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vendredi 14 juin 2019

Domenico Lucano était devenu le symbole de l’accueil et d’une politique réussie d’intégration


MediapartLa Lettre européenne #34
Chaque lundi | 11/06/2019

 

Le parti pris du lundi,
par
Criminalisation. Il . Domenico Lucano, ancien maire du village italien de Riace, en Calabre, a comparu ce mardi pour le premier jour de son procès. Il est soupçonné d’« aide à l’immigration clandestine », d’irrégularités dans l'attribution de financements pour le ramassage des ordures, et d'organisation de mariages blancs.
Cet homme, dont l’engagement en faveur de l’accueil des migrants remonte à la fin des années 1990, lorsqu’une embarcation de Kurdes a échoué sur une plage à 7 km du village, était dans le viseur des autorités italiennes depuis l’arrivée au ministère de l’intérieur de Matteo Salvini, le tonitruant patron de la Ligue, parti nationaliste et xénophobe. En octobre, il avait été arrêté, suspendu de sa fonction à la tête de la municipalité, puis interdit de résider sur place.
En exil, Domenico Lucano a bénéficié d’un impressionnant mouvement de soutien à travers l’Italie. Manifestations, pétitions, invitations à des conférences… Avec lui, une figure de ralliement de l’opposition à Salvini était en train d’émerger, racontait à l'automne notre correspondante en Italie.
Mais aux élections locales qui se sont tenues le même jour que les européennes, sa liste a échoué. Suivant la tendance générale dans le pays, c’est un candidat soutenu par la Ligue qui lui a ravi la place, mettant un point final à trois mandats à la tête de Riace.
Une page se tourne pour le modèle d’intégration qu’incarnait ce village de 2000 habitants, déserté par ses forces vives parties travailler dans le nord du pays : Lucano avait réussi, au fil des années, à accueillir et à loger dignement de nombreuses personnes originaires d’Afrique noire, qui s’étaient insérées dans le tissu économique local et avaient contribué à la résurgences de savoir-faire artisanaux.
Une page se tourne aussi pour l’engagement auprès des réfugiés. Après la criminalisation des ONG et des citoyens ici et là en Europe, les poursuites judiciaires pesant sur Lucano pourraient bien ouvrir le triste chapitre de la criminalisation des élus.

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