Blog du Réseau de solidarité avec les peuples du Maroc, du Sahara occidental et d'ailleurs(RSPMSOA), créé en février 2009 à l'initiative de Solidarité Maroc 05, AZLS et Tlaxcala
Des centaines de sinistrés du séisme dans les provinces d’Al Haouz ont
participé à une manifestation devant le Parlement, exigeant une révision
du mode de répartition de l’aide royale allouée à la reconstruction des
habitations détruites. Les manifestants ont exigé la création d’un
comité indépendant pour traiter le dossier de soutien et garantir la
transparence dans la distribution de l’aide. Les personnes touchées ont
dénoncé les manipulations et les violations dans le versement de l’aide,
car beaucoup d’entre elles ont été exclues des bénéfices, malgré la
destruction de leurs maisons.
Au Maroc, l’indignation et la colère du peuple contre le Makhzen,
suscitées par la normalisation des relations entre le Royaume chérifien
et l’entité sioniste en décembre 2020 sont loin de s’apaiser.
La récente visite du ministre de la Défense sioniste à Rabat a
alimenté ces sentiments. Les manifestations organisées à travers le pays
en sont la preuve. Il est vrai aussi qu’en septembre 2020, lorsque deux
autres pays arabes avaient, sous la houlette de l’ancien président
américain, normalisé leurs relations avec l’entité sioniste , des
associations marocaines avaient mis en garde Rabat en affirmant que « le
peuple marocain n’acceptera jamais d’être impliqué dans les plans
sionistes et américains et qu’il se révolterait si cela venait à arriver
». Ces militants qui exigeaient aussi « la criminalisation de toute
normalisation » ont tenu leur engagement dès lors que le Maroc a franchi
le pas trois mois plus tard. Pour les associations de soutien à la
Palestine et contre la normalisation , la cause palestinienne est celle
des marocains. C’est pour cela qu’ils sont sortis par centaines, à
l’appel du Front marocain de soutien à la Palestine et contre la
normalisation et qu’ils comptent manifester également aujourd’hui à
l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple
palestinien. Les marocains se refusent à cautionner cette nouvelle
trahison du Royaume chérifien à l’égard de la Palestine et de son
peuple. Et de rappeler ces propos tenus par un militant marocain des
droits de l’homme après que le Maroc ait officialisé la normalisation de
ses relations avec l’entité sioniste. « Les marocains disent : » La
cause palestinienne est pour nous une cause nationale. C’est de dire que
c’est une cause propre à nous-mêmes. Nous la considérons comme notre
propre cause. C’est une ancienne tradition ». Pour les Marocains, qui
ont honte pour leur pays, cette trahison est d’autant plus difficile à
accepter que le Maroc est à la tête du Comité Al Qods. Un Comité censé
défendre la cause de la Palestine et les intérêts des Palestiniens. Pour
le Front marocain, la normalisation avec l’entité a été imposée contre
la volonté du peuple marocain et ses intérêts stratégiques. Et
d’affirmer que la position du Front traduit celle « du peuple marocain
qui refuse toujours tout rapprochement ou normalisation avec les
sionistes et qu’il est et restera toujours aux côtés des Palestiniens et
de leur juste cause ». Le Maroc, embarrassé par cette montée de la
colère, a recours à la répression pour empêcher toutes les formes de
manifestation. Mais quoi qu’il en sera, ce qui est certain c’est que la
rupture entre le Roi et son peuple est consommée.
Depuis 2000, au moins 12 000 enfants palestiniens ont été arrêtés,
interrogés et inculpés par la justice militaire israélienne, soit 500 à
700 par an.
Au 7 novembre, ce sont 4650 prisonniers politiques palestiniens qui
sont détenus par Israël, dont 500 en détention administrative (sans
procès, ni chef d’accusation communiqué au prisonnier).
En Cisjordanie, ce sont des tribunaux militaires qui siègent au sein
des prisons ou centres de détention, y compris pour les enfants, et ce
dès l’âge de 12 ans.
Ces procédures sont réservées aux Palestiniens. Les colons, quant à eux, sont soumis au droit pénal israélien.
Ce que subissent les enfants arrêtés, voire emprisonnés :
• Arrestations violentes, très souvent lors de raids nocturnes ;
• Intimidation, humiliation, torture, présence des parents non autorisée lors des interrogatoires ;
• Détention administrative, ordre de détention militaires, arbitraire, y compris pour les enfants malades ;
• Conditions de détention indignes, maltraitance, absence de soins ;
• Visites des familles limitées.
La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (C.I.D.E.), la
Déclaration universelle des droits de l’homme, la IVe convention de
Genève...ne sont pas respectées.
