C’est fait. L’extrême droite, aux portes du pouvoir, a déjà remporté la
bataille culturelle. En quelques années, les médias Bolloré ont réussi à
installer dans les esprits l’image d’un pays à feu et à sang, de
grandes villes submergées
par l’immigration et plongées dans l’insécurité, de campagnes à la merci de ces phénomènes.
« C’est
la bordélisation des grandes villes, les rodéos, les endroits où la
police ne peut plus aller. Ça commence à attaquer les petites villes et
les petits villages, faut pas croire », a sérieusement expliqué un électeur du Rassemblement national (RN), que
l’émission « Envoyé spécial » est allée interroger dans sa petite ville de Breteuil (Oise), commune de 4 000 habitant·es.
Voilà le grand œuvre de Vincent Bolloré et de son empire médiatique : avoir remplacé les faits
par
une fiction, en construisant un monde d’opinions, où il n’est nul
besoin de constater ou d’expérimenter une réalité pour y croire. Une
entreprise qui a fini
par dépasser la seule sphère du milliardaire breton.
Dans une course mortifère à l’audience, les autres médias lui emboîtent
désormais le pas. Depuis la victoire du RN aux européennes,
Marc-Olivier Fogiel, patron de BFMTV, a demandé à ses programmateurs
d’ouvrir grand les plateaux de la chaîne aux éditorialistes
« de droite et droite + », à savoir des journalistes de
Valeurs actuelles ou du
JDD, et même un ex-communicant du RN.
Sur LCI, on a aussi entendu des journalistes relayer des
fake news
ou demander en substance aux responsables syndicaux de suivre leur
base, celle-ci votant pour moitié en faveur du parti de Jordan Bardella.
Preuve, s’il en fallait, que les médias ont depuis longtemps abandonné
la digue face aux idées d’extrême droite. Au contraire, ils ouvrent à
présent grand les vannes.
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