En
vue de l’élection présidentielle de 2022, Emmanuel Macron, s’exprimant
devant les députés de la majorité, a répété son intention de « réinvestir » les sujets d’immigration pour ne pas laisser ce « terrain régalien » à Marine Le Pen. Outre qu’elle a toutes les chances de profiter à l’extrême droite,
à l’image de ce qui s’est passé en 2012 pour Nicolas Sarkozy, cette
Elle
l’est d’autant plus quand l’on connaît le sort qui leur est réservé
dans notre pays. Notre journaliste Nejma Brahim s’est rendue aux abords
des préfectures de Créteil et Bobigny pour donner à voir les
interminables files d’attente. Pour ces hommes et ces femmes, venir renouveler leur titre de séjour ou déposer une demande se transforme en calvaire.
Encore plus invisibles, les conséquences des décisions de reconduites à la frontière
peuvent être dramatiques sur la vie des sans-papiers rejetés, sans que
l’exécutif ne s’en préoccupe le moins du monde. Au terme d’une enquête
entre l’Europe et le Soudan, Mediapart et ses partenaires du collectif
The Migration Newsroom ont retrouvé la trace d’exilés soudanais expulsés
de France, mais aussi des Pays-Bas ou d’Italie. Tous racontent les
menaces subies à leur retour, voire les tortures. De quoi interroger les
relations privilégiées entretenues par plusieurs États de l’UE avec la
dictature.
La France n’a en effet pas le
monopole de l’instrumentalisation politique honteuse. En témoigne le
lancement par le gouvernement grec d’un appel d’offres pour la construction en pleine mer Égée d’un « système de protection flottant » :
une sorte de mur de bouées, destiné non pas à sauver des vies, mais à
empêcher les passages depuis la Turquie. La symbolique est lourde : dans
le sillage d’une Europe qui se barricade, Emmanuel Macron s’emploie à
récupérer quelques voix sur le dos d’individus poussés à quitter leur
foyer, en raison de la guerre ou de la misère.
La lettre hebdomadaire
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vendredi 14 février 2020
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