La situation est chaque fois plus grave. Le 7 novembre, six ONG
palestiniennes de défense des droits humains parmi les plus importantes
et les plus reconnues sur le plan international, ont été interdites dont
"Addameer" (organisation de défense des droits des prisonniers
politiques) et "Prisoner Defense for Children International-Palestine" DPCI-PI (Organisation internationale de défense des enfants - Section Palestine).
Pour informer l’opinion publique en France et dénoncer cette grave
situation, nous organisons, avec les associations, organisations
syndicales et politiques de la campagne « Libération immédiate des
enfants palestiniens prisonniers d’Israël » un rassemblement samedi 27
novembre.
Paris, le 24 novembre 2021
Association France Palestine Solidarité, Forum Palestine Citoyenneté, Organisation de Femmes Egalité
Sahara occidental [4/5] Suite
de notre série dans les territoires administrés par la RASD, la
République arabe sahraouie démocratique. Parmi les revendications
portées par les militants sahraouis : la vérité sur les personnes
disparues lors de la conquête territoriale marocaine, la libération des
militants indépendantistes et l’amélioration des droits humains dans les
territoires qualifiés d’« occupés » par le Maroc. Rencontre dans les
camps de réfugiés avec certains de ces militants.
C’est en mère de famille et en grand-mère que Nuha Abidim nous reçoit
dans le salon de sa maison du camp de Boujdour, pour l’immuable
cérémonie du thé. Mais en 1976, c’est en petite fille de sept ans
qu’elle fuit l’avancée des troupes marocaines dans le territoire
sahraoui que viennent de quitter les Espagnols. L’aviation marocaine
bombarde l’oasis d’Oum Breyda. La famille embarque dans un camion, sans
son père, Abidin Buzeid Allal, qu’elle ne reverra jamais.
Après avoir affirmé qu’il était vivant dans un camp de réfugiés sans
en apporter la preuve, le Maroc lui a assuré qu’il était décédé en
prison en 1980. Mais faute de preuves, de corps, et en raison de
témoignages contradictoires, Nuha Abidim n’arrive pas à croire à la
version officielle.
Jamais ! Je ne suis pas convaincue. Il y a beaucoup de
contradictions. Ils ont dit ne pas l’avoir, puis m’ont dit qu’il était
mort en prison. C’est toujours confus. On ne sait pas s’il est mort : si
oui, où est-il mort ? Je veux aller sur place. Je n’ai pas de rancune
vis à vis du peuple marocain qui est un peuple frère. Mais le
gouvernement, lui, a tué mon père, m’a arraché mon sourire d’enfant.
Contre lui, j’ai beaucoup de colère.
Le « trou noir » en matière de droits humains En
2010, après des années de pressions internationales, la Commission
marocaine des droits de l’homme a reconnu 638 disparitions forcées de
militants sahraouis dont 351 ont été exécutés ou sont morts en
détention.
L’Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis,
recense pour sa part 444 décès, mais déplore que depuis le Sahara
occidental soit retombé dans un « trou noir » en matière de droits
humains. C’est le mot qu’emploie Abdeslam Omar Lahcen, président de
l’Afapredesa : « Créer un climat de terreur, en plus des détentions
arbitraires qui continuent, la pression économique en expulsant du
travail bon nombre de militants en les envoyant à l’intérieur même du
Maroc… C’est l’unique moyen de pouvoir maintenir sa main mise sur la
population et sur les ressources naturelles. C’est l’enjeu de toute
cette histoire. »
Un tribunal militaire « qui échappe à tout contrôle » Arrêté
à Laayoune, condamné par un tribunal militaire en 2015, Salah Lebsir a
passé quatre ans en détention, avant d’être libéré et de gagner les
camps de réfugiés en Algérie. Il explique que « les autorités marocaines
surveillent les militants sahraouis. Si on vous voit avec un drapeau,
réclamer l’indépendance, participer à une manifestation, on vous suit et
on vous attrape. On passe au tribunal militaire qui échappe à tout
contrôle. J’ai passé quatre ans en cellule, sans avocat ni médecin, à
subir des mauvais traitements. On essaye de nous faire craquer
psychologiquement, mais ça ne marche pas, notre demande
d’autodétermination est légitime. »
En quête d’une figure pour médiatiser leur combat, les militants
sahraouis mettent en avant Sultana Khaya, active à Boujdour contre
l’exploitation des ressources naturelles par le Maroc. La presse
marocaine la qualifie de « mercenaire à la solde du régime militaire
algérien ».
