décision du Palais de l’interdire en 1994. Dans son vieil appartement du quartier Gautier à Casablanca qu’il loue depuis trois décennies, Snoussi passe son temps entre ses textes, qu’il ne cesse de confectionner, et la petite terrasse transformée en atelier où il exerce son autre « métier » : la peinture. Face à quelques tableaux adossés au mur, il indique l’un d’eux : « C’est une commande. J’étais en train de la terminer quand une dizaine de policiers en civil ont pris d’assaut l’immeuble pour me remettre la convocation. Comme si l’interdiction que je subis depuis 25 ans ne leur suffisait pas ».
C’est son sketch sur le golf, sport favori du roi Hassan II (1961-1999), qui a tout déclenché, raconte un ancien ministre. « Hassan II l’a écouté et il est aussitôt entré dans une colère noire ». Bziz s’y moque de ce sport et surtout des terrains de golf qui ont foisonné à l’époque dans plusieurs villes du royaume. Extrait :
Ils construisent des terrains de golf alors que la sécheresse frappe de plein fouet le pays. Nos pauvres vaches squelettiques les contemplent de loin, derrière les barbelés, en bavant. Il paraît que ces terrains sont irrigués avec de l’eau minérale et que si on passe très près, on peut les entendre éructer, tellement ils sont rassasiés…
Depuis, l’image et la voix de Bziz ont disparu des écrans et des ondes des médias publics. En mars 1998, un an avant le décès d’Hassan II, une alternance politique négociée avec le Palais avait permis à l’opposition d’accéder au gouvernement que dirigeait Abderrahmane Youssoufi, ex-militant socialiste et compagnon de Mehdi Ben Barka, enlevé à Paris en 1965 et dont le corps n’a jamais été retrouvé. « L’arrivée au gouvernement de Me Youssoufi, que je connaissais personnellement, signifiait pour moi la fin de la censure, confie Bziz. Mais lorsque je lui en ai parlé, il m’a dit, après quelque hésitation, qu’il n’y pouvait rien, que lui aussi n’avait pas un accès facile aux médias publics. D’ailleurs, quelques mois après, le même Youssoufi a interdit d’un coup de signature trois journaux marocains, Le Journal, Assahifa et Demain. Comme disent les Français, pour moi, c’était plié. »

Aucune transition, des transactions

Douze ans après, ironie du sort : le Printemps arabe, incarné au Maroc par le Mouvement du 20 février s’est traduit, de nouveau, par l’arrivée au gouvernement en 2012 de nouveaux visages de l’opposition, les islamistes dits modérés du Parti justice et développement (PJD). « Là aussi, se souvient Bziz, quelques mois après la nomination de l’islamiste Abdelilah Benkirane à la tête du gouvernement, en mars 2012 je crois, je lui ai demandé si mon interdiction allait être enfin levée. Il me répond : ‟Mais moi aussi je suis interdit, qu’est-ce que tu crois ?’’ »
Au Maroc, conclut l’humoriste, « il n’y a jamais eu de transition, il n’y a eu que des transactions, et les ministres n’accèdent jamais au pouvoir, mais au pourboire. » Dans son éternel manteau long noir, son chapeau à la Brejnev et ses yeux de lynx, Ahmed Snoussi n’a pas d’âge. Quand on le lui demande, il répond : « Le moyen âge. Je vis le moyen âge ». L’homme a traversé l’histoire du Maroc depuis la fin des années 1970, et malgré toutes les tentatives du régime de l’envelopper dans un oubli générationnel, il est toujours là, grâce, notamment, aux réseaux sociaux où on peut voir des extraits de ses sketchs enregistrés en Europe ou dans des petites salles au Maroc. Il est considéré comme une icône vivante de l’humour politique aigre-doux.Partant du théâtre, qui l’a bercé à l’école dès l’âge de 13 ans, il a opté ensuite (avec un autre humoriste, Houcine Benyaz, dit Baz) pour l’humour sarcastique dirigé non point contre le régime, mais vers la société. Avec Baz, ils formaient l’un des duos les plus populaires des années 1980, avant la séparation survenue en 1991, Benyaz ne voulant pas « basculer » vers les thèmes politiques. Mais alors que Baz est vite tombé dans l’oubli, Bziz, lui, continue d’irriter le pouvoir : une monarchie où le roi est à la fois un chef politique, exerçant un pouvoir absolu, et un chef religieux intouchable.

