Le 1er février 2023,
Objet : visite officielle du Premier ministre israélien, Benyamin
Netanyahou.
Monsieur le Président de la République,
Ce jeudi 2 février, vous vous apprêtez à recevoir officiellement
le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Nous en sommes
stupéfaits et profondément indignés.
Faut-il revenir sur le passé de ce sinistre personnage ? Vous
souvenez-vous qu’il était à la pointe de la campagne de haine qui
a abouti à l’assassinat de Itzhak Rabin en 1995 ? Vous
souvenez-vous de l’offensive meurtrière qu’il a ordonnée contre la
population de la Bande de Gaza en juillet et août 2014, qui a fait
2220 morts dont 550 enfants, et de celle de mai 2021, d’une
incroyable violence, dont les Palestiniens de Gaza, et
particulièrement les enfants, sont encore loin d’être remis ? Vous
souvenez-vous qu’il a toujours développé la colonisation de la
Palestine, qu’il n’a jamais caché ses opinions suprémacistes,
qu’il est l’artisan de la loi « État-Nation du peuple juif » qui a
fait entrer ses conceptions suprémacistes dans la loi
constitutionnelle israélienne ?
Mais c’est la situation présente qui nous indigne encore plus.
Netanyahou a constitué un gouvernement qui fait la part belle à
des ministres ouvertement racistes, fascistes, suprémacistes, à
qui il a donné les clés du développement de la colonisation et de
la répression contre les Palestiniens. Dans un mépris total du
droit international, il a placé au premier rang des priorités de
son gouvernement le développement de la colonisation. Oui, nous en
sommes là : le gouvernement israélien n’en est plus à tergiverser
avec le droit international, il le foule ouvertement aux pieds, il
l’assume dans le cynisme le plus total. Et parmi les provocations
de ce gouvernement, le ministre Ben-Gvir n’hésite pas à aller
parader sur l’Esplanade des Mosquées.
Comment est-il possible de se réclamer du droit international en
Ukraine et de le laisser fouler aux pieds en Palestine ? Ne
voyez-vous pas que votre parole, et de ce fait la parole de la
France, sera décrédibilisée par la manière dont vous recevez
officiellement ce criminel à l’Élysée ?
C’est un engrenage tragique qui est à l’œuvre en Israël et en
Palestine. Les Palestiniens vivent le cauchemar des offensives
quotidiennes sans la moindre retenue de l’armée israélienne
d’occupation dont les soldats ont reçu un blanc-seing pour tuer
comme bon leur semble : l’attaque contre Jénine jeudi dernier,
qui, a été d’une sauvagerie inouïe et a fait 10 morts
palestiniens, en témoigne, comme en témoignent les 36 Palestiniens
tués par l’armée israélienne depuis le début de l’année. Les
Palestiniens subissent dans le même temps les exactions de colons
haineux et fanatisés, armés et protégés par l’armée israélienne,
qui ont lancé des dizaines d’attaques contre eux pas plus tard
qu’hier. Qui est là pour les protéger ? Quant aux Israéliens, à
qui l’on n’a jamais demandé aucun compte, ils sombrent de ce fait
dans la spirale du racisme et de la haine de l’autre, qui se
retournera un jour contre eux-mêmes.
Vous ne manquerez pas d’exprimer votre émotion sur les 7
Israéliens de la colonie de Neve Yaakov à Jérusalem-Est qui ont
été tués vendredi dernier par un jeune Palestinien de Jérusalem.
Ces 7 morts, comme tous les autres, sont des morts de trop. Mais
avez-vous mesuré la violence quotidienne subie par les
Palestiniens de Jérusalem, les dizaines de morts, les expulsions,
les destructions de maison, les humiliations, les provocations ?
Peut-on évoquer cet événement sans le replacer dans son contexte ?
Peut-on accepter les punitions collectives annoncées par le
gouvernement israélien ?
Et c’est maintenant en France que les exactions du gouvernement
israélien trouvent leur prolongation. L’ambassadeur d’Israël se
permet d’intervenir sur la tenue d’une réunion publique à Lyon, il
est soutenu par des députés de votre majorité, puis par le CRIF
qui confond très dangereusement son rôle de représentation
communautaire avec la défense inconditionnelle de l’Etat d’Israël
et de son gouvernement. Et lorsque Salah Hamouri, victime de
l’arbitraire israélien contre lequel vous n’avez pas su le
défendre, est honteusement attaqué par un député de votre
majorité, le ministre de l’Intérieur n’hésite pas, dans sa
réponse, à le diffamer et à menacer sa liberté d’expression en
France.
Monsieur le Président de la République, vous devez en être bien
conscient : si Benyamin Netanyahou est reçu à l’Elysée, il
exploitera politiquement cette visite pour renforcer son pouvoir.
Vous vous serez alors rendu complice de sa politique, de ses
crimes, de l’impasse dans laquelle il entraîne le peuple
israélien, de la situation désastreuse subie de son fait par le
peuple palestinien. Ce ne sont pas quelques expressions convenues
d’appel à la retenue ou du rappel purement formel d’une solution à
deux Etats déjà en ruines qui y changera quoi que ce soit.
Monsieur le Président de la République, nous vous demandons
solennellement de ne pas recevoir ce criminel à l’Elysée, et
d’avoir enfin une parole claire pour ne laisser aucune place aux
ingérences directes ou indirectes de l’État d’Israël dans notre
vie démocratique.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République,
l’expression de notre très haute considération.
Bertrand Heilbronn
Président de l’Association France Palestine Solidarité
| 14:14 (il y a 2 heures) | |
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