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Sahara occidental [5/5]: le Croissant-Rouge sahraoui, ligne de vie des réfugiés
Suite de notre série dans les territoires administrés par la RASD, la
République arabe sahraouie démocratique. Selon le Haut Commissariat des
Nations unies pour les réfugiés, les cinq camps algériens accueillaient
fin 2017 plus de 173 000 Sahraouis. Situés dans une zone extrêmement
aride, ils dépendent quasi-totalement de l’aide humanitaire
internationale, gérée par le Croissant-Rouge sahraoui.
Les daïras, ce sont les quartiers qui composent chacune des cinq
wilayas, les camps de réfugiés que desservent en farine, sucre,
céréales, huiles, les camions du Croissant-Rouge sahraoui. En cette fin
de matinée sous un soleil déjà brûlant, les bénévoles chargent les
denrées sous l’œil de Najib Enawa, directeur de la coopération de
l’organisation. « Il y a des dattes qui viennent d’Arabie saoudite, de
l’huile, des lentilles, du lait en poudre pour le petit déjeuner des
enfants », énumère-t-il.
Lorsque les ressources du programme alimentaire mondial, principal
fournisseur de l’aide, s’assèchent en fin d’année, les hangars sont
presque vides, mais le travail continue. 77% des 173 000 réfugiés
recensés par le Haut Commissariat aux réfugiés reçoivent cette aide.
Impossible de tricher sur la réception des denrées En théorie,
chaque adulte de plus de 12 ans doit recevoir 17 kg chaque mois. Au 14
octobre, on en était qu’à 4 kg. Face à l’urgence néanmoins, impossible
de tricher à la réception, affirme Lelah. Cette habitante du camp de
Boujdour a quatre enfants.
« Dans chaque quartier, il y a un responsable de la distribution. Il
connaît la composition des familles, combien chacun a d’enfants et donc à
quoi chacun a droit. De plus, on se connaît tous, on est tous voisins
ou avec des liens familiaux, donc on sait très bien qu’on ne peut pas
tricher », dit la mère de famille.
Une situation politique qui n’évolue pas
Deux
cent trente-cinq personnes travaillent au siège du Croissant-Rouge
sahraoui, avec 3 700 personnes dans les quartiers. Le travail
humanitaire y est vital, et Buhubeini Yahia, le président du
Croissant-Rouge sahraoui, s’alarme surtout d’une situation politique qui
n’évolue pas.
« Les gens sont en plein désert et on leur demande de continuer à
patienter. L’aide humanitaire, c’est comme donner de l’aspirine à un
malade pour réduire un peu la souffrance la douleur. Mais l’antibiotique
pour éliminer le virus, c’est la solution politique durable », explique
le président du Croissant-Rouge sahraoui.
En attendant une solution politique à un conflit vieux de 46 ans,
l’anémie et la malnutrition touchent une large part de la population des
camps. Au total, 92% d’entre elle est en état de vulnérabilité
alimentaire selon le Programme alimentaire mondial.
COMMUNIQUE D'ENSEMBLE APRES LE NAUFRAGE DANS LA MANCHE
Le 26/11/2021, àSecretariat Ensemble via Collectifnat a écrit :
Lorsque
les gouvernements français et anglais déplorent le drame qui s’est joué
pour 31 personnes dans la Manche, on ne peut que penser à l’hypocrisie
de ces mêmes gouvernements.
Ce drame, prévisible, malheureusement devenu réalité, a pour cause les politiques meurtrières qui accablent les migrant.es,
en Méditerranée, dans les Alpes, les Pyrénées et maintenant dans la
Manche. La non application des articles 13 et 14 de la Déclaration des
Droits universels de l’Homme de 1948, les refus de suivre la procédure
normale d’examen des demandes d’asile, disons le nettement, les
politiques répressives et sécuritaires, ne permettent pas aux personnes
en migration de poursuivre leur route paisiblement, d’atteindre les pays
dans lesquels elles veulent demander l’asile. Ces personnes se trouvent
acculées à des risques insensés et mortifères pour atteindre leurs
objectifs. Elles sont plongées dans l’illégalité ce dont profitent les
mafias de passeurs.
Pour
éviter la reproduction prévisible d’un tel drame, il faut changer de
fond en comble la politique actuelle. Qui ne voit pas qu’il est absurde
de vouloir à la fois, empêcher les migrant.es d’entrer
sur notre territoire et ensuite de les empêcher de sortir de celui-ci.
Il faut donc dénoncer l’accord du Touquet qui est une entrave à la libre
circulation des personnes, il faut dénoncer la Convention de Dublin qui
ne permet pas aux personnes de choisir le pays où déposer leur demande
d’asile. Il faut une vraie politique d’accueil (hébergement, suivi
sanitaire et administratif, etc..). A court terme, il faut un corridor
maritime de secours humanitaire entre Calais et l’Angleterre. Le droit
de circulation doit être restauré.