La tête des dirigeants sur les billets de banque

Ne pouvant plus travailler dans son pays, il gagne sa vie en vendant ses tableaux et en se produisant de temps en temps en France, en Belgique et aux Pays-Bas, où vit une importante diaspora marocaine. L’un de ses derniers sketchs, « Abou Nahab » (qui signifie le pilleur), produit en 2013, est entièrement consacré au Printemps arabe, auquel Bziz a adhéré dès le début en participant aux premières manifestations du 20 février 2011. Dans ce spectacle joué à Toulouse en 2014, Bziz parodie un dictateur arabe, vautré sur un fauteuil tacheté de sang, s’adressant à ses « sujets » qui revendiquent plus de liberté. « Pourquoi demander maintenant la liberté et la dignité ? Prenez plutôt soin de la pauvreté. N’abandonnez pas la pauvreté. L’argent est la saleté de la vie, la saleté d’ici-bas. » Il ajoute plus loin dans le même sketch :






Pourquoi nos pays sont dans la seule région au monde où l’on voit dans les billets de banque les têtes de ceux qui nous gouvernent ? Pourquoi en Europe, au lieu de mettre les têtes de leurs dirigeants dans les billets de banque, ils mettent l’image d’une fleur, ou d’un animal ? Un jour un Marocain a trouvé 200 dirhams et comme il n’a jamais vu auparavant un tel billet, il a cru qu’il venait de tomber sur la pièce d’identité du roi. D’ailleurs on le voit partout, à l’aéroport, dans les billets de banque, dans les timbres, partout. C’est Big Brother.
Dans le même sketch, il enchaîne sur la fin de Kadhafi en moquant ses gestes (installé sur le fauteuil, le poing levé) : « On pensait que ces dictateurs étaient intelligents. Kadhafi n’a même pas su prendre la fuite. »
Depuis ce sketch, la pression sur Bziz ne cesse de s’accentuer dans un pays où les interdictions et les atteintes à la liberté d’expression sont devenues quasi quotidiennes. Ainsi, le 28 décembre 2018, l’association culturelle Racines, l’une des plus importantes au Maroc, a été dissoute par décision judiciaire, à la demande du ministère de l’intérieur.

 https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/bziz-l-humoriste-qui-ne-fait...




