Salaheddine Lemaizi, enass.ma, 22/12/2025
Chercheurs, activistes, journalistes et ONG de défense de droits des migrants se mobilisent pour une campagne intitulée « ”CAN yama CAN, le droit des personnes migrantes au Maroc ?”. Le Manifeste a été signé par une dizaine d’associations et une vingtaine de personnes. Cette mobilisation fait suite à la publication du rapport sur la criminalisation de la migration [“Nous savons qui vous êtes”, télécharger rapport en français, anglais et arabe]

CAN 2025 : Le respect des droits des personnes migrant.e.s au Maroc ?
Nous, organisations de la société civile, défenseurs et défenseuses des droits humains, appelons solennellement l’État marocain à respecter pleinement les droits fondamentaux des personnes migrantes et réfugiées présentes sur son territoire, tant à l’intérieur du pays qu’aux frontières avec les pays voisins. De nombreux rapports documentés par des organisations nationales et internationales témoignent de la continuité des violences et d’autres atteintes graves aux droits humains, notamment lors des événements tragiques les plus médiatisés tels que ceux survenus dans les zones frontalières autour de Ceuta et Melilla en 2005 et 2022. Le Maroc a également le devoir de protéger, et non de harceler, celles et ceux qui défendent les droits des personnes migrantes et réfugiées, en garantissant leur sécurité, indépendance, et liberté d’action. Les atteintes au droit et la criminalisation de la migration de manière générale touchent aussi les citoyens et citoyennes marocaines, comme le montrent les procédures brutales et arbitraires lors des tentatives de passage en masse dans les zones frontalières comme lors de la « crise migratoire » de 2021 et son contexte de tensions diplomatiques. Tout comme les mouvements de contestations sociales récents (Hirak, 20 Février), les tentatives de passage de jeunes marocain.es et autres citoyen.nes africain.es témoignent d’une envie d’échapper à la marginalisation et des conditions de vie indignes.
Les autorités ont déjà utilisé la Coupe comme excuse pour introduire de nouvelles barrières pour les citoyen.nes africain.nes sous la forme d’un visa électronique spécial CAN.
À l’approche de la Coupe d’Afrique des Nations, le Maroc se doit d’être à la hauteur de ses discours vertueux, et non se contenter de soigner son image. La CAN ne doit pas être un écran de fumée ni un outil de relations publiques ; elle doit servir à démontrer un engagement concret à rompre avec les politiques sécuritaires et hostiles qui dominent ailleurs, notamment en Europe. Le Maroc se targue d’être un leader sur le continent africain; il doit pouvoir mettre en avant les apports sociaux, culturels et économiques de la migration. Les autorités ont déjà utilisé la Coupe comme excuse pour introduire de nouvelles barrières pour les citoyen.nes africain.nes sous la forme d’un visa électronique spécial CAN.
Les mouvements de la jeunesse Marocaine (Gen Z 212), réprimés de manière brutale, ont récemment dénoncé les politiques du royaume, notamment en matière de santé et d’éducation, alors que des fonds publics sont investis dans la préparation de la coupe du monde de football mondial – sans grande prospective pour l’amélioration des conditions de vie de la majorité des Marocains et Marocaines. La CAN doit être l’occasion de dénoncer les atteintes aux droits et les manquements qui touchent toutes les populations vivant sur le territoire marocain – citoyen.nes du Maroc, des autres pays d’Afrique et au-delà qui ne jouissent pas équitablement du respect de leurs droits, notamment en matière de mobilité.
Nous appelons dès lors à des actions tangibles, et non à de simples promesses sans effet, de la part du gouvernement marocain. Si des progrès ont été faits ces dernières années dans le cadre de la SNIA, les effets restent largement insuffisants. Nous exigeons la fin des violences arbitraires et des déplacements forcés, ainsi que des avancées concrètes sur les promesses législatives, notamment l’adoption d’une véritable loi sur l’asile. Une politique migratoire digne doit favoriser l’inclusion et la justice, en particulier pour les personnes venues d’Afrique subsaharienne, et lutter contre le racisme.Nous affirmons que la lutte des Marocain·e·s pour une vie meilleure est indissociable de la protection des droits, de la dignité et de la vie des personnes migrantes sur le territoire marocain. Tant que les carences de l’État marocain à assurer la protection, la dignité et les droits des populations vivant sur son territoire continueront, la devise de nombreux jeunes et moins jeunes restera la même au Maroc: Koulchi Baghi lkhwi [“Tout le monde veut le beurre et l'argent du beurre”].
