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mercredi 25 septembre 2024

Gouvernement Barnier : l’éthique démocratique en lambeaux

La lettre politique de Mediapart mediapart@info.mediapart.fr

23 sept. 2024 21:49 (il y a 2 jours)


À Fressard
lundi 23 septembre 2024


L’édito
Gouvernement Barnier : l’éthique démocratique en lambeaux 



Par Ilyes Ramdani

Le coup de fil date du 7 juillet, au soir du second tour des élections législatives anticipées. Quelques minutes d’échange avec l’Élysée. Un conseiller du chef de l’État au bout du fil, comme souvent, pour nous faire le sous-titrage de la pensée présidentielle. La gauche est en tête, à la surprise générale, mais le Château insiste : « S’il y a une victoire à retenir, c’est celle des candidats républicains ».

À l’époque, on tique. Et puis dans les jours qui suivent, ces déclarations, ces échanges en « off » qui nous mettent la puce à l’oreille. Le 10 juillet, trois jours après le second tour, nous écrivons un article sur « l’improbable scénario qui prend de l’épaisseur à droite » « gouverner sans la gauche, en concrétisant enfin l’alliance entre le camp présidentiel et LR ». Le 18 juillet, le « deal » se concrétise à l’Assemblée nationale.

L’été passe, les Jeux olympiques détournent les regards mais, en coulisses, l’Élysée avance sur son plan. L’affaire finit par aboutir le 21 septembre. Un gouvernement de Michel Barnier, avec Bruno Retailleau à l’intérieur et toutes les chapelles de la droite représentées.

Au diable la majorité, au diable la légitimité. L’essentiel est d’être là. Conserver les positions, les leviers, les manettes, les décrets, les nominations, les voitures et les chauffeurs. Après avoir appelé à un « gouvernement du front républicain », Emmanuel Macron a invité à gouverner les seuls qui ont refusé d’y participer. 

Pour faire passer la pilule au peuple de gauche, on essaiera quelques symboles, des hausses d’impôts résiduelles. De l’autre côté, on veillera à ne pas trop fâcher un Rassemblement national qui a le droit de vie ou de mort sur ce gouvernement. Au journal de 20 heures, Michel Barnier promet de combattre l’immigration. C’est le même homme qui dénonçait, il y a dix ans, ceux qui « jouent sur les peurs » et cèdent à « l’hystérie collective » sur le sujet.

Dans la catégorie des archives, on se délectera (ou pas) du ton outré de Bruno Retailleau lorsqu’on lui suggérait, à plusieurs reprises ces dernières années, une alliance entre LR et macronistes. La droite, soluble dans le macronisme ? « Jamais ! », jurait-il. En le voyant assis à la table du conseil des ministres, lundi, on n’a pas pu s’empêcher de sourire.
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