Malgré tous les recours de ses avocats, la mobilisation de son comité
de défense, et les avis des ONG, le Belgo-marocain, âgé aujourd'hui de
58 ans, Ali Aarrass aura purgé sa peine, celle qui lui aura été
signifiée en appel, jusqu'au bout, entre autres à la prison de Tiflet,
au sud de la capitale Rabat. C'est de là qu'il tournera la page ce
jeudi.
"C'est la dernière ligne droite... ", dit dans un souffle
Farida. Elle attendra son frère à Melilla, dans l'enclave espagnole
frontalière du Maroc, chez leur père, qui vit là depuis des années. Des
années que elle et ses proches ont passées à militer pour la libération
d'Ali. "J'ai le sentiment qu'on en aura vu de toutes les couleurs
jusqu'à aujourd'hui, la veille de sa mise en liberté... On aura vraiment
vécu tous les affres liés à l'angoisse, toutes
sortes d'émotions, appréhension, crainte... C'est vraiment une épreuve
terrible..."
Ce sera ainsi jusqu'au dernier moment, jusqu'au passage de la
frontière entre l'Espagne et le Maroc, et l'entrée de son frère sur le
territoire de l'Union européenne, avec son passeport belge. "Aujourd'hui
encore, on essaie de mettre en place toutes les démarches pour qu'Ali
traverse la frontière,et on est encore dans toutes sortes d'angoisses
qui nous serrent le ventre et qui nous empêchent de respirer
profondément."
Car l'histoire judiciaire d'Ali Aarrass ressemble à un roman rocambolesque.
Soupçonné de trafic d'armes, soumis à la torture
Né en 1962 de parents marocains émigrés dans l'enclave espagnole de
Melilla, il a grandi en Belgique. Il a la double nationalité, belge et
marocaine. Lorsque le Maroc demandera son extradition, Ali Aarrass se
trouve à Melilla, ce sont donc les autorités espagnoles qui l’arrêtent
en 2008. La justice marocaine le soupçonne de trafic d'armes en relation
avec des groupes terroristes.
Il nie toutes les accusations, et sera blanchi par le juge espagnol
Baltasar Garzon, et bénéficiera d'un non lieu. Malgré cela, son
extradition sera organisée, la Belgique ne s'y opposant pas.
Arrivé au Maroc, Ali Aarrass sera condamné, sur base de ses propres
aveux. Des aveux, affirme-t-il, extorqués sous la torture. Des
observateurs de Nations Unies attesteront par ailleurs qu'il a bien été
soumis des actes de torture, dans a prison de Temara, où il était
détenu.
Une mobilisation intense
La mobilisation de plusieurs ONG internationales, comme celle de son comité de soutien en Belgique (Free Ali) ne changeront pas fondamentalement sa situation: le Belgo-marocain verra sa peine de 15 ans en première instance ramenée à 12 ans en appel.
Le principal grief de ses défenseurs était le manque d'implication de la Belgique dans le dossier, et ce malgré la nationalité belge d'Ali Aarrass.
Malgré cela, sa sœur Farida restera mobilisée pendant ces 12 années. Pour elle aujourd'hui, c'est la fin d'un long cauchemar. "Quand j'y pense j'ai les genoux qui fléchissent, j'ai l’impression que je perds tous mes moyens à l'idée de le voir enfin libre... C'est quelque chose d’extraordinaire qui va se produire en moi et qui va me soumettre a un état physique et psychologique tel que je vais perdre tous mes moyens".
C'est pour ça qu'elle restera à l'intérieur lorsque son frère franchira la frontière: à cause des mesures de confinement, il leur sera interdit de se serrer dans les bras à l'extérieur: "Je suis en train de me demander si je ne vais pas l'attendre ici chez mon père, et laisser les autres aller l'accueillir à la frontière, et le ramener vers ici,parce que ça va être très compliqué de le voir dehors".
Ali Aarrass retrouvera donc sa sœur et son père à Melilla, avant de rentrer en Belgique, où sa femme et sa fille de 15 ans l'attendent depuis 12 ans.
Malgré cela, sa sœur Farida restera mobilisée pendant ces 12 années. Pour elle aujourd'hui, c'est la fin d'un long cauchemar. "Quand j'y pense j'ai les genoux qui fléchissent, j'ai l’impression que je perds tous mes moyens à l'idée de le voir enfin libre... C'est quelque chose d’extraordinaire qui va se produire en moi et qui va me soumettre a un état physique et psychologique tel que je vais perdre tous mes moyens".
C'est pour ça qu'elle restera à l'intérieur lorsque son frère franchira la frontière: à cause des mesures de confinement, il leur sera interdit de se serrer dans les bras à l'extérieur: "Je suis en train de me demander si je ne vais pas l'attendre ici chez mon père, et laisser les autres aller l'accueillir à la frontière, et le ramener vers ici,parce que ça va être très compliqué de le voir dehors".
Ali Aarrass retrouvera donc sa sœur et son père à Melilla, avant de rentrer en Belgique, où sa femme et sa fille de 15 ans l'attendent depuis 12 ans.
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