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lundi 5 février 2024

Imaginez un territoire 11 fois plus petit que les Hautes Alpes. Deux textes écrits par des Franco-Palestiniens

Imaginez,
Imaginez un territoire 11 fois plus petit que les Hautes Alpes. Deux textes écrits par des Franco-Palestiniens de Gap
Oui 11 fois.  
Dans ce territoire 11 fois plus petit que les Hautes Alpes, imaginez qu’en plus de toute la population Haut-Alpine, vous y ajoutiez toute la population de Marseille, toute la population de Nice, toute la population de Lyon, toute la population de Grenoble et toute la population de Montpellier.  
Mais ce n’est pas tout.  
 Imaginez que votre petit territoire surpeuplé soit enfermé et entouré d'une frontière matérialisée par un grand mur infranchissable contrôlé par une puissante armée. 
 Imaginez que vous n’ayez aucune liberté de déplacement hors de ce petit territoire dont vous ne pouvez pas sortir. 
 Imaginez qu’on dise d’ailleurs souvent de votre petit territoire qu’il s’agisse de la plus grande prison du monde, une prison à ciel ouvert. 
 Et par ce ciel ouvert imaginez qu’une armée très puissante vous bombarde. Régulièrement.
Que dans le fracas des bombes à chaque fois des bâtiments résidentiels et des infrastructures soient visés. Des populations civiles tuées. Des enfants, vos enfants. 
 Imaginez que l’on se soit accaparé la quasi-totalité de vos ressources en eau. Et que la puissante armée ait détruit vos réseaux de distribution, votre station d’épuration et vos réservoirs installés sur les toits des immeubles, vos systèmes de gestion des eaux usées. Que votre territoire en soit irrémédiablement pollué. Que les dégâts aient privé d'accès à l'eau
un tiers de votre population.  
 Mais non, ce n’est pas tout, imaginez que vous n’ayez accès à l’électricité que 2h ou 4h par jour, et ce depuis des années. 
 Imaginez que votre petit territoire 11 fois plus petit que les Hautes Alpes et surpeuplé soit soumis à un blocus qui étouffe complètement tous les secteurs et que les opérations militaires successives aient détruit votre base productive et qu’elle soit effondrée. 
 Imaginez que 75 % de votre population soit au chômage et que la pauvreté dans votre petit territoire y ait été enracinée de force. 
 Imaginez que votre voisin occupant avec la puissante armée contrevienne depuis des années au droit international mais qu’il soit soutenu par les plus puissants de ce monde.   
 Imaginez que vous soyez diplômé, artisan, agriculteur, ingénieur, médecin… Imaginez que votre rêve soit simplement de vivre une vie normale. Que votre plus grande aspiration soit de pouvoir vous projeter dans l’avenir. 

Ça c’était la vie de Gaza avant le 7 octobre. 

Imaginez que vous êtes des civils, vous étiez chez vous ce jour-là, avec vos enfants, avec votre famille. Imaginez que subitement s’abatte sur vous et sur votre territoire
11 fois plus petit que les Hautes Alpes et surpeuplé, une puissance de feu inimaginable comme jamais il n’a été observé, oui là, sur votre petit territoire, 11 fois plus plus petit que les Hautes Alpes, 11 fois plus petit que les Hautes Alpes et surpeuplé. Que dans ce petit territoire et sous les bombes on vous demande de vous déplacer. Toute la population haut alpine avec tous les marseillais, les niçois, les lyonnais et puis les habitants de Grenoble et de Montpellier. Vous déplacer dans ce petit territoire fermé. Le chaos, l’enfer sur terre. Que des gens soient tués pendant leurs déplacements. Des bilans humains qui battent chaque jour de tristes records mondiaux. 
Imaginez que depuis 3 mois chaque instant soit fait de frayeur, de fracas, de destruction, de bruits d’explosions de bombes, de drones tueurs, de snipers, d’enlèvements, de tanks. Que vous ayez dû fuir, votre maison, vers celle d’un membre de votre famille, puis vers celle d’un autre membre de votre famille, chaque fois un peu plus nombreux dans les abris, à chaque fois plus nombreux dans des espaces de vie plus réduits, puis dans une école de l’ONU peut-être, surpeuplée sans aucune hygiène puis dans une tente ou dans la rue, dans la boue, sous la pluie en ayant emporté que ce que vous aviez sur le dos et peut-être un petit sac à dos. 
Imaginez que la punition collective qui vous est infligée soit clairement illégale au regard du droit international, qu’on vous affame et qu’on vous assoiffe de force, que vos hôpitaux soient détruits, les camps de réfugiés visés, des records de civils et d’enfants tués, blessés, des journalistes visés, des médecins, des universitaires, des ambulanciers… Imaginez que l’on
vous ait coupé tout moyen de communication, que vous ayez perdus de vue des membres de votre famille, que vous n’ayez plus de nouvelles de vos proches dans ce chaos. 
Imaginez que vous soyez invisible pour le monde que votre territoire soit un des rares sur terre où les journalistes internationaux soient interdits d’entrer et de témoigner sauf quelques-uns mais toujours accompagnés par la puissante armée.
Imaginez que l’on vous ait poussé à fuir vos maisons et vos quartiers vers le sud du territoire.
Et que ce soit là-bas que l’on vous bombarde aujourd’hui sans pouvoir revenir chez vous.  
Imaginez que votre seul objectif soit de survivre un jour de plus, imaginez que chacun attende son tour, entendant la mort à sa porte, soit de bombe, soit de maladie, soit de faim, sans abri. 
Malheureusement tout cela existe, et ça s’appelle la bande de Gaza.

 

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