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mercredi 5 juillet 2017

Maroc / L’Etat-voyou voué à la disparition

L’actualité atteste puissamment que la révolution, les soulèvements, depuis le Printemps des peuples (et même avant), sont inscrits dans la durée. Aucun autoritarisme, aucune dictature ne peuvent les endiguer. C’est une vérité historique. Et nous ne nous mélangeons pas les pinceaux en évoquant les rouages géopolitiques (un facteur certainement utile à l’analyse), pour externaliser les causes des aspirations du peuple. Le peuple marocain souffre le martyre, durant plusieurs décennies, sous un État-voyou qui n’a de programme que les scandaleux enrichissements personnels, qu’il a lié à la sacralité religieuse et au culte de la personnalité du roi. Cela aboutit aisément à une société sans repères, ni projets ; une société primitive dirigée par une élite prédatrice qui insulte ouvertement l’intérêt collectif. A tel point que la majorité des Marocains, depuis la naissance, sur leur propre territoire, ne se sentent pas appartenir à ce pays…
On a beau manipuler, se jouer de l’imaginaire des citoyens en le formatant avec malice, la ruse ne pourra tenir sempiternellement. A l’instar de la fabrication du mythe de la lune où l’on voyait le portrait de Mohammed V, pour sensibiliser ‘la populace’ à la lutte pour l’Indépendance (fausse indépendance au demeurant !), on observe aujourd’hui la même turpitude des intellos de service et des laudateurs ingénieux qui crétinisent les citoyens autour du culte ravageur de la personnalité, en plein vingt-et-unième siècle, fondant la légitimité du pouvoir monarchique sur des siècles d’exercice, au nom du vocable tout aussi dévastateur de « l’immobile ; durable ; stable ; fixe… ثوابت»!

  On ne peut contredire les sciences sociales, l’Histoire et l’empirique condition humaine. Dans son œuvre « Le Fixe et le Mouvant », Adonis l’a si bien démontré : le ‘fixe’ condamne à la mort, et le ‘mouvant’ célèbre la vie, l’adaptation et l’enchantement. Miné de l’intérieur, l’État-voyou ne peut ni innover ni s’adapter. Il recèle en son sein «le problème».
Maintenant, si l’on convoque l’analyse géopolitique (solidarité intéressée, soutien impérialiste, colonialiste ou néocolonialiste…), ou le renvoi à l’historique, on se trouvera devant des paramètres nouveaux n’obéissant aucunement à un monde « fixe » mais à un monde « mouvant » sur le plan des idées. La situation d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui. La mentalité d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui. Le monde a bien changé. Les peuples ont pu faire tomber l’Apartheid, ont su se solidariser avec le peuple chilien... Les peuples pèsent sur leurs gouvernants et l’opinion internationale a un rôle prépondérant dans la marche de la civilisation.
Même Michèle Alliot-Marie, anciennement ministre (Défense ; Intérieur…) qui projetait d’expédier son « savoir faire » à Ben Ali pour mater le peuple tunisien dans le sang, n’a pu débarquer sa quincaillerie impérialiste. Qui ne voit que l’État-voyou marocain constitue un danger même pour l’Europe ? On a vu des milliers de marocains se faire passer pour réfugiés syriens, et tant de ‘harraga’ (les barques de la mort) en Méditerranée, des islamistes en clandestinité avec leur cortège de plans terroristes contre l’Europe… Même avec son « Statut Avancé » conféré par les instances européennes, l’État-voyou marocain ne peut assurer sa pérennité. Sa réputation au sein des instances de l’Europe est telle qu’il est mentionné comme un pays instable et son comportement arrogant dans ses négociations peuplées de chantages et de menaces (éducation makhzanienne !), reste proverbial… Par ailleurs, ni l’Espagne ni la France ne seront prêtes à soutenir à tout prix un régime déliquescent, au bord du gouffre et dont l’enrichissement et la cupidité du roi exaspère l’opinion.
Deux options sont offertes à la réflexion. Ou l’Europe ira dans le sens de soutenir la société civile, véritable force de proposition et miser sur la stabilité. Ou, fermant les yeux sur les exactions et la tyrannie de l’État-voyou, elle se retrouvera dans une situation insoluble, menaçant la civilisation même… et là, personne n’en sortira indemne !
4/07/2017

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