L’ONU confirme les violations «généralisées» perpétrées par le Maroc
Sahara occidental
Les experts des droits humains de l’ONU ont confirmé les violations systématiques et généralisées perpétrées par le régime marocain au Sahara occidental occupé, pointant un «environnement hostile» au travail de défense des droits de l’Homme dans ce territoire non autonome. Dans une communication conjointe adressée au gouvernement marocain, quatre procédures spéciales du Conseil des droits de l’Homme expriment de sérieuses préoccupations concernant une multitude d’abus commis contre huit éminents défenseurs sahraouis des droits de l’Homme, selon un communiqué du Groupe de soutien de Genève pour la protection et la promotion des droits humains au Sahara occidental.
Dans une forte réprimande au gouvernement marocain, le Rapporteur
spécial des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’homme, le
Rapporteur spécial sur la liberté d’expression, le Rapporteur spécial
sur la torture et le Groupe de travail des Nations unies sur la
détention arbitraire ont exprimé de sérieuses préoccupations sur les
violations des droits de l’homme commises à l’encontre du peuple
sahraoui dans les territoires occupés du Sahara occidental, en se
concentrant sur les cas de huit victimes. Les victimes mentionnées dans
la communication conjointe sont des activistes sahraouis bien connus du
territoire occupé qui ont soumis des plaintes de droits de l’homme à
l’ONU.
Les victimes, toutes des défenseurs des droits de l’homme, sont des
citoyens journalistes, des avocats bien connus et des étudiants
activistes, et parmi eux se trouvent deux prisonniers politiques. Il
s’agit de Naziha El Khalidi, Aminatou Haidar, Mahfouda Bamba Lafgir,
Yahya Mohamed Elhafed Iaazza, Al-Hussein Al-Bashir Ibrahim, Mohamed Radi
Ellili, Ali Saadouni et Nour Eddin El Aargoubi. Cette communication de
l’ONU dont l’object est d’aborder spécifiquement les violations commises
contre les huit victimes, dénote, une préoccupation plus large,
d’autant que ces cas, selon les auteurs, ne représentent que la pointe
de l’iceberg. Le Maroc mène une intimidation systématique généralisée
contre les défenseurs des droits de l’homme sahraouis afin de les
décourager de mener à bien leur travail et de limiter leur droit à la
liberté d’association et d’expression, dénoncent les auteurs. «Nous
sommes préoccupés par ce qui semble attester d’un manque de sécurité et
d’un environnement hostile envers défenseurs et défenseuse des droits de
l’homme au Maroc et au Sahara occidental», mentionne les auteurs de la
missive.
Pour les rapporteurs spéciaux de l’ONU, «la criminalisation des
défenseurs et défenseuses des droits humains entrave sérieusement leur
capacité à poursuivre leur important travail en faveur des droits de
l’homme». «Les actes de torture, les poursuites judiciaires, les menaces
et la surveillance constante constituent une autre attaque grave contre
les organisations et les défenseurs et défenseuses des droits humains»,
dénoncent-ils, en mettant en garde contre l’«effet paralysant sur la
société civile» de ces politiques répressives dont l’objectif est de
dissuader «d’autres personnes de travailler dans le domaine des droits
de l’homme».
Selon l’ONU, «les allégations de violations flagrantes et systématiques
des droits de l’homme commises par le royaume du Maroc dans les
territoires occupés du Sahara occidental comprennent des menaces de
mort, une surveillance généralisée, des assignations à résidence, des
campagnes de diffamation, des représailles économiques, des détentions
arbitraires, des détentions prolongées, des tortures et des disparitions
forcées effectives contre les activistes sahraouis». Toutes les
affaires concernent des incidents de persécution de militants sahraouis
en réponse à leur soutien au droit à l’autodétermination du peuple du
Sahara occidental, un territoire non autonome en attente de
décolonisation qui est occupé par le Royaume du Maroc depuis 1975,
souligne l’ONU. Dans le même contexte, les rapporteurs onusiens
affirment que «le Maroc a également militarisé le Covid-19, en utilisant
abusivement les restrictions sanitaires de diverses manières contre les
Sahraouis».
La communication conjointe des rapporteurs interroge également au
Royaume du Maroc quelles mesures spécifiques ont été prises pour
enquêter sur les violations et pour juger les responsables de leurs
actions. En exprimant leurs graves préoccupations, les Procédures
Spéciales ont placé le Front Polisario, reconnu depuis 1979 par l’ONU
comme le seul représentant du peuple du Sahara Occidental, en copie de
la lettre envoyée au Royaume du Maroc. «C’est la première fois que le
Front Polisario est placé en copie d’une lettre envoyée au Royaume du
Maroc, attestant de la position du mécanisme des droits de l’homme de
l’ONU en accord avec le droit international», relève le groupe de
Genève. Les autorités marocaines qui ont réagi avec colère à la
communication de l’ONU n’ont pas daigné apporter des réponses fondées
aux graves «allégations» des rapporteurs de droits humains.
R. I.
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