Société Publié

Droits de l’homme au Maroc : Le rapport accablant de Human Rights Watch

«Recours excessif à la force», restrictions des activités d’ONG ou encore absence d’enquête sur les allégations de violations des droits de l’homme… Human Rights Watch a rendu public jeudi son rapport sur la situation des droits de l’homme au Maroc et au Sahara durant l’année dernière.
Temps de lecture: 3'
Image d'illustration. / Ph. Thérèse di Campo - VICE News
L’ONG internationale Human Rights Watch (HRW) a rendu public jeudi son rapport mondial 2019 sur la situation des droits de l’Homme dans le monde. Un document qui consacre une partie au Maroc et au Sahara.
Pour HRW, le Maroc fait «preuve de plus en plus d’intolérance à l’égard de la contestation publique». Elle rappelle, au tout début de son chapitre consacré au royaume, la réaction des autorités marocaines, en mars 2018, lors de la manifestation dans la ville minière de Jerada, qui s’est soldée «par des semaines de répression». Les autorités ont «fait usage d’une force excessive contre les manifestants et [ont arrêté] des responsables de la manifestation, qui ont ensuite été condamnés à des mois de prison», poursuit le rapport.
Passant en revue le verdict, rendu en juin dernier par la Chambre criminelle près la cour d’appel de Casablanca à l’encontre des leaders du Hirak du Rif, l’ONG fait également état de restrictions quant aux activités d’autres associations, notamment «la plus grande organisation indépendante de défense des droits humains au Maroc», en l’occurrence l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH).
«Recours excessif à la force» et «lois discriminatoires»
Sur la partie relative à la liberté de réunion, aux violences policière et au système pénal, Human Rights Watch rappelle avoir «documenté plusieurs cas de recours excessif à la force pour disperser des manifestations, ainsi que des arrestations de manifestants pacifiques pour des motifs tels que manifestation sans autorisation et agression de policiers». L’occasion de rappeler deux affaires marquantes : celle des tirs des garde-côtes marocains, le 25 septembre, ayant causé la mort à l’étudiante Hayat Belkacem, 20 ans, et le verdict du 17 octobre du tribunal de première instance de Tétouan, condamnant Soufian al-Nguad, 28 ans, à deux ans de prison pour incitation à l’insurrection, propagation de la haine et insulte au drapeau et aux symboles du Maroc. Un jugement qui intervient après que ce Marocain a «critiqué les circonstances du décès de Belkacem sur Facebook et encouragé à manifester en protestation».
L’occasion aussi de citer, pour le cas de la liberté d’expression, le cas d’Elmortada Iamrachen, 32 ans, l’un des principaux porte-parole du mouvement de protestation «Hirak» du Rif, dont la peine en première instance a été confirmée le 14 novembre par la cour d’appel de Salé. L’ONG internationale rappelle aussi le cas du journaliste Hamid El Mahdaoui, condamné le 28 juin, à une peine de trois ans d’emprisonnement «pour avoir omis de signaler une menace sécuritaire».
HRW aborde aussi la «répression à grande échelle de milliers de migrants, demandeurs d’asile et réfugiés subsahariens sans procédure régulière», signalée en septembre par Amnesty International, fustigeant les «raids» effectués dans plusieurs villes des provinces de Tanger, Nador et Tétouan, dans le nord du pays contre des migrants, «rassemblés [puis] emmenés dans des villes de l’intérieur».
Human Rights Watch critique au passage les «dispositions discriminatoires pour les femmes» dans le Code de la famille de 2004, l’impact «discriminatoire» de la pénalisation de l’adultère et des relations sexuelles entre personnes non mariées, ou encore l’article 489 du Code pénal condamnant les personnes LGBT.
«Rassemblements empêchés» et «répressions» au Sahara
Le rapport consacre également une partie au Sahara occidental, dans laquelle HRW rappelle que le processus de négociation sous l’égide de l’ONU est «resté bloqué malgré les visites dans la région de Horst Kohler, envoyé du secrétaire général des Nations unies».
L’ONG aborde plus loin la grève de la faim menée, «pendant plusieurs semaines en mars et en avril, puis de nouveau entre septembre et novembre», par quatre prisonniers du groupe de «Gdeim Izik». «Leur demande n'était pas encore satisfaite au moment de la rédaction du présent document», constate-t-elle avant de rappeler que les accusés de ce procès avaient «désavoué [leurs] aveux et affirmé les avoir signés sous la torture sans avoir été autorisés à les lire».
«Au Sahara occidental, les autorités marocaines ont systématiquement empêché les rassemblements en faveur de l’autodétermination, et ont fait obstruction au travail de certaines ONG locales des droits humains, notamment en bloquant leur enregistrement légal. Elles ont aussi parfois battu des activistes et des journalistes, en détention ou dans les rues.»
Rapport de HRW
Le rapport passe en revue plusieurs dates, comme la manifestation du 28 juin, qui aurait été «réprimée» par la police à Laâyoune sans qu’une enquête ne soit ouverte malgré la plainte déposée par l’Association sahraouie des victimes de graves violations des droits de l’homme (ASVDH), ou encore l’arrestation de deux journalistes travaillant pour le compte d’une chaîne du Polisario.


...Suite : https://www.yabiladi.com/articles/details/73501/droits-l-homme-maroc-rapport-accablant.html