Les
hommes politiques d’extrême droite, leurs journaux et leurs télévisions
qui passent leur temps à insulter les personnes migrantes, à créer un
climat délétère les concernant, à les stigmatiser sont, au moins
moralement responsables du désastre qui les atteint.
Le
combat en faveur d’une solidarité forte et humaine qui est le fait de
nombreuses organisations et personnes bénévoles doit être salué et
encouragé. Elles sont un rempart contre la barbarie qui suit un cours
médiatique trop ordinaire dans nos pays européens et à nos frontières.
Au moins
trente et une personnes ont trouvé la mort dans le naufrage de leur
embarcation dans la Manche mercredi 24 novembre, alors qu’elles
tentaient de rejoindre la Grande-Bretagne. Les autorités françaises ont
aussitôt répondu par des promesses de mesures répressives, alors que
celles-ci sont précisément, pour partie tout du moins, à l’origine de la
décision des exilés de quitter la France au péril de leur vie.
Une indicible tristesse, et une immense
colère, alors que la Manche se transforme peu à peu en Méditerranée,
cimetière migratoire depuis plusieurs décennies, sans que cela ne
produise jusqu’à présent l’électrochoc nécessaire pour mettre un terme à
cette hécatombe.
Au moins trente et une personnes ont trouvé la
mort dans le naufrage de leur embarcation dans la Manche mercredi
24 novembre. C’est un pêcheur qui a donné l’alerte en début
d’après-midi. Le nombre de corps retrouvés n’a cessé d’augmenter tout au
long de la journée.
Les opérations de sauvetage se poursuivaient
en fin d’après-midi, selon la préfecture maritime de la Manche et de la
mer du Nord, qui a indiqué à l’AFP que trois hélicoptères et trois
bateaux participaient aux recherches. « Vers 14 heures, un pêcheur a
signalé la découverte d’une quinzaine de corps flottant au large de
Calais. Un bâtiment de la marine nationale a repêché plusieurs corps,
dont cinq personnes décédées et cinq inconscientes, selon un bilan
provisoire », a précisé le ministère de l’intérieur. Selon une
source proche du dossier citée par l’AFP, une cinquantaine de personnes
se trouvaient à bord de l’embarcation, partie de Dunkerque. Le drame
s’est déroulé sur un « long boat », un bateau gonflable fragile,
dont le fond souple risque de se replier quand il prend l’eau et est
surchargé, ont indiqué des sauveteurs.
Plusieurs exilés ont connu le même sort au cours
des dernières années, mais ce drame est le plus meurtrier sur des côtes
françaises depuis l’accélération des traversées maritimes en direction
de la Grande-Bretagne il y a bientôt cinq ans. Mediapart documentait, il
y a peu, les traces laissées par ces personnes prises au piège des
politiques migratoires de nos gouvernants et prêtes à affronter tous les
dangers pour tenter leur chance ailleurs (voir ici le portfolio d’Édouard Bride et Nicolas Montard).
Alors que les sauveteurs venus au secours des migrants tiraient la
sonnette d’alarme ces derniers jours, ils n’ont pu empêcher ce nouveau
naufrage.
Nous ne sommes pas sur les côtes libyennes, mais bien en
France. Et pourtant. Comme la Libye, la France n’est pas, dans le cas
présent, un pays de destination, mais bien un pays que les exilés, qui
ont ainsi péri, cherchaient à fuir. Depuis le début de l’année, ils sont
31 500 à avoir quitté la France par la Manche pour rejoindre la
Grande-Bretagne, et 7 800 ont eu besoin d’être secourus face au péril de
leur embarcation, selon les chiffres enregistrés par la préfecture
maritime de la Manche et de la mer du Nord. Côté anglais, on dénombre
22 000 personnes ayant réussi la traversée durant les dix premiers mois
de l’année. Le 11 novembre dernier, au cours d’une seule journée,
1 185 migrants étaient arrivés sur les côtes anglaises. Jusqu’à ce jour,
le bilan s’élevait à trois morts et quatre disparus en 2021, six morts
et trois disparus en 2020, et quatre morts en 2019.
Des politiques d’accueil insuffisantes
Dunkerque,
Calais… à la différence de Lampedusa, en Italie, lieu d’espoir bien que
transitoire, sont un repoussoir pour ces personnes. C’est de nous, de
la responsabilité de notre État, qu’il faut donc parler. Car les
mécanismes aboutissant à de telles tragédies sont connus : l’absence de
dispositif d’accueil digne de ce nom dans notre pays supposé être celui
des droits de l’homme ; le harcèlement quasi quotidien, y compris dans
les périodes de grand froid, de la part des forces de l’ordre, qui
lacèrent des tentes, s’emparent des quelques biens, empêchent les
distributions de nourriture, pourrissent la vie des bénévoles ; et la
difficulté à faire valoir les droits des exilés, quel que soit leur
statut administratif.
