Le
pass sanitaire marquera la vie de millions de Français·es, puisqu’en
très peu de temps, et encore plus dès lors que le test PCR ne sera plus
gratuit, toute vie sociale et professionnelle sera contrainte par le
fait d’être vacciné. Pourtant, cette décision a été prise de façon
autoritaire, non démocratique, dans un cadre de délibérations obscures,
celui d’un seul homme : le président de la République qui n’aura réuni
que le seul Conseil de défense. Elle passe outre toute discussion réelle
au Parlement qui est, une fois encore,
considérée comme une chambre d’enregistrement. La démocratie ne saurait
être sacrifiée, et elle est pour nous plus que jamais la clé pour sortir
de cette crise.
Pourtant,
il y a moins d’un mois, Emmanuel Macron, le ministre de la santé, les
député.es de la majorité, à l’image de la présidente de la commission
des lois qui avait même déposé un amendement pour en figer
l’impossibilité d’avoir une obligation publique dans la loi, tou.te.s se
disaient opposées à la généralisation du pass sanitaire au nom des
libertés et individuelles tout comme à une vaccinale. Alors que tout
indique que nous avons pour au moins des mois à vivre avec le virus, on
ne peut rentrer dans la société du contrôle
généralisé que le gouvernement veut imposer ainsi à la population.
Une
vaccination large et massive est nécessaire pour combattre cette
pandémie, à commencer par la couverture des plus fragiles. Nous nous
démarquons de toutes celles et ceux qui font de leur opposition frontale
au vaccin un déversoir sectaire et complotiste et nous dénonçons
fermement toute assimilation de la stratégie vaccinale à la Shoah ou à
l’apartheid.
Le pass sanitaire est antisocial
Nous
dénonçons la méthode employée par le gouvernement, génératrice de
fortes tensions, ce qui est délétère en pleine crise épidémique. Les
premiers leviers activés devraient être un grand débat démocratique, une
information d’ampleur, des droits d’utilisation sur le temps de travail
pour se faire vacciner, une prévention notamment par la gratuité des
masques, une couverture bien plus importante des centres de vaccination
et des moyens associés plus conséquents… La corrélation entre la
vaccination et les revenus fait dire qu’en l’état
actuel le pass sanitaire est antisocial. Ce sont des milliers de
milliers de travailleurs·se·s qui se trouvent contraint·es et menacé·es
de sanctions graves.
Depuis
le début de la pandémie, les moyens financiers et humains réclamés par
les syndicats et associations de soignants, pour remettre debout les
hôpitaux publics et soigner correctement, n’ont pas été octroyés. Il en
est de même pour les Ehpad. Pire, dans certains endroits nous constatons
même que la casse de l’hôpital public continue (fermeture de lits,
suppressions de poste…).
Et
pendant ce temps, la France s’oppose toujours, avec l’Union européenne,
à la levée des brevets au sein de l’Organisation mondiale du commerce,
alors que c’est la seule façon pour que, dans les pays pauvres et
émergents, les vaccins puissent être fabriqués et distribués
massivement. C’est à la fois une question de solidarité internationale,
de santé publique et d’efficacité. Car tant que la pandémie ne sera pas
résolue à l’échelle mondiale, elle ne le sera nulle part.
Enfin,
pendant que ces décisions heurtent et divisent la population, de graves
attaques contre les droits sociaux sont annoncées. Autoritarisme et
casse sociale vont de pair. La réforme régressive de l’assurance-chômage
serait entérinée dès le 1er octobre, diminuant fortement les
durées et les montants des allocations des chômeurs. Et Emmanuel Macron
a confirmé sa volonté de reporter l’âge légal de départ en retraite et
la fin de tous les régimes spéciaux. Alors que le patrimoine cumulé des
500 plus grandes
fortunes de France a augmenté de 30% en 2020, le gouvernement ne revient
aucunement sur toutes les largesses qu’il leur a accordées depuis le
début du quinquennat et veut faire payer la crise aux chômeurs et aux
retraités. A l’inverse, nous demandons que soient mis à contribution,
bien davantage qu’aujourd’hui, les multinationales et les très riches,
au profit de la solidarité nationale. Nous exigeons une politique
sociale ambitieuse, passant par des services publics de qualité et des
droits sociaux plus importants.