Liste des premiers signataires :
Organisations
- Association Adala, pour le droit à un procès équitable
- Association lumière sur l’émigration clandestine au Maghreb (ALECMA)
- Association Marocaine des Droits Humains (AMDH)
- Benghazi Center for Migration and Refugee Studies
- Borderline-EuropeTeam
- Collectif Border Resistance
- EuroMed Droits
- Fondation Frantz Fanon
- Réseau marocain des journalistes des migrations (RMJM)
- Réseau Migreurop
- منظمة صوت لحقوق الانسان ليبيا
Individus (par ordre alphabétique des noms)
- Ainani Khadija, militante des droits humains
- Bachelet Sébastien, Chercheur en anthropologie
- Benhaim Raymond, militants des droits humains
- Benslimane Dounia, actrice culturelle et associative
- Calame Claude, directeur d’études EHESS, Paris
- Ferdaoussi Nabil, chercheur
- Hagan Maria, chercheuse en anthropologie
- Houdaifa Hicham, Éditions En toutes lettres & Openchabab/L’École de la pensée critique
- Jmad Oumaima, chercheuse et militante féministe
- Kit Patrick Bogmis, militant des droits des migrants
- Lemaizi Salaheddine, journaliste à ENNASS.ma
- Lyoubi Bahija, activiste
- Mezzi Youssef, défenseur des droits humains
- Mseffer Dounia, journaliste
- Radi Omar, journaliste
- Sadere Rabiia, militante des droits des migrants
- Sammouni Mohamed, chercheur en sociologie politique
- Sayouri Jamila, avocate et militante
- Sefrioui Kenza, Éditions En toutes lettres
- Soujar Sara, défenseuse des droits humains, avocate en stage au Barreau de Rabat
- Tbel Said, militant pour le respect des droits humains
- Vermont Ndlend Fils, militant des droits des migrants
- Zagaria Valentina, chercheuse en anthropologie
Lien Instagram de la campagne : https://www.instagram.com/canyamacan2025/
احترام حقوق المهاجرين.ات في المغرب؟
نحن، منظمات المجتمع المدني
والمدافعين والمدافعات عن حقوق الإنسان، ندعو الدولة المغربية رسمياً إلى الاحترام
الكامل للحقوق الأساسية للمهاجرين واللاجئين المتواجدين على أراضيها، سواء داخل
البلاد أو على الحدود مع الدول المجاورة. تشهد العديد من التقارير الموثقة من قبل
منظمات وطنية ودولية على استمرار العنف والانتهاكات الجسيمة الأخرى لحقوق الإنسان،
لا سيما خلال الأحداث المأساوية التي حظيت بأكبر تغطية إعلامية مثل تلك التي وقعت
في المناطق الحدودية حول سبتة ومليلية في عامي 2005 و2022. كما يقع على عاتق
المغرب واجب حماية -وليس مضايقة- أولئك الذين يدافعون عن حقوق المهاجرين
واللاجئين، وذلك بضمان أمنهم، استقلاليتهم وحريتهم في العمل.
إن انتهاكات القانون وتجريم
الهجرة يمس أيضاً المواطنين والمواطنات المغاربة، كما تُظهر الإجراءات العنيفة
والتعسفية خلال محاولات العبور الجماعي في المناطق الحدودية، وكما حدث خلال
"أزمة الهجرة" عام 2021 وما رافقها من توترات دبلوماسية. وكما هو الحال
مع الحركات الاحتجاجية الاجتماعية الأخيرة (حراك الريف، 20 فبراير)، فإن محاولات
العبور التي يقوم بها شباب مغاربة، ومواطنات ومواطنون أفارقة آخرون، تشهد على رغبة
في الهروب من التهميش وظروف الحياة غير اللائقة.
مع اقتراب موعد كأس أمم إفريقيا (CAN)، يجب على المغرب أن يكون
في مستوى خطاباته الخلاقة، وألا يكتفي بتلميع صورته. لا ينبغي أن يكون
"الكان" مجرد ستار من الدخان أو أداة للتواصل والعلاقات العامة؛ بل يجب
أن تكون فرصة لإظهار التزام ملموس بالقطع مع السياسات الأمنية والعدائية التي تسود
في أماكن أخرى، لا سيما في أوروبا.
يتباهى المغرب بكونه رائداً في
القارة الأفريقية؛ لذا يجب عليه إبراز المساهمات الاجتماعية والثقافية والاقتصادية
للهجرة. لقد استخدمت السلطات الكأس بالفعل كذريعة لإدخال حواجز جديدة أمام
المواطنات والمواطنين الأفارقة في شكل "تأشيرة إلكترونية خاصة بالكان".
لقد نددت حركة الشباب المغربي (Gen Z 212)، التي قُمعت بشكل عنيف، مؤخراً بسياسات المملكة، لا سيما في مجالي
الصحة والتعليم، في الوقت الذي يتم فيه استثمار الأموال العامة في التحضير لكأس
العالم لكرة القدم – دون وجود آفاق كبيرة لتحسين الظروف المعيشية لغالبية
المغربيات والمغاربة. يجب أن تكون كأس الأمم الأفريقية مناسبة للتنديد بانتهاكات
الحقوق وأوجه القصور التي تمس جميع المواطنات والمواطنين الذين يعيشون على الأراضي
المغربية – سواء كانوا مغاربة أو من دول إفريقية أو بلدان أخرى، ممن لا يتمتعون
بإنصاف في احترام حقوقهم، لا سيما فيما يتعلق بحرية التنقل.
بناءً على كل ما سبق، ندعو
الحكومة المغربية إلى اتخاذ إجراءات ملموسة، وليس مجرد وعود بلا أثر. ورغم إحراز
بعض التقدم في السنوات الأخيرة في إطار الاستراتيجية الوطنية للهجرة واللجوء (SNIA)، إلا أن النتائج تظل غير كافية إلى حد كبير.
نطالب بإنهاء العنف التعسفي والتهجير القسري، وتحقيق تقدم ملموس في الوعود
التشريعية، ولا سيما اعتماد قانون حقيقي للجوء. يجب أن تعزز سياسة الهجرة؛ الإدماج
والعدالة، خاصة للأشخاص القادمين من إفريقيا جنوب الصحراء، وأن تكافح العنصرية.
نؤكد أن نضال المغربيات والمغاربة من أجل حياة أفضل لا ينفصل عن حماية حقوق وكرامة وحياة المهاجرين على الأراضي المغربية. وطالما استمر قصور الدولة المغربية في ضمان الحماية والكرامة والحقوق للساكنة التي تعيش على أراضيها، سيظل شعار العديد من الشباب في المغرب هو نفسه: "كلشي باغي يخوي".




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