À tous ces dysfonctionnements, aux effets
déplorables sur les premiers concernés, s’ajoute le verrouillage
croissant du port de Calais et d’Eurotunnel ces dernières années. Alors
qu’auparavant les migrants tentaient leur chance à l’arrière de camions,
dans des conditions tout aussi indignes, évidemment, la
démultiplication des dispositifs de contrôle d’accès a rendu plus
difficiles les voies routières et ferroviaires. C’est ainsi que les
tentatives par la mer ont vu leur nombre croître de manière
exponentielle. Quant à l’arrivée de l’hiver, elle ne fait que pousser
les exilés à tenter leur chance, ou plutôt à risquer leur vie, avant
qu’il ne soit trop tard. Car l’histoire des migrations est ainsi faite
que, de la même manière que la prohibition n’a fait qu’accélérer la
contrebande, les politiques répressives, dites « de fermeté » dans
l’espace médiatico-politique, ne font que renforcer l’ingéniosité des
« passeurs » sans dissuader les personnes qui, maltraitées dans un pays,
considèrent que leur vie est ailleurs.
Face
à ces mécanismes documentés depuis bien longtemps par tous les
chercheurs, experts, bénévoles que compte cette planète (nous pourrions
comparer dans une certaine mesure au temps qu’il aura fallu aux
scientifiques pour se faire entendre sur la catastrophe climatique), la
colère n’est que décuplée en écoutant les réactions éplorées des
responsables politiques français et anglais. Sur Twitter, alors qu’il
était attendu sur place, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a
évoqué une « forte émotion ». Et un sentiment de culpabilité ? Point, évidemment. Il se contente de dénoncer « le caractère criminel des passeurs qui organisent ces traversées », tout en annonçant l’arrestation de quatre personnes soupçonnées d’être « directement en lien » avec le naufrage, appelant à une « réponse internationale très dure ». Le premier ministre, Jean Castex, a regretté une « tragédie ». « Mes pensées vont aux nombreux disparus et blessés », a-t-il déclaré, pointant lui aussi du doigt ces « passeurs criminels qui exploitent leur détresse et leur misère ». « La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière », a affirmé mercredi dans la soirée Emmanuel Macron, promettant de «retrouver et condamner les responsables » et se tournant résolument vers les mesures répressives en demandant « le renforcement immédiat » de Frontex.
Sans
surprise, les autorités françaises et britanniques sont convenues de
« renforcer leur coopération ». Une réunion interministérielle doit se
tenir ce jeudi à Matignon, ainsi qu’une réunion européenne dans les
prochains jours. De son côté, le premier ministre britannique, Boris
Johnson, s’est dit « choqué, révolté et profondément attristé ».
« Nous avons eu des difficultés à persuader certains de nos partenaires,
en particulier les Français, d’agir à la hauteur de la situation, mais
je comprends les difficultés auxquelles tous les pays sont confrontés »,
a-t-il déclaré sur Sky News, ce qui, on peut le comprendre, risque
d’être mal perçu à Paris, Londres étant tout aussi responsable de la
situation catastrophique dans laquelle se trouvent les migrants.
Les effets de l’extrême droitisation du débat public
Mais,
dans leurs déclarations, tous oublient l’essentiel, à savoir que la
responsabilité n’est pas à chercher trop loin, et que la réponse est
entre leurs mains. Regarder du côté des passeurs n’est pas forcément
inutile, mais vain à court, moyen et long terme, si rien n’est fait pour
modifier radicalement nos pratiques d’accueil. Là encore, les solutions
sont connues de tous, et de longue date : l’arrêt immédiat et total des
violences policières, l’accès au travail pour les demandeurs d’asile,
des politiques plus respectueuses des droits des exilés en matière
d’hébergement et de santé, la fin des mesures d’humiliation en
direction des mineurs, etc.
Mais, voilà, le contexte politique
n’est, semble-t-il, jamais favorable à une telle remise en cause des
politiques migratoires, le contexte de la campagne présidentielle encore
moins. À quelques mois de l’élection, l’extrême droitisation du débat
public est patente, et la lâcheté en roue libre. À droite et à l’extrême
droite, les semeurs de haine, fauteurs de trouble en puissance,
banalisent les messages xénophobes, à force de nier l’humanité des
étrangers et d’exiger leur « déportation ». « Ils n’ont rien à
faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs,
c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas
qu’ils viennent », déclarait à propos des mineurs isolés étrangers
Éric Zemmour, il y a un an, sur CNews, comme un avant-goût de la
présidentielle – des propos pour lesquels le parquet a requis des
amendes mardi dernier (lire l’article de Camille Polloni).
