Je sais : c’est
pas très objectif mais j’aimerais que tout le monde pense comme ma mère.
Quatre-vingt-deux piges, et autant d’années à apprendre à aimer son
prochain, peu importe d’où il vient, peu importe la couleur de sa
ganache. Elle écoute dès qu’elle peut Radio Soleil, sa radio de cœur, un pont entre la France et son bled, l’Algérie.
Un jour, I’animateur s’est mis à parler
du racisme qui touche les Noirs au Maghreb. Ma mère a dit en kabyle : «
Pourquoi cette haine ? » Depuis une quinzaine d’années, de graves
incidents se multiplient contre les populations noires en Afrique du
Nord. Du Maroc à la Libye, en passant par l’Algérie. On ne compte plus
les ratonnades policières, les lynchages, les humiliations et autres
faits divers affligeants.
Les médias commencent à parler de ce
sujet longtemps resté tabou et, sur place, des associations se bougent
le fion. En 2016, une campagne de sensibilisation a été menée
conjointement par des militants antiracistes algériens, marocains,
tunisiens et mauritaniens dans leurs pays respectifs réunis dans le
collectif Ni oussif ni azzi, baraka et yezzi (en français « Ni esclave,
ni nègre, stop, ça suffit »).
En octobre 2018, le Parlement tunisien a
voté une loi punissant le racisme que peuvent subir les populations du
Sud, souvent de peau sombre, et les migrants subsahariens. C’est un bon
début. Des Africains qui s’en prennent à d’autres Africains. Comme chez
nous, en Europe, sur fond de misère sociale, on s’en prend aux plus
fragiles, aux derniers arrivés. Là-bas aussi, on oublie d’éduquer les
gens. Pourtant, comme le dit ma mère : « On est tous les mêmes… sous le
même soleil. »
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