Dans
une déclaration au journal français « La Marseillaise », Oubi Bouchraya
Bachir, membre du Secrétariat national du Front Polisario chargé de
l’Europe et de l’Union européenne, a endossé la responsabilité de la
paralysie du processus de paix au Sahara occidental et l’effondrement de
tous les efforts de l’ONU pour le règlement de la question sahraouie, à
l’occupant marocain et son allié au sein du Conseil de sécurité, la
France.
La
Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara
occidental (MINURSO) est, certes, présente sur les territoires, mais
elle ne dispose d’aucune possibilité de superviser le respect des droits
de l’Homme au Sahara occidental, à cause du veto de la France, entre
autres, a-t-il expliqué à ce sujet.
S’agissant
des appels lancés çà et là pour une trêve et un cessez-le- feu entre
les deux parties, le responsable sahraoui, estime qu’ils (appels) sont
arrivés « tardivement », et n’ont d’autres objectifs que le maintien en
l’état de la situation qui ne profite qu’au Maroc et accentue les
souffrances des Sahraouis dans les territoires occupés, les camps, les
territoires libérés et l’exil, tout en qualifiant la situation dans la
région de « préoccupante ».
Cette
situation constitue, ajoute la même source, « un cumul de frustrations
et de déceptions pour les Sahraouis qui a fait qu’au même moment au sein
du commandement du Front Polisario il n y a « plus d’arguments pour
convaincre le peuple d’avoir confiance en ce processus ».
Revenant
sur les derniers développements connus dans la région, l’intervenant a
imputé l’entière responsabilité au Maroc qui a violé le cessez-le-feu en
cours depuis 29 ans, suite à l’ouverture illégale d’une brèche dans le
mur de la honte.
«
L’accord militaire de 1991 stipule clairement qu’aucune des deux
parties ne doit changer la réalité au moment de la signature de cet
accord », a souligné le responsable sahraoui.
Pour
Oubi Bouchraya Bachir, « la rupture du cessez-le-feu est le résultat
logique de la position du Maroc, qui refuse le règlement politique du
conflit par le référendum », non sans accabler le Conseil de sécurité de
l’ONU, coupable à ses yeux, d’avoir été « complaisant » envers le
Maroc. « Cela fait plus d’un an qu’il n’y a plus de médiateur pour
superviser le processus politique, à cause du refus de plusieurs
candidats par le Maroc. Il a eu un manque d’intérêt et de volonté pour
résoudre ce conflit », a-t-il encore regretté. Et de rappeler que « le
statut du territoire doit être déterminé par l’expression de la volonté
du peuple du Sahara occidental ».
De
son côté, le représentant du Front Polisario en France, Mohamed Sidati a
invité le gouvernement français à adopter la neutralité dans ce
conflit, estimant que le rôle négatif que joue la France dans le conflit
au Sahara occidental complique l’application du plan de règlement de
l’ONU. « Si ce n’était le rôle négatif de la France dans le conflit du
Sahara occidental, la question aurait été réglée, justement et
pacifiquement, il y a belle lurette », a-t-il affirmé lors d’une réunion
sur les derniers développements survenus dans la région, organisée
mercredi par le Groupe d’études sur la Sahara occidental, estimant que
la France a les moyens de convaincre le Maroc pour qu’il retrouve la
voie de la légalité Internationale et pour respecter le droit
inaliénable du peuple Sahraoui à l’autodétermination.
«
Le Maroc porte un coup dur aux efforts menés jusqu’ici par l’ONU au
Sahara occidental » en violant le cessez-le-feu signé par les deux
parties en 1991 sous les auspices de l’ONU, a-t-il ajouté.
Le
président du groupe, le député Jean Paul Lecoq a, pour sa part, déploré
la position du gouvernement français qui, selon lui, « n’observe pas
une équidistance vis-à-vis des deux parties le Maroc et le Front
Polisario » avant de rappeler le statu quo des instances internationales
face aux multiples agressions marocaines contre les Sahraouis.
«
Nous comprenons la colère et la frustration du peuple sahraoui
assujetti, discriminé, opprimé, par l’occupant marocain », a conclu le
député français.
Abondant
dans le même sens, la diplomate sahraouie, Mahfouda Rehal Bida a tenu
l’Onu pour responsable de la dégradation de la situation dans la région
en raison de sa passivité dans le traitement du plan de règlement. Une
passivité, a-t-elle mentionné, qui a entrainé « l’effondrement du
cessez-le-feu et le déclenchement d’affrontements armés le long du mur
de la honte ».
Profitant
du cessez-le-feu, a-t-elle ajouté, le Maroc a imposé la politique du
fait accompli pour servir ses intérêts et sa politique expansionniste au
détriment des Sahraouis qui, affirme-t-elle, sont « victime de ce plan
qui manquait de mesures concrètes et d’une volonté réelle attendues par
l’ONU pour faire respecter les clauses de l’accord ».
La
diplomate sahraouie n’a pas omis de lancer un appel à la communauté
internationale afin qu’elle sorte de sa léthargie et prenne les mesures
qui s’imposent pour la tenue du référendum sur l’autodétermination du
peuple sahraoui, tout en souhaitant également voir les prérogatives de
la Minurso élargies pour lui permettre de relever les violations
commises dans les territoires occupés.
Brahim Oubellil
Le Courrier d'Algérie, 28 nov 2020
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