Selon les
informations recueillies par MEE, les Américains auraient pressé Horst
Köhler, émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, de convaincre le
Polisario de se plier au plan d’autonomie du Maroc
Le ministre
marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita (à gauche), en
compagnie du secrétaire d’État américain Mike Pompeo, se rend au
département d’État américain à Washington DC, le 17 septembre 2018 (AFP)
Dte de publication: Dimanche 7 avril 2019 -
Alors qu’un
troisième round de négociations sous la tutelle de l’ONU est annoncé
pour l’été entre le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la
Mauritanie au sujet de l’avenir du Sahara occidental, une source diplomatique a confié à Middle East Eye que des pourparlers secrets se tenaient actuellement entre le Maroc et les États-Unis.
« Les Américains seraient en train d’intervenir en coulisses, menaçant de mettre un terme aux espoirs d’indépendance des Sahraouis », a-t-elle déclaré en précisant que la confusion politique dans laquelle se trouve l’Algérie aujourd’hui pourrait par ailleurs « compromettre gravement tout règlement politique ».
Le Maroc occupe la majeure partie du Sahara occidental depuis 1975, année au cours de laquelle l’Espagne coloniale s’est retirée, et cherche depuis à exploiter et commercialiser ces ressources.
L’invasion a entraîné une guérilla de quinze ans entre le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, mouvement de libération au nom du peuple sahraoui, qui prit fin en 1991, quand un vote d’autodétermination a été promis au Sahraouis. Ce vote ne s’est jamais concrétisé, malgré la présence d’une force de l’ONU depuis 1991, mandatée pour préparer le territoire à un référendum sur l’autodétermination.
« J’exhorte les parties à montrer activement des gestes de bonne foi démontrant leur volonté de faire des progrès », a déclaré lundi le secrétaire général de l’ONU António Guterres en se félicitant à cet égard de la décision du Front Polisario de se débarrasser de son dernier stock de mines.
Il a également insisté sur le fait qu’une solution est « désormais
envisageable » et doit permettre d’aboutir à une « auto-détermination de
la population du Sahara occidental » sous réserve d’une « volonté
politique forte » des parties et de l’ensemble de la communauté
internationale.
Pour Samir Bennis, analyste politique et rédacteur en chef du Maroc World News, si les pourparlers sont certes un « grand pas dans la bonne direction », la seule solution viable n’en reste pas moins le plan d’autonomie. Or Rabat propose un projet d’autonomie du Sahara occidental qui accorderait à la région une autonomie limitée sous souveraineté du Maroc, qui contrôlerait la défense et les affaires étrangères de la région.
« Le Maroc a plus d’une fois réaffirmé sa position. Nous sommes convaincus qu’est à exclure tout ce qui outrepasserait son plan d’autonomie », souligne-t-il.
Selon cet informateur, après la première série de pourparlers en décembre, les Américains auraient pressé Horst Köhler, émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, de convaincre le Polisario de se plier au plan d’autonomie du Maroc.
Lorsque le Polisario rencontra Köhler lors des entretiens de Berlin après le premier round, « Köhler les a avertis qu’il était exclu de discuter d’indépendance. Il leur a dit : ‘’C’est le seul scénario à votre disposition. À vous de le faire accepter à votre peuple’’ », affirme notre source.
Le Front Polisario répliqua en signifiant à Köhler qu’il s’agissait d’une « ligne rouge » : que jamais le peuple sahraoui ne saurait s’en contenter.
Selon cette source diplomatique, les véritables négociations se déroulent en secret, loin de la Suisse – à Washington DC –, entre les Marocains, les Américains et et Köhler. « Il y a fort à craindre que les pourparlers de Genève ne servent qu’à amuser la galerie. »
Selon notre interlocuteur, l’optimisme d’António Guterres se fonde sur la participation américaine à un processus longtemps négligé par la communauté internationale.
« Au fil du temps, communauté internationale et médias internationaux ont scandaleusement fait l’autruche à ce sujet. Dès lors qu’un acteur majeur décide de s’impliquer, António Guterres a de fait en main des atouts quand il évoque la perspective d’une solution. »
Autre acteur majeur : l’Algérie. Elle offre depuis longtemps au
Polisario un soutien inconditionnel – armes, aide et entraînement
militaire – et elle héberge aussi 150 000 réfugiés du Sahara occidental.
Bennis, l’analyste marocain, affirme qu’il ne peut y avoir de règlement sans l’implication de l’Algérie, car « le Polisario n’existerait pas sans le soutien militaire, diplomatique et économique de l’Algérie ».
Selon l’expert, avoir l’Algérie de son côté aiderait à surmonter les divisions au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.
« Des divergences ont toujours opposé les membres permanents du Conseil de sécurité. Certains soutiennent le Maroc, d’autres l’Algérie. Si d’aventure États-Unis, France et Royaume-Uni se mettaient d’accord pour imposer le plan d’autonomie du Maroc, la Russie ne manquerait pas de leur opposer son veto ».
Cependant, l’Algérie affirme résolument son soutien au Front Polisario, indique la source diplomatique. En réponse aux pressions exercées sur le Polisario pour se plier au plan d’autonomie, l’Algérie riposta en affirmant sans équivoque que « l’indépendance doit demeurer l’une des options possibles, et une chose n’est pas négociable : l’autodétermination, qui devra représenter un véritable choix ».