Société Publié

Droits de l’homme au Maroc : Le rapport accablant de Human Rights Watch

«Recours excessif à la force», restrictions des activités d’ONG ou encore absence d’enquête sur les allégations de violations des droits de l’homme… Human Rights Watch a rendu public jeudi son rapport sur la situation des droits de l’homme au Maroc et au Sahara durant l’année dernière.
Temps de lecture: 3'
Image d'illustration. / Ph. Thérèse di Campo - VICE News
L’ONG internationale Human Rights Watch (HRW) a rendu public jeudi son rapport mondial 2019 sur la situation des droits de l’Homme dans le monde. Un document qui consacre une partie au Maroc et au Sahara.
Pour HRW, le Maroc fait «preuve de plus en plus d’intolérance à l’égard de la contestation publique». Elle rappelle, au tout début de son chapitre consacré au royaume, la réaction des autorités marocaines, en mars 2018, lors de la manifestation dans la ville minière de Jerada, qui s’est soldée «par des semaines de répression». Les autorités ont «fait usage d’une force excessive contre les manifestants et [ont arrêté] des responsables de la manifestation, qui ont ensuite été condamnés à des mois de prison», poursuit le rapport.
Passant en revue le verdict, rendu en juin dernier par la Chambre criminelle près la cour d’appel de Casablanca à l’encontre des leaders du Hirak du Rif, l’ONG fait également état de restrictions quant aux activités d’autres associations, notamment «la plus grande organisation indépendante de défense des droits humains au Maroc», en l’occurrence l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH).
«Recours excessif à la force» et «lois discriminatoires»
Sur la partie relative à la liberté de réunion, aux violences policière et au système pénal, Human Rights Watch rappelle avoir «documenté plusieurs cas de recours excessif à la force pour disperser des manifestations, ainsi que des arrestations de manifestants pacifiques pour des motifs tels que manifestation sans autorisation et agression de policiers». L’occasion de rappeler deux affaires marquantes : celle des tirs des garde-côtes marocains, le 25 septembre, ayant causé la mort à l’étudiante Hayat Belkacem, 20 ans, et le verdict du 17 octobre du tribunal de première instance de Tétouan, condamnant Soufian al-Nguad, 28 ans, à deux ans de prison pour incitation à l’insurrection, propagation de la haine et insulte au drapeau et aux symboles du Maroc. Un jugement qui intervient après que ce Marocain a «critiqué les circonstances du décès de Belkacem sur Facebook et encouragé à manifester en protestation».
L’occasion aussi de citer, pour le cas de la liberté d’expression, le cas d’Elmortada Iamrachen, 32 ans, l’un des principaux porte-parole du mouvement de protestation «Hirak» du Rif, dont la peine en première instance a été confirmée le 14 novembre par la cour d’appel de Salé. L’ONG internationale rappelle aussi le cas du journaliste Hamid El Mahdaoui, condamné le 28 juin, à une peine de trois ans d’emprisonnement «pour avoir omis de signaler une menace sécuritaire».
HRW aborde aussi la «répression à grande échelle de milliers de migrants, demandeurs d’asile et réfugiés subsahariens sans procédure régulière», signalée en septembre par Amnesty International, fustigeant les «raids» effectués dans plusieurs villes des provinces de Tanger, Nador et Tétouan, dans le nord du pays contre des migrants, «rassemblés [puis] emmenés dans des villes de l’intérieur».
Human Rights Watch critique au passage les «dispositions discriminatoires pour les femmes» dans le Code de la famille de 2004, l’impact «discriminatoire» de la pénalisation de l’adultère et des relations sexuelles entre personnes non mariées, ou encore l’article 489 du Code pénal condamnant les personnes LGBT.
«Rassemblements empêchés» et «répressions» au Sahara
Le rapport consacre également une partie au Sahara occidental, dans laquelle HRW rappelle que le processus de négociation sous l’égide de l’ONU est «resté bloqué malgré les visites dans la région de Horst Kohler, envoyé du secrétaire général des Nations unies».
L’ONG aborde plus loin la grève de la faim menée, «pendant plusieurs semaines en mars et en avril, puis de nouveau entre septembre et novembre», par quatre prisonniers du groupe de «Gdeim Izik». «Leur demande n'était pas encore satisfaite au moment de la rédaction du présent document», constate-t-elle avant de rappeler que les accusés de ce procès avaient «désavoué [leurs] aveux et affirmé les avoir signés sous la torture sans avoir été autorisés à les lire».
«Au Sahara occidental, les autorités marocaines ont systématiquement empêché les rassemblements en faveur de l’autodétermination, et ont fait obstruction au travail de certaines ONG locales des droits humains, notamment en bloquant leur enregistrement légal. Elles ont aussi parfois battu des activistes et des journalistes, en détention ou dans les rues.»
Rapport de HRW
Le rapport passe en revue plusieurs dates, comme la manifestation du 28 juin, qui aurait été «réprimée» par la police à Laâyoune sans qu’une enquête ne soit ouverte malgré la plainte déposée par l’Association sahraouie des victimes de graves violations des droits de l’homme (ASVDH), ou encore l’arrestation de deux journalistes travaillant pour le compte d’une chaîne du Polisario.


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Droits de l’homme au Maroc : Le rapport accablant de Human Rights Watch

