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lundi 1 janvier 2024

Ils sont 2,2 millions...

Ils sont 2,2 millions...











Il s’appelle Hani, elle s’appelle Jouri, il s’appelle Yamen, il s’appelle Adam. Ils sont 2,2 millions vivants ou morts. La ligne qui les sépare du décès est brouillée aujourd’hui, car même s’ils subsistent à l’horreur, leur vie n’en ai pas épargné. Même s’ils restent vivants plus rien ne sera jamais comme avant. Ils sont 2,2 millions et aujourd’hui on oublie leur prénom. Ils s’éteignent un à un ; leur cri masqué est justifié par des crimes qu’ils n’ont pas commis.

Ils sont 2,2 millions oubliés depuis 76 jours et 75 ans.

Ils sont 2,2 millions et aujourd’hui leur terre ne trouve plus la place pour enterrer leurs corps morts. Ils sont 2,2 millions et ils s’entassent sur les routes et les trottoirs enroulés de tissu blanc comme de vulgaires déchets.

Ils sont 2,2 millions et aujourd’hui, on leur nie toute forme d’humanité

Ils sont 2,2 millions et on leur coupe toute source de destinée.

Ils sont 2,2 millions et on laisse se dérouler sous nos yeux un massacre.

Ils sont 2,2 millions et vivent une triste histoire si je peux me permettre un euphémisme.

Cette histoire, c’est celle d’un peuple colonisé, délaissé et oublié. C’est l’histoire d’une asymétrie de forces, d’un petit peuple qui n’abandonne pas, c’est l’histoire d’une armée qui commet des exécutions sommaires, qui tue les enfants qui n’ont pour défense que des pierres. C’est l’histoire d’une armée qui accumule les crimes de guerre. C’est l’histoire de 2, 2 millions de personnes qui n’ont plus d’eau, plus d’hôpitaux, plus de nourriture, plus rien. C’est l’histoire des mères qui enterrent leurs enfants et leurs maris s’ils n’ont pas disparu enlevés par l’armée.

C’est l’histoire de gens qui veulent survivre mais ils espèrent que s’ils doivent mourir, ce sera sur le coup.

Ils sont comme vous et moi mais aujourd’hui ils ne vivent pas, ils survivent.

Ils sont comme vous et moi à une langue près, à une mer à côté, à dissemblance de nationalité écrite sur un bout de papier. Ils sont comme vous et moi mais, pour eux, être en vie est un exploit.

Alors pour eux comme pour nous et l’humanité, pour ne pas cautionner, et devenir alliés, il faut dénoncer, se regrouper et penser qu’ils sont comme vous et moi. Ils pourraient être nos frères, nos sœurs, nos mères…

Sofia, 17 ans, palestinienne.

 

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