Malgré
toutes nos alertes publiques, nos rapports documentant les atteintes
aux droits, nos signalements au procureur, nos actions en justice,
malgré également plusieurs victoires judiciaires dont la récente
décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne du 21 septembre
confirmant l’illégalité des pratiques du gouvernement français en
matière de contrôle et d’enfermement des personnes en migration aux
frontières intérieures, la situation ne fait qu'empirer.
Par
exemple, la semaine dernière, une personne est tombée dans la Clarée,
poursuivie par des policiers, après s'être cachée dans le col de
l'Echelle, avoir vu ses compagnons de route arrêtés, dont une femme
enceinte de 8 mois, et s'être perdue en haute-vallée vers les chalets de
Laval. Cette personne a été repêchée in extremis et emmenée à l'hôpital
par ces mêmes policiers.
Après l’aide apportée aux régimes autoritaires des pays périphériques, et au rôle dévolu à l’agence européenne Frontex, militariser
la frontière, utiliser la montagne en énième obstacle pour empêcher les
personnes exilées d'arriver en France constituent une violence d’Etat.
Ce ne sont pas des « migrants » sans âme ni existence, ce ne sont pas
des individus « indésirables », ce ne sont pas des êtes « nuisibles »
que notre pays rejette, mais des personnes, comme vous et nous, qui ont
dû fuir leur pays. Ce sont des survivants.
Le
28 octobre c'est Yusef qui perdait la vie. Depuis le 14 octobre il y a
quelque part une famille qui attend avec anxiété des nouvelles de leur
fils, frère, père, retrouvé noyé dans la Cerveyrette et toujours pas
identifié. Le 7 août c'est Moussa qui est retrouvé mort à 2200 m
d’altitude. Auparavant sept autres personnes ont péri dans nos montagnes
: Blessing, Mamadi, Mohamed, Tamimou, Mohamed Ali, Fathallah, Ullah.
Depuis
la mise en place de cette politique illégale, illégitime,
discriminatoire, démagogique, dangereuse et barbare, les souffrances et
les morts s'additionnent, mais le gouvernement persiste et militarise
toujours plus la frontière, pour un coût astronomique bien plus élevé
que celui nécessaire à un accueil digne et respectueux du droit. La loi
dite « Darmanin » en examen à partir du 6 novembre prévoit de durcir
encore plus les conditions d’accueil, si ce mot a encore un sens au
regard des conditions indignes infligées aux personnes exilées.
Au nom de quoi ?
Au nom de qui ?
Nous
ne sommes qu'en milieu d'automne, la neige est déjà présente en
altitude et des températures négatives la nuit à Briançon sont
annoncées.
Nous
appelons les autorités à respecter les droits fondamentaux, les forces
de l'ordre à respecter la loi, et l'ensemble des citoyens à ne pas se
laisser berner par les discours mensongers propagés au plus haut sommet
de l'Etat.
Nous
appelons toutes les personnes révoltées comme nous, qui ne se résignent
pas à considérer ces accidents comme une fatalité, à rejoindre les
équipes de maraudes, à contacter les organisations solidaires de leur
choix pour les renforcer, à dire haut et fort à nos côtés : Stop à la
déshumanisation des personnes exilées, stop au racisme. Chaque vie
compte. All lives matter.
Un
accueil digne est possible, une société plus équitable est nécessaire,
et nous la construirons contre la haine, le racisme et la xénophobie.
Contacts presse
Anne Gautier : 06 82 36 34 64
Michel Rousseau : 06 80 60 43 50
tousmigrants@gmail.com
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