Poursuivis
par la justice, ces messages n’en atteignent pas moins leur cible. Les
exilés les entendent et les comprennent. Face à l’absence de barrage
politique fort, et on en revient à la responsabilité de l’exécutif, ils
comprennent qu’ils ne sont pas les bienvenus chez nous, ils font leur
bagage, et cherchent à fuir. La solidarité internationale ne saurait
nuire, mais c’est un sursaut français qui est désormais indispensable,
du côté de l’accueil plutôt que de la fermeture des frontières, pour
empêcher des personnes de perdre leur vie en mer.
Avec Cédric Vilani, nous avons rédigé une proposition de résolution pour que la France accorde le droit d’asile à Julian Assange. Nous avons rapidement obtenu des signatures venant de tous les groupes parlementaires.
Pourquoi ?
Parce que les motifs pour défendre Julian Assange sont pluriels, divers. J’en vois au moins trois :
- D’abord, les droits de l’Homme, les droits d’un homme, jamais jugé, jamais condamné, et pourtant enfermé depuis près de dix ans maintenant, pour aucun crime. Le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Nils Melzer, écrit – je le cite – « Julian Assange doit à présent être libéré immédiatement, réhabilité et indemnisé pour les abus et l'arbitraire auxquels il a été exposé. »
- Ensuite, les droits de la presse – et comme reporter, j’y suis attaché. Quel est le seul crime que Julian Assange ait commis ? C’est d’avoir divulgué des vérités, notamment sur les guerres américaines, en Irak, en Afghanistan. C’est comme journaliste, qu’il a suscité la colère de Washington, c’est comme lanceur d’alerte qu’il risque toujours une extradition, avec à la clé 175 années de prison.
- Enfin, je vois un troisième motif, et qui me tient à cœur : patriotique. Qu’a révélé Julian Assange ? Que l’Etat français, jusqu’à son chef, était espionné par ses alliés américains. Comme le soulignait Eric Dupont-Moretti lui-même, avec force et justesse, avant de devenir ministre de la Justice – je cite : « On va tout de même rappeler ce qu’il a permis de révéler. Il a permis de révéler en France que Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient été espionnés par les Américains, ça n'est pas rien. Il a permis de révéler également que Pierre Moscovici et François Baroin, deux ministres français de l'économie, avaient fait l'objet d'une opération d'espionnage économique conduite par les États-Unis. »
Ne serait-ce que par orgueil, pour services rendus à la Nation, nous devons accueillir Julian Assange.
« Il faut protéger toutes les libertés, déclarait le président Emmanuel Macron, en 2019. La liberté de la presse mais la liberté des individus aussi. » Julian Assange incarne à la fois la liberté de la presse et la liberté des individus.
Et j’ajouterais que, en l’accueillant, nous marquerions aussi la liberté de notre pays.
Voilà pourquoi, pour ces trois raisons, qui se cumulent, qui se mêlent, les signataires de cette résolution, issus – je le rappelle – de tous les groupes parlementaires, voilà pourquoi nous réclamons que la France accorde le droit d’asile à Julian Assange.
J’ajouterai un mot, plus personnel.
Dans un entretien paru hier, j’ai vu que John Shifton comparé son fils, Julian Assange, à Prométhée. Et c’est bizarre parce que, en début d’année, j’ai publié un ouvrage qui tournait autour de Prométhée, autour de cette figure mythologique, et je m’interrogeais :
Qui serait Prométhée, aujourd’hui ?
Comme figures dignes de lui, qui lui ressemblent, je songe aux lanceurs d’alerte. Depuis l’Olympe des multinationales, des sièges sociaux, eux assistent à l’injustice, et ils se font passeurs, à leur tour, ils volent des connaissances qu’ils livrent aux humains. Eux sont des passeurs de lumières, c’est le feu du savoir qu’ils ramènent aux hommes, pour les éclairer. Mais ils sont brûlés en retour, leur vie tourne à la tragédie : les Zeus du Pouvoir et de l’Argent s’acharnent contre eux, les voilà accusés, gardés à vue, persécutés, condamnés, emprisonnés… Comment ne pas voir en Manning et son « isolement carcéral maximum », oubliée sept années durant dans sa prison de Quantico (Virginie), dans des « conditions cruelles, inhumaines, dégradantes » d’après le rapporteur de l’Onu, comment ne pas voir en elle Prométhée, envoyée dans le Caucase, au bout du monde, à sa marge, exclu ? Et Assange dans son ambassade équatorienne, avec sa barbe blanchie, ses traits tirés, vieilli prématurément, n’est-ce pas Prométhée attaché à son rocher ?