Pour
cette raison, au nom de l’efficacité sur le long terme contre
l’épidémie et pour préserver nos libertés, nous nous opposons à la
nouvelle loi proposée à l’assemblée, tout comme aux mesures antisociales
qui visent à faire payer la note de la crise sociale au monde du
travail. A cette fin, nous aspirons à des mobilisations dans les
semaines et mois qui viennent.
Premiers signataires
Responsables d’organisations :
Aurélie Trouvé et Raphaël Pradeau (porte-parole d’Attac), Céline
Verzeletti (secrétaire confédérale de la CGT), Simon Duteil et Murielle
Guilbert (délégué·es généraux de l’Union syndicale Solidaires), Thomas
Portes (porte-parole de Génération·s), Mélanie Luce (présidente de
l’UNEF), Khaled Gaiji (président des Amis de la Terre France), Pierre
Khalfa et Willy Pelletier (Fondation Copernic), Emmanuel Vire
(secrétaire général du SNJ-CGT), Mireille Stivala (secrétaire générale
de la
fédération CGT Santé et action sociale), Jean Marc Devauchelle
(secrétaire général de la Fédération SUD Santé Sociaux), Thierry
Amouroux (porte-parole du Syndicat National des Professionnels
Infirmiers SNPI), Hafsa Askar (Secrétaire Générale de la FSE), Denis
Lalys (secrétaire général de la FNPOS de la CGT), Ana Azaria (présidente
Femmes égalité), Lenny Gras (porte parole du MNL), Mathieu Devlaminck
(UNL), Aneth Hembert (co-secrétaire fédérale des Jeunes Ecologistes),
Jean-Christophe Sellin et Hélène Le Cacheux (coordinateurs du Parti de
Gauche), Jean-François Pellissier et Myriam Martin (porte parole
d’ENSEMBLE !), Christine Poupin et Olivier Besancenot (porte-parole du
NPA), Christian Pierrel (porte parole
du PCOF), Christian Eyschen (secrétaire général de la Libre Pensée),
Martin Méchin et Louise Tort (Black Robe Brigade), Anthony Caillé
CGT-Police, Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole Droit Au Logement,
Delphine Glachant, présidente de l’Union syndicale de la psychiatrie.
Elu·e·s :
Éric Coquerel (député LFI), Elsa Faucillon (députée PCF), Eric Piolle
(maire EELV), Jean-Luc Mélenchon (député LFI), Sébastien Jumel (député
PCF), Emilie Carriou (députée Nouveaux Démocrates), Clémentine Autain
(députée LFI), Aurélien Taché (député Nouveaux Démocrates), Mathilde
Panot (députée LFI), Pierre Dhareville (député PCF), Caroline Fiat
(députée LFI), Manon Aubry (députée LFI), Adrien Quatennens (député
LFI), François Ruffin (député LFI), Muriel Ressiguier (députée LFI)
Personnalités :
Youcef Brakni (militant antiraciste), Sandrine Rousseau (EELV),
Caroline Mecary (avocate), Taha Bouhafs (journaliste), Jean-Marie
Harribey (économiste), Arie Alimi (avocat), Kevin Vacher et Deborah Ozil
(Rencontre des Justices), Stéphane Jouteux (syndicaliste), Nicolas
Mayart (journaliste), Dominique Plihon (économiste), Paul Poulain
(spécialiste des risques industriels), Laure Vermeersch (L’ACID), Gilles
Perret (réalisateur), Philippe Poutou, Porte-parole du NPA, Rokhaya
Diallo, Claire Lejeune, EELV.
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire