lundi 24 novembre 2025

La médiation tripartite de la Mauritanie, de la Tunisie et de la Libye pour relancer le dialogue entre l’Algérie et le Maroc

  Forum maghrébin pour le dialogue, 20/11/2025

الوساطة الثلاثية لموريتانيا وتونس وليبيا في تفعيل الحوار بين الجزائر والمغرب  

The Tripartite Mediation of Mauritania, Tunisia, and Libya in Activating Dialogue Between Algeria and Morocco 

La stabilité dans la région maghrébine constitue aujourd’hui l’un des défis les plus importants auxquels sont confrontés les peuples et les gouvernements, dans un contexte de tensions persistantes entre l’Algérie et le Maroc et d’effets politiques, économiques et sécuritaires qui affaiblissent les perspectives d’intégration commune. Dans cette optique, la médiation maghrébine devient une nécessité urgente plutôt qu’un choix de confort, car l’avenir de la région dépend désormais directement de sa capacité à gérer ses différends internes avec un esprit collectif capable de dépasser les calculs étroits. C’est dans ce cadre que se dessine le rôle que peuvent jouer les trois pays du Maghreb—la Mauritanie, la Tunisie et la Libye—en tant qu’acteurs relativement neutres, dotés de spécificités qui en font un pont naturel entre l’Algérie et le Maroc.

La Mauritanie occupe aujourd’hui une position centrale dans toute vision de médiation régionale, notamment grâce à sa stabilité politique relative dans un environnement régional agité. Malgré les défis économiques et de développement, Nouakchott continue d’entretenir des relations équilibrées et apaisées avec l’Algérie et le Maroc, sans hériter des tensions accumulées qui pourraient la placer dans le camp de l’un ou l’autre. Cet équilibre, soutenu par une diplomatie discrète et pragmatique, confère à la Mauritanie une capacité singulière à agir sans provoquer de sensibilités. Sa position prudente et mesurée concernant la question du Sahara occidental renforce davantage son image d’acteur neutre cherchant la stabilité plutôt que l’alignement, ouvrant la voie à l’acceptation de ses initiatives comme relevant d’un intérêt maghrébin partagé. Par ailleurs, la géographie mauritanienne joue un rôle majeur : située au carrefour de l’Algérie, du Maroc et du Sahel, sa sécurité interne est étroitement liée à la stabilité de ses voisins, lui offrant ainsi une motivation objective pour réduire les tensions et rapprocher les points de vue dans une vision plus large de stabilité régionale.

La Tunisie, quant à elle, demeure un atout important dans tout effort de médiation maghrébine, malgré les circonstances politiques et économiques actuelles. La diplomatie tunisienne conserve un long héritage de modération et de recherche du consensus, un héritage qui lui confère une capacité morale à servir de facilitateur entre des positions divergentes. La société tunisienne, avec son dynamisme civil et culturel, continue d’exprimer des valeurs de dialogue et d’ouverture, indispensables à toute démarche visant à créer un terrain commun entre l’Algérie et le Maroc. La simple participation de la Tunisie à un processus de médiation lui donne une portée symbolique particulière, car elle a toujours été l’une des principales défenseures de l’espace maghrébin commun et constitue un pont culturel et politique entre le Maghreb et le Machrek. Sa présence rassure les deux parties et confirme que le dialogue n’est pas une concession mais un retour à l’esprit de coopération qui a fondé le projet de l’Union du Maghreb arabe.

La Libye, malgré les divisions institutionnelles et les défis sécuritaires qu’elle traverse, apporte elle aussi une importance stratégique et symbolique indéniable lorsqu’elle est associée à un effort de médiation. Elle reste une composante essentielle du système maghrébin, et sa participation—même minimale—traduit la volonté d’élaborer une approche globale qui n’exclut aucune partie mais implique l’ensemble des acteurs maghrébins dans la construction d’un nouveau cadre de dialogue. Par sa position géographique et l’imbrication de ses dossiers sécuritaires avec ceux de ses voisins, la stabilité de la Libye est indissociable de celle de toute la région. L’intégration de la Libye dans un processus de rapprochement entre l’Algérie et le Maroc élargit le cercle du consensus et confère à l’initiative une dimension collective, permettant à chacun de se sentir partie prenante de la solution et non simple observateur du différend entre deux États centraux.

La convergence des rôles de la Mauritanie, de la Tunisie et de la Libye peut constituer un levier réel pour lancer un nouveau processus fondé sur la construction progressive de la confiance entre l’Algérie et le Maroc, à travers des mesures simples et graduelles, sans s’attaquer d’emblée aux dossiers complexes. L’objectif prioritaire n’est pas de résoudre toutes les questions, mais de créer un climat propice à la réouverture des canaux de communication et à l’apaisement des tensions politiques et médiatiques, en préparation d’un dialogue plus large inscrit dans une vision commune de relance du projet maghrébin. Les expériences internationales ont montré que les médiations régionales—lorsqu’elles sont multilatérales et adaptées aux spécificités locales—sont plus durables et mieux acceptées que les initiatives individuelles ou les pressions externes.

Le Forum maghrébin pour le dialogue, en tant qu’espace dédié au rapprochement des points de vue et à la promotion de la culture du dialogue, estime que le rôle pivot que peuvent jouer les trois pays du Maghreb—la Mauritanie, la Tunisie et la Libye—dans une médiation collective repose sur une neutralité relative et un équilibre responsable. Il s’appuie sur un capital diplomatique et une expérience régionale qui leur permettent de créer les conditions favorables à la réouverture des canaux de communication entre l’Algérie et le Maroc. Le succès de cette initiative n’est pas uniquement symbolique : il constitue une entrée concrète vers la reconstruction de la confiance entre les deux pays, la relance de coopérations paralysées depuis des années et l’élaboration d’une vision commune capable de renforcer la cohésion de la région et d’en préserver la stabilité. Dans le contexte actuel, l’apaisement et la reprise des relations entre l’Algérie et le Maroc deviennent la pierre angulaire de la réorganisation de l’espace maghrébin, et une condition nécessaire pour permettre aux peuples de la région d’aspirer à un avenir plus stable, équilibré et harmonieux.

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