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mardi 5 mars 2019

Un “chantage” pour bousiller le concert d’une Sahraouie à l’IMA de Paris !


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La guerre entre Rabat et le Front Polisario fait encore rage, dans le Royaume, en Afrique et partout dans le monde, en dépit des négociations qui semblaient pourtant bien parties. La chanteuse sahraouie Aziza Brahim l’a appris à ses dépens, elle qui a vu sauter son spectacle programmé ce 10 mars à l’Institut du Monde Arabe (IMA), à Paris, suite à une pression diplomatique folle des autorités marocaines, rapporte RFI lundi 4 mars 2019.

La chanteuse était censée se produire au festival “Les Arabofolies”, qui a justement pour thème les femmes et leurs actes de résistance. Mais c’était sans compter sur l’activisme de l’ambassade du Maroc à Paris, qui a été alertée par un article du site marocain le360, lequel ne cache pas ses accointances avec la monarchie marocaine. L’auteur du papier s’est indigné du fait que l’IMA offre une tribune à une militante du Front Polisario. La direction de l’IMA a tenu tête à la diplomatique marocaine en arguant que l’artiste avait justement été choisie pour ce qu’elle est et ce qu’elle fait. Et là les diplomates marocains ont usé du nerf de la guerre, l’argent, pour faire plier l’institution dirigée par Jack Lang. Ils ont pu convaincre les généreux mécènes marocains de l’IMA de tout sabrer si le concert est maintenu…
Contacté par RFI, l’IMA et l’ambassade du Maroc ont refusé de s’exprimer sur cette embarrassante affaire qui démontre, si besoin en est, les limites de la liberté d’expression, de la liberté tout court, même au “pays des droits de l’Homme”. La chanteuse sahraouie devra se contenter d’une prestation dans un autre endroit de la capitale française, le Pan Piper. C’est une bonne salle, certes, mais ça ne vaut pas la prestigieuse scène de l’IMA…
Enfin sachez que ce n’est pas le seul fait d’armes de la diplomatie marocaine, dans ce conflit autour du Sahara occidental qui s’éternise; en novembre dernier, un livre de photographies d’archives sur le bras de fer avait été éliminé des rayons du Centre Pompidou après une intervention des autorités marocaines.

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