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mardi 5 mai 2020

Un ancien prisonnier politique sahraoui raconte son calvaire dans les geôles marocaines


Il dévoile le mensonge des cellules terroristes au Maroc


Saisissant l'occasion du confinement, un ancien prisonnier politique sahraoui a commencé une série de témoignages  directs sur Facebook pour raconter sa détention politique, son voyage en enfer et pour mettre à nu le jeu dangereux du régime marocain avec le feu du terrorisme à des fins politiques et financières.

Un voyage vers l’enfer
Mohamed Daihani a été détenu arbitrairement après être venu célébrer la libération d’un des membres de sa famille. Il a été enlevé pour se retrouver à Tmara, ville à côté de la capitale marocaine Rabat, à mille kilomètres d'El Aaiun au Sahara Occidental occupé où l’enlèvement avait eu lieu.
Là-bas, dans le centre de détention secret de Tmara, Daihani a subi un traitement dégradant extrême et a été soumis à de brutales formes de torture qui lui ont presque coûté la vie. Il a décrit des méthodes inimaginables de torture physique et psychologique pratiquées dans ce centre secret et à la prison d’Ezzaki, l’autre prison dans la ville voisine de Salé. «J’ai passé quatre ans placé en isolement cellulaire; un an et demi dans une cellule d’un mètre sur deux et trois ans privé du soleil. Je ne faisais une pause que dans une salle d’environ 15 mètres de long pendant une demi-heure ; tous les murs ont été peints en gris et noir, couleurs utilisées pour affaiblir la mémoire des détenus », a-t-il déclaré.

Des faux terroristes
Au cours de son voyage dans les horribles prisons marocaines, Daihani a rencontré de nombreux détenus marocains, dont certains avaient été incarcérés sous l’accusation du terrorisme. Daihani a cité l’histoire du Marocain R. Hicham qui avait fait l’objet de chantage : en échange de sa libération il a dû se transformer en informateur, envoyé par les services secrets marocains pour infiltrer les rangs des terroristes d'Al Qaida qui opèrent dans le nord du Mali, mais il a fini par combattre avec eux de 2005 à 2007. Il a été arrêté en 2007 à son retour au Maroc parce qu’il à refusé de fournir aux services secrets marocains des informations spéciales, mettant donc un fin à sa collaboration.
Cet ex-djihadiste marocain a dévoilé un complot visant à assassiner l’ancien dirigeant du Polisario Mohamed Abdelaziz. Il avait également été proposé pour cette mission en recrutant des Sahraouis pour cet acte terroriste mais le complot semble avoir été reporté.
Lors de sa rencontre avec des détenus marocains dans les geôles du régime de Rabat, Daihani a découvert la vraie nature des cellules terroristes que le Maroc prétend souvent avoir démantelées pour arriver à la conclusion que tous ces groupes terroristes et leur démantèlement ne sont qu’une oeuvre montée de toutes pièces par les services secrets marocains. La «cellule terroriste d’Amgala» qui comprenait des affiliés militaires et civils et que le Maroc a affirmé avoir démantelée en janvier 2011 était une parfaite arnaque . Elle a été fabriquée directement après la condamnation ferme de l’UE du démantèlement brutal du camp de Gdeim Izik que les Sahraouis avaient organisé en 2010 pour protester contre l’occupation par le Maroc de leur pays, le Sahara Occidental, la brutalité policière et les conditions de vie ignobles des territoires occupés. C'était une manière de donner un message à l’UE et à la communauté internationale que l’intervention très musclée contre les civils sahraouis de ce camp de protestation était justifiée et faisait partie intégrante de cette cellule “terroriste” démantelée. 
“Au centre de détention secrète de Tmara et à force de torture sur toutes les parties du corps, avec de l’électricité et le feu, les détenus finissent par avouer et admettre qu’ils sont ce qu’ils doivent être juste pour mettre fin à leur souffrance insupportable. Les bourreaux n’arrêtent leur torture que lorsque leurs aveux s’alignent avec l’agenda politique du régime dictatorial de Rabat. " Au centre secret de Tmara, tu vas admettre que tu es n’importe quoi s’il le faut” dit-il dans son intervention relayée en direct sur le Facebook.

Daihani qui a rencontré les détenus de cette soi-disant «cellule d’Amgala», dont la plupart des membres ne pratiquaient même pas les rituels islamiques comme la prière, a affirmé que toutes les accusations de la cour étaient fondées sur des allégations complètement fausses. Le procureur près le tribunal n’avait pas pu justifier la présence d’armes par lesquelles ils avaient été condamnés, le procès-verbal contenait des accusations totalement différentes dépourvues de toute possession d’armes ou d’appartenance terroriste. La cellule terroriste d’Amgala est un exemple clair de la façon dont le Maroc utilise le faux terrorisme en vue de purs gains politiques et financiers.

Pire encore, Daihani démontre dans sa déclaration directe sur Facebook comment il était lui-même soumis au chantage. Les services secrets marocains lui ont proposé de le libérer en échange d’orchestrer des actes terroristes au Sahara occidental occupé. On lui a proposé de mener des attentats à la bombe, d’assassiner de hautes personnalités locales et de créer un climat de peur omniprésente. Une campagne terroriste par laquelle les Marocains visaient à frapper de nombreux oiseaux d’une seule pierre : envoyer un message au monde déclarant que le Sahara Occidental est un foyer du terrorisme qui menace la sécurité régionale et internationale et que la présence du Maroc sur ce territoire est primordiale pour la sécurité et la lutte contre le terrorisme, mettre le blâme sur les militants sahraouis locaux et mener une énorme campagne de détention contre eux en les inculpant à de lourdes peines. Accuser le Polisario de fomenter et de financer des groupes terroristes et ainsi diffamer son image en reliant le Polisario à Al Qaida et à d’autres organisations terroristes internationales, resserrer sa ferme emprise sur ce territoire occupé et parallèlement quémander et soustraire des fonds à partir des institutions européennes et américaines en affichant le Maroc comme le gendarme fiable de cette région nord africaine.

À suivre,
*Khalil Asmar
*Bloggeur et écrivain sahraoui. À suivre sur Twitter @Sahara_Voice


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