Qu’on écoute leur histoire, alors, qu’on se la raconte, qu’on se la passe, qu’on donne un sens à ces existences sacrifiées, voilà qui peut participer du soulagement…
A vous, John Shifton, à vous, Stella Morris, et à Julian Assange, si nos propos trouvent un écho dans sa prison, je veux dire que, modestement, mais nous sommes à vos côtés. Nous vous souhaitons, dans cette épreuve, dans cette longue épreuve, nous vous souhaitons de ne pas perdre courage. Et nous espérons que, à la fin, c’est la liberté, c’est la justice, c’est la vérité qui vont gagner.
Le
Maroc a reçu les 300 blindés VLRA, commandés fin 2020 au français
Arquus. La plupart ont déjà été déployés sur déployés au niveau du mur
de Sable marocain.
L’armée marocaine a
reçu 300 véhicules VLRA commandés fin 2020 à la société française
Arquus. Les livraisons ont commencé en juin dernier et se sont achevées
fin octobre, rapporte le site spécialisé Defensa, soulignant que la plupart des nouveaux véhicules ont été déployés au niveau du mur de Sable.
Les
Forces armées royales (FAR) ont apporté quelques modifications à
certains d’entre eux, en ajoutant notamment des systèmes à double canon
Zu-23-2.
Les VLRA 2 sont une famille de véhicules tactiques légers
qui partagent le même châssis à traction intégrale, spécialement conçu
pour des besoins militaires, souligne la même source. Ils succèdent aux
VLRA 1, déjà vendus à 12.000 exemplaires dans le monde.
La
nouvelle version conserve la robustesse de ces derniers ainsi que son
autonomie. Elle fait partie de la nouvelle génération de véhicules
tactiques légers 4×4 conçus et développés par la société française
ACMAT, qui fait désormais partie d’Arquus (anciennement Renault Trucks
Defense).
Elle maintient donc le concept ACMAT « 100% militaire »,
éprouvé dans les environnements les plus extrêmes: « châssis abaissé et
châssis rigide soudé, acier embouti à froid, standardisation des
composants, modularité pour le support des troupes, des armes et des
systèmes », souligne le site spécialisé.
Le
VLRA 2 a une autonomie de 1.400 kilomètres, une vitesse de 110 km/h et
une capacité de 2 membres d’équipage et de 12 à 19 soldats. Il peut être
armé d’une mitrailleuse de 5,56 ou 7,62 mm, montée sur socle et d’une
mitrailleuse de 12,7 mm ou un lance-grenades de 40 mm. Différents types
d’armes peuvent être transportés dans la zone de chargement arrière.
Selon
la même source, le Maroc a passé un contrat avec la même société pour
d’autres véhicules blindés de transport de troupes VAB Mk3.
Washington,
21 nov 2021 (SPS) L’ONG américaine Robert F. Kennedy pour la justice et
les droits de l'Homme (RFKCenter) s'est dit vendredi "profondément
préoccupée" par les attaques et violations des droits humains commises
par les autorités de l'occupation marocaine contre les militants
sahraouis dont Sultana Khaya et Aminatou Haïdar.
RFKCenter a exprimé sur son site internet sa "profonde préoccupation"
face aux informations sur les attaques et violations des droits de
l'Homme par l'occupant marocain, notamment contre la militante des
droits humains Sultana Khaya, assignée à résidence depuis déjà plus d'un
an, et contre la lauréate du Prix Robert F. Kennedy des droits humains
2008, Aminatou Haïdar.
L'ONG américaine "exhorte le gouvernement marocain à mettre fin à
l'assignation à résidence de facto de Khaya et à veiller à ce que les
autorités respectent les normes internationales relatives à la liberté
de mouvement, d'association et d'expression", dans les territoires
sahraouis occupés.
Elle rappelle que le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de
l'homme (HCNDH) devrait effectuer une visite au Sahara occidental pour
enquêter dès que possible sur les violations des droits de l'homme, y
compris l'agression sexuelle criminelle de Sultana Khaya et de sa sœur.
A cet effet, RFKCenter appelle le Conseil de sécurité de l'ONU à
"remédier à la longue absence d'un mécanisme de surveillance des droits
de l'Homme au sein de la MINURSO (Mission de l'ONU pour l'organisation
d'un référendum au Sahara occidental) pour renforcer la protection des
droits de l'homme sur le territoire".
Robert F. Kennedy avait déjà appelé le Conseil de sécurité en octobre
2021 à ajouter une composante de surveillance des droits humains à la
MINURSO afin de garantir la responsabilité de violations des droits
commises sur le territoire, a-t-elle rappelé.
Cependant, le Conseil de sécurité des Nations unies a renouvelé en
octobre dernier le mandat de la mission onusienne sans mécanisme,
permettant à l'occupant marocain de poursuivre ses violations des droits
humains en toute impunité, déplore l'ONG.
