Zakia Syouda
Hommage à Omar.
Omar est mort alors qu'il n'avait que 16 ans.
Omar est mort dans les forteresses dorées de l'Europe.
Poussé par le désespoir et par le rêve d'
une
vie meilleure, tu as quitté les tiens pour une aventure qui t'a coûté
la vie à l'âge où tu aurais dû goûter à l'insouciance.
Les pays de cette forteresse ont failli à leur devoir. Ils ne t'ont pas protégé alors que tu n'avais que 16 ans.
Loin des tiens, dans un pays que tu ne connaissais pas, tu as rendu ton dernier souffle dans des conditions effroyables.
Juste quelques compagnons de voyage pour raconter qui tu étais et d'où tu venais.
D'ailleurs c'est à eux que revenait la lourde tâche d'annoncer ton malheureux départ à ta famille.
Ce jour-là, nous avons fait une promesse aux tiens, nous avons promis
que tu aurais droit à des obsèques dans la dignité et dans le respect de
tes croyances.
Animés par une foi peu commune, ils nous ont
demandés de t'enterrer loin d'eux dans le seul souci de respecter les
prescriptions islamique.
Hier, à la prière, ils étaient des centaines à prier pour ton âme. Parmi eux, Tes compagnons d'exil, tes compagnons de galère.
Ils nous ont suivis jusqu'au cimetière par leur propre moyen. Chargés
de leur lourd sac à dos, ils nous ont suivi pour que tu puisses être
entouré par ta communauté de foi avant d'être déposé dans la terre.
À côté d'eux, assis à même le sol, ton ami Ayoub se tient la tête entre
les mains. Il est dépité. Ayoub est trop jeune pour t'enterrer. Il
aurait besoin des bras réconfortant de sa maman pour le consoler mais
elle n'est pas là.
D'ailleurs la tienne non plus n'est pas là.
Elle nous parle au téléphone, elle pleure à chaudes larmes, elle peine à croire que c'est toi qu'on enterre.
À la force de leurs bras, ils t'ont recouvert de terre, ils t'ont
arrosé d'eau et se sont rassemblés autour de toi pour prier le
Miséricordieux de t'offrir une meilleure place auprès de Lui, dans un
paradis qui ne connaît ni passeport, ni frontière.
Omar, toi qui
n'était qu'un anonyme il y a quelques jours. Nous sommes désormais liés
par une histoire commune. Une histoire humaine qui commence dans le
malheur mais qui se termine par une merveilleuse leçon d'humanité. Parce
que toi, à travers ta courte vie ponctuée de malheur, tu nous as
touché, tu nous as ému, tu nous as changé.
À toi Omar et à tous tes compagnons d'exils.