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samedi 23 mai 2020

Covid-19. La double peine des prisonniers palestiniens et arabes

Plus de 150 personnalités du monde arabe appellent à la libération des prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes et des prisonniers d’opinion dans le monde arabe. Parmi les signataires de la tribune figurent les universitaires tunisien et marocain Yadh Ben Achour et Abdullah Hammoudi, les écrivains jordanien et égyptien Ibrahim Nasrallah et Ahmed Nagy, le compositeur et joueur de oud tunisien Anouar Brahem, la chanteuse libanaise Omaima El Khalil et l’acteur palestinien Saleh Bakri, les journalistes libanais et égyptien Pierre Abi Saab et Khaled Al-Balshi, les responsables politiques palestiniens Hanan Ashrawi et Nabil Shaath et les défenseurs des droits humains palestinien et tunisien Omar Barghouti et Mokhtar Trifi.

En ce temps de confinement, nous mesurons encore plus la primauté de la liberté pour l’être humain et les souffrances qu’engendre la privation de la liberté de circulation (ne pas pouvoir voir les êtres chers, les serrer dans ses bras, ou pire encore leur dire un dernier adieu). Ces souffrances sont le pain quotidien des prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes et des prisonniers politiques et d’opinion dans le monde arabe. Mais contrairement à notre confinement sans barreaux, rempart médiéval pour nous protéger du Covid-19, la prison est l’arme des lâches contre des femmes, des hommes et des enfants dont le seul crime est d’avoir défendu des droits humains fondamentaux. Elle est utilisée depuis des décennies par les occupants israéliens pour briser la volonté des Palestiniens de défendre leurs droits inaliénables, mais ils se heurtent à leur résilience face à la colonisation et à l’apartheid. C’est aussi l’arme de prédilection des régimes corrompus et pervers qui règnent sur le monde arabe pour faire taire toute opposition, voire même toute critique.
En ce temps d’épidémie, la prison devient une double peine : à la privation de liberté et d’autres droits fondamentaux s’ajoute le risque de contamination par le très contagieux coronavirus. Les prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes et les prisonniers d’opinion dans le monde arabe vivent dans une promiscuité étroite, le plus souvent dans des conditions sanitaires désastreuses, avec un accès limité aux ressources qui permettraient de maintenir une hygiène minimale -sans même parler de l’arsenal prophylactique élémentaire. Dans tout le monde arabe, du Maroc à l’Irak en passant par l’Égypte (à l’exception peut-être de la Tunisie), des milliers de prisonniers politiques croupissent dans des conditions qui favorisent la contagion.
Au début de l’année 2020, il y avait un peu plus de 5047 prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes, dont 431 en détention administrative, c’est-à-dire sans inculpation ni jugement. Parmi eux, on compte 194 mineurs, dont 30 âgés de moins de 16 ans, 43 femmes et 6 membres du Conseil législatif palestinien.
Des prisonniers palestiniens malades ont adressé récemment un appel aux associations de droits humains et à tous les êtres humains libres de par le monde : « Nous réclamons que soit appliqué ce qui nous reste de nos droits, alors que la maladie menace chaque jour nos vies et qu’aucune mesure concrète ni procédures ne sont mises en place pour endiguer la propagation de l’épidémie. […] Ne nous laissez pas mourir sur nos lits de prisonniers, alors que l’épidémie se propage et que personne ne réagit pour nous protéger et éviter que nous périssions ».

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