«Recours excessif à la force», restrictions des activités d’ONG ou encore absence d’enquête sur les allégations de violations des droits de l’homme… Human Rights Watch a rendu public jeudi son rapport sur la situation des droits de l’homme au Maroc et au Sahara durant l’année dernière.
Temps de lecture: 3'
Image d'illustration. / Ph. Thérèse di Campo - VICE News
L’ONG internationale Human Rights Watch (HRW) a rendu public jeudi son rapport mondial 2019 sur la situation des droits de l’Homme dans le monde. Un document qui consacre une partie au Maroc et au Sahara.
Pour HRW, le Maroc fait «preuve de plus en plus d’intolérance à l’égard de la contestation publique». Elle rappelle, au tout début de son chapitre consacré au royaume, la réaction des autorités marocaines, en mars 2018, lors de la manifestation dans la ville minière de Jerada, qui s’est soldée «par des semaines de répression». Les autorités ont «fait usage d’une force excessive contre les manifestants et [ont arrêté] des responsables de la manifestation, qui ont ensuite été condamnés à des mois de prison», poursuit le rapport.
Passant en revue le verdict, rendu en juin dernier par la Chambre criminelle près la cour d’appel de Casablanca à l’encontre des leaders du Hirak du Rif, l’ONG fait également état de restrictions quant aux activités d’autres associations, notamment «la plus grande organisation indépendante de défense des droits humains au Maroc», en l’occurrence l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH).
«Recours excessif à la force» et «lois discriminatoires»
Sur la partie relative à la liberté de réunion, aux violences policière et au système pénal, Human Rights Watch rappelle avoir «documenté plusieurs cas de recours excessif à la force pour disperser des manifestations, ainsi que des arrestations de manifestants pacifiques pour des motifs tels que manifestation sans autorisation et agression de policiers». L’occasion de rappeler deux affaires marquantes : celle des tirs des garde-côtes marocains, le 25 septembre, ayant causé la mort à l’étudiante Hayat Belkacem, 20 ans, et le verdict du 17 octobre du tribunal de première instance de Tétouan, condamnant Soufian al-Nguad, 28 ans, à deux ans de prison pour incitation à l’insurrection, propagation de la haine et insulte au drapeau et aux symboles du Maroc. Un jugement qui intervient après que ce Marocain a «critiqué les circonstances du décès de Belkacem sur Facebook et encouragé à manifester en protestation».
L’occasion aussi de citer, pour le cas de la liberté d’expression, le cas d’Elmortada Iamrachen, 32 ans, l’un des principaux porte-parole du mouvement de protestation «Hirak» du Rif, dont la peine en première instance a été confirmée le 14 novembre par la cour d’appel de Salé. L’ONG internationale rappelle aussi le cas du journaliste Hamid El Mahdaoui, condamné le 28 juin, à une peine de trois ans d’emprisonnement «pour avoir omis de signaler une menace sécuritaire».
HRW aborde aussi la «répression à grande échelle de milliers de migrants, demandeurs d’asile et réfugiés subsahariens sans procédure régulière», signalée en septembre par Amnesty International, fustigeant les «raids» effectués dans plusieurs villes des provinces de Tanger, Nador et Tétouan, dans le nord du pays contre des migrants, «rassemblés [puis] emmenés dans des villes de l’intérieur».
Human Rights Watch critique au passage les «dispositions discriminatoires pour les femmes» dans le Code de la famille de 2004, l’impact «discriminatoire» de la pénalisation de l’adultère et des relations sexuelles entre personnes non mariées, ou encore l’article 489 du Code pénal condamnant les personnes LGBT.
«Rassemblements empêchés» et «répressions» au Sahara
Le rapport consacre également une partie au Sahara occidental, dans laquelle HRW rappelle que le processus de négociation sous l’égide de l’ONU est «resté bloqué malgré les visites dans la région de Horst Kohler, envoyé du secrétaire général des Nations unies».
L’ONG aborde plus loin la grève de la faim menée, «pendant plusieurs semaines en mars et en avril, puis de nouveau entre septembre et novembre», par quatre prisonniers du groupe de «Gdeim Izik». «Leur demande n'était pas encore satisfaite au moment de la rédaction du présent document», constate-t-elle avant de rappeler que les accusés de ce procès avaient «désavoué [leurs] aveux et affirmé les avoir signés sous la torture sans avoir été autorisés à les lire».
«Au Sahara occidental, les autorités marocaines ont systématiquement empêché les rassemblements en faveur de l’autodétermination, et ont fait obstruction au travail de certaines ONG locales des droits humains, notamment en bloquant leur enregistrement légal. Elles ont aussi parfois battu des activistes et des journalistes, en détention ou dans les rues.»
Rapport de HRW
Le rapport passe en revue plusieurs dates, comme la manifestation du 28 juin, qui aurait été «réprimée» par la police à Laâyoune sans qu’une enquête ne soit ouverte malgré la plainte déposée par l’Association sahraouie des victimes de graves violations des droits de l’homme (ASVDH), ou encore l’arrestation de deux journalistes travaillant pour le compte d’une chaîne du Polisario.


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