La démission d’Abdelaziz Bouteflika la semaine dernière ne changera probablement pas cette position, croit savoir notre source diplomatique. « Le soutien algérien est profondément idéologique, et a plus à voir avec l’appui systématique des révolutions dans le monde entier. Il n’est pas lié à des individus en particulier. »
Traduit partiellement de l’anglais (original) par Dominique Macabies.
« Les Américains seraient en train d’intervenir en coulisses, menaçant de mettre un terme aux espoirs d’indépendance des Sahraouis », a-t-elle déclaré en précisant que la confusion politique dans laquelle se trouve l’Algérie aujourd’hui pourrait par ailleurs « compromettre gravement tout règlement politique ».
Le Maroc occupe la majeure partie du Sahara occidental depuis 1975, année au cours de laquelle l’Espagne coloniale s’est retirée, et cherche depuis à exploiter et commercialiser ces ressources.
L’invasion a entraîné une guérilla de quinze ans entre le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, mouvement de libération au nom du peuple sahraoui, qui prit fin en 1991, quand un vote d’autodétermination a été promis au Sahraouis. Ce vote ne s’est jamais concrétisé, malgré la présence d’une force de l’ONU depuis 1991, mandatée pour préparer le territoire à un référendum sur l’autodétermination.
« J’exhorte les parties à montrer activement des gestes de bonne foi démontrant leur volonté de faire des progrès », a déclaré lundi le secrétaire général de l’ONU António Guterres en se félicitant à cet égard de la décision du Front Polisario de se débarrasser de son dernier stock de mines.
Pour Samir Bennis, analyste politique et rédacteur en chef du Maroc World News, si les pourparlers sont certes un « grand pas dans la bonne direction », la seule solution viable n’en reste pas moins le plan d’autonomie. Or Rabat propose un projet d’autonomie du Sahara occidental qui accorderait à la région une autonomie limitée sous souveraineté du Maroc, qui contrôlerait la défense et les affaires étrangères de la région.
« Le Maroc a plus d’une fois réaffirmé sa position. Nous sommes convaincus qu’est à exclure tout ce qui outrepasserait son plan d’autonomie », souligne-t-il.
« Pour amuser la galerie »
Le Maroc peut en tout cas compter sur de puissants alliés. Selon une source diplomatique rompue aux pourparlers de Genève, les pressions américaines pourraient faire pencher les négociations en faveur du Maroc.Selon cet informateur, après la première série de pourparlers en décembre, les Américains auraient pressé Horst Köhler, émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, de convaincre le Polisario de se plier au plan d’autonomie du Maroc.
Lorsque le Polisario rencontra Köhler lors des entretiens de Berlin après le premier round, « Köhler les a avertis qu’il était exclu de discuter d’indépendance. Il leur a dit : ‘’C’est le seul scénario à votre disposition. À vous de le faire accepter à votre peuple’’ », affirme notre source.
Le Front Polisario répliqua en signifiant à Köhler qu’il s’agissait d’une « ligne rouge » : que jamais le peuple sahraoui ne saurait s’en contenter.
Selon cette source diplomatique, les véritables négociations se déroulent en secret, loin de la Suisse – à Washington DC –, entre les Marocains, les Américains et et Köhler. « Il y a fort à craindre que les pourparlers de Genève ne servent qu’à amuser la galerie. »
Selon notre interlocuteur, l’optimisme d’António Guterres se fonde sur la participation américaine à un processus longtemps négligé par la communauté internationale.
« Au fil du temps, communauté internationale et médias internationaux ont scandaleusement fait l’autruche à ce sujet. Dès lors qu’un acteur majeur décide de s’impliquer, António Guterres a de fait en main des atouts quand il évoque la perspective d’une solution. »
EXCLUSIF : Guerre diplomatique à l'ONU pour le Sahara occidental
LireBennis, l’analyste marocain, affirme qu’il ne peut y avoir de règlement sans l’implication de l’Algérie, car « le Polisario n’existerait pas sans le soutien militaire, diplomatique et économique de l’Algérie ».
Selon l’expert, avoir l’Algérie de son côté aiderait à surmonter les divisions au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.
« Des divergences ont toujours opposé les membres permanents du Conseil de sécurité. Certains soutiennent le Maroc, d’autres l’Algérie. Si d’aventure États-Unis, France et Royaume-Uni se mettaient d’accord pour imposer le plan d’autonomie du Maroc, la Russie ne manquerait pas de leur opposer son veto ».
Cependant, l’Algérie affirme résolument son soutien au Front Polisario, indique la source diplomatique. En réponse aux pressions exercées sur le Polisario pour se plier au plan d’autonomie, l’Algérie riposta en affirmant sans équivoque que « l’indépendance doit demeurer l’une des options possibles, et une chose n’est pas négociable : l’autodétermination, qui devra représenter un véritable choix ».
La démission d’Abdelaziz Bouteflika la semaine dernière ne changera probablement pas cette position, croit savoir notre source diplomatique. « Le soutien algérien est profondément idéologique, et a plus à voir avec l’appui systématique des révolutions dans le monde entier. Il n’est pas lié à des individus en particulier. »
Traduit partiellement de l’anglais (original) par Dominique Macabies.
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