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Deux
parlementaires de la Fédération de la Gauche Démocratique, Omar
Balafrej et Mustafa Chennaoui, ont proposé des amendements au projet de
loi de finances 2020, sous la forme d’«une réduction raisonnable»
des budgets du Palais, de la Défense nationale, du Parlement, du
Ministère de l'Intérieur et du Ministère des Finances, au profit des
secteurs de la Santé et de l'Education.
Tout
le monde aura noté que la proposition est assortie d’une prudence de
sioux et d’une habileté toute politique. En évoquant une « réduction
raisonnable » et en ciblant d’autres départements dont ceux dits de
souveraineté comme l’Intérieur et la Défense, les deux socialistes
évitent une attaque frontale du Palais, dont le budget 2019 alloué
sans l’ombre d’une discussion, se monte à deux milliards cinq cent
quarante-trois mille cinq cent trois (2,543,503,000) Dirhams.
On
imagine la solitude de nos deux héros, les raclements de gorge et les
froncements de sourcils engendrés par cette déclaration dont il faut se
réjouir. Ces quelques voix minoritaires pour le moment et qui s’élèvent
au sein de la Gauche marocaine, sont au diapason de celles de la
société civile. Et même s’il faut se méfier de nos politiciens, en
raison des trahisons auxquelles ils nous ont accoutumés, occupés qu’ils
sont à brouter au piquet d’un système qui les corrompt et les vide de
toute substance, il faut se féliciter de cette initiative et en prendre
acte, parce qu’elle pourrait constituer un préambule et un
encouragement à d’autres prises de positions similaires.
« Than mou ! », « Déchiquète sa mère !¨ »
Nabila
Mounib, la Secrétaire Générale de la Fédération de la Gauche
Démocratique, s’en prend régulièrement au régime marocain, à ses
sécuritaires ou encore aux parlementaires, dont elle disait récemment,
lors d’une de ses interventions, que « la moitié d’entre eux dorment pendant que l’autre moitié ignore les raisons pour lesquelles ils se trouvent là ».
Une saillie digne d’un sketch qui n’avait pas manqué de déclencher
l’hilarité générale dans l’assistance et qui rappelle la cruelle réalité
d’un parlement dans lequel siègent des analphabètes, des incompétents
et des traîtres en réunion.
La
même Nabila Mounib, des trémolos dans la voix, s’était indignée de
l’expression « Than mou ! ». Exclamation criminelle d’un des
responsables de la mort de Mouhcine Fikri, le vendeur de poisson, tué
alors qu’il tentait désespérément d’empêcher le camion benne de
déchiqueter sa cargaison d’espadons. Un meurtre qui avait déclenché le
soulèvement du Hirak dans le Rif.
En
ces temps qui nous rappellent les années de plomb, tout décidément part
du Rif et tout y revient. Ainsi, lorsqu’Omar Balafrej et Mustafa
Chennaoui expriment une volonté somme toute légitime, d’amender le
budget en question, ils n’ont, en effet, pas exprimé autre chose que
Nasser Zefzafi et ses compagnons qui réclamaient des hôpitaux, des
écoles, des universités et du travail. Nos deux parlementaires s’en
prennent à un tabou, même s’ils le font à pas feutrés. Ils ont le mérite
de s’être fait les porte-voix de nous autres, les sans-voix.
Nul
ne viendra jamais interpeller nos deux parlementaires, au petit matin,
au saut du lit, les menotter, les battre comme plâtre, les sodomiser
avec un bâton et les doucher de son urine, comme il en fut fait de
Nasser Zefzafi et de ses camarades. Car ces deux-là appartiennent au
sérail et s’en prendre à eux, signifierait une nouvelle révolte, sinon
une révolution qui signerait la fin du Makhzen et sans doute celle de la
monarchie.
Alea Jacta Est
Les Marocains attendent avec beaucoup d’intérêt, sinon de curiosité, la
suite de ce débat et ses développements. Car tous se souviennent des
effets d’annonce du PJD de lutte contre la corruption et les corrupteurs
et qui avaient soulevé l’enthousiasme général et la suite qui en a été
faite, une fois les élections terminées. Avant les barbus, les
socialistes avaient également trahi leurs engagements envers les Marocains.
Alea
Jacta Est. Les dés sont jetés, selon l’expression consacrée. Mais ce
n’est ni le fait de nos deux parlementaires qui ne font là que leur
travail ni non plus celui de ces millions de Marocains qu’ils
représentent et qu’on dupe depuis des décennies. Mais c’est plutôt le
fait du régime marocain de ses mains si sales de basses besognes et de
sang des Marocains, et qui ignore cette vieille citation qui prétend
qu’« on peut tromper une partie du peuple, tout le temps et tout le peuple, une partie du temps, mais on ne peut tromper tout le peuple, tout le temps »
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