"Représailles"
Alors qu'elle tentait de rendre visite à Sultana Khaya chez elle dans
la ville de Boujdour occupée, le 10 novembre dernier après l'agression
deux jours avant par les agents de sécurité marocains, la présidente de
la Ligue pour la défense des droits de l'Homme et contre le pillage des
ressources naturelles (ISACOM), Aminatou Haïdar et ses collègues, ont
été arrêtés par la police marocaine et empêchés de quitter la ville de
Laâyoune occupée.
Le Secrétariat général de l'Organisation marocaine des droits de
l'Homme et de lutte contre la corruption a déposé une plainte auprès du
procureur général près la Cour de cassation de Rabat pour enquêter sur
Haïdar, après sa publication d'une vidéo dans laquelle elle dénonçait
cet incident, appelant le procureur à prendre des mesures judiciaires
contre elle.
"De telles représailles violent les normes internationales des droits
humains sur le droit d'expression et d'opinion, telles qu'elles sont
inscrites dans le Pacte international relatif aux droits civils et
politiques (PIDCP), auquel le Maroc est légalement lié", a fustigé
l'association américaine.
Cet appel lancé par RFKCenter intervient alors que la militante et
figure de proue du combat du peuple sahraoui pour son indépendance,
Sultana Sid Brahim Khaya, a bouclé vendredi une année d'assignation,
elle et sa famille, à résidence surveillée par l'occupant marocain, au
cours de laquelle elle a subi toutes sortes de sévices psychologiques et
physiques et plusieurs tentatives de liquidation.
Dans un témoignage récent à l'APS, la militante infatigable des
droits de l'Homme et farouche opposante à la politique du fait accompli
suivie par le Maroc dans les territoires sahraouis occupés, a fait part
de quelques séquences de son vécu sombre fait de brutalité, de terreur,
de torture et d'intimidations quotidiennes de la part des forces de
sécurité marocaines, dans l'indifférence la plus totale de l'ONU et des
ONG de défense des droits de l'Homme, maintes fois sollicitées,
vainement, pour intervenir et mettre fin à sa souffrance et celle de son
peuple.
Elle a raconté, dans ce contexte, que "les forces de sécurité
marocaines ont eu recours, le long de son assignation à résidence
surveillée, à toutes formes de violence et de terreur qui existent afin
de la tétaniser, elle et sa famille, à l'image des descentes nocturnes
et à l'aube à son domicile familial à Boujdour occupée", soulignant que
"la pire violence qu'elle a endurée, est peut-être celle de son viol, le
15 novembre courant devant (sa) maman, gravement malade et âgée de 84
ans". (SPS)
Karen Sharpe s’interroge sur l’œuvre du prisonnier fondateur de WikiLeaks.
Julian Assange a été nominé à huit reprises pour le prix Nobel de la
paix, sans jamais l’obtenir. Pourtant, quand on regarde les dernières
volontés d’Alfred Nobel, on peut se dire qu’Assange ne volerait pas la
récompense. Mais quand on regarde les lauréats, on comprend mieux aussi
pourquoi le fondateur de WikiLeaks n’a pas eu le fameux prix… (IGA)
Julian Assange a été nominé huit fois pour le prix Nobel de la paix.
Pourtant, il croupit actuellement à Londres dans une prison à sécurité
maximale dans l’attente d’une décision des juges anglais, suite à une
demande d’extradition formulée par le gouvernement des États-Unis.
Assange pourrait alors y subir de nouvelles accusations et une peine
potentielle de 175 ans.
Les anciens récipiendaires de ce prix prestigieux incluent Henry
Kissinger, Menahem Begin et Barack Obama qui ne furent jamais
emprisonnés ou condamnés pour aucun crime. Or, leurs décisions ont
directement ou indirectement été responsables de la mort, du
déplacement, de la torture et de la famine de millions de personnes dans
le monde.
Il n’est alors pas étonnant que certaines et certains aient depuis
lors, ironiquement suggéré de rebaptiser le prix Nobel de la paix, en
prix Nobel de la guerre.
À l’opposé, le crime reproché à J. Assange, est d’avoir pratiqué un
vrai journalisme en découvrant et diffusant, parmi une multitude
d’autres malversations, un nombre faramineux de preuves méticuleusement
documentées comprenant crimes de guerre, faits de corruption, actes de
surveillance gouvernementale illégale et piratages.(...)
De Tata à Zagora, la pastèque a détruit les Oasis
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L’éruption et l’extension des cultures agricoles fortement consommatrices
d’eau comme la pastèque ou l’avocat questionnent le bilan social, politique
et ...