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lundi 4 février 2019

Des membres de Génération identitaire en garde à vue pour des « patrouilles antimigrants » dans les Alpes


Le procureur de Gap avait ouvert une enquête préliminaire contre le groupe d’extrême droite, au motif d’immixtion dans une fonction publique.
Le Monde avec AFP Publié e 29/1/2019
Des militants de Génération Identitaire, le 21 avril 2018 à Briançon. Des militants de Génération Identitaire, le 21 avril 2018 à Briançon. ROMAIN LAFABREGUE / AFP
 
Plusieurs membres du groupuscule d’extrême droite Génération identitaire ont été placés en garde à vue, mardi 29 janvier, en lien avec leurs opérations antimigrants menées dans les Alpes au printemps dernier. Parmi ces quatre personnes, trois hommes et une femme, figure notamment Romain Espino, porte-parole du groupe.
Au printemps dernier, des militants identitaires avaient multiplié les démonstrations d’hostilité aux migrants, participant au contrôle de la frontière aux côtés des forces de l’ordre, sous la bannière de « Defend Europe ». Ils avaient mené notamment des « patrouilles antimigrants » au col de l’Echelle, près de Briançon. Ce col, qui culmine à 1 762 mètres, est situé à six kilomètres de la frontière italienne.

« Avec un petit peu de volonté »

C’est un « point stratégique de passage des clandestins » depuis l’Italie, faisait alors valoir Romain Espino, en dénonçant « un manque de courage des pouvoirs publics ». « Avec un petit peu de volonté, on peut contrôler l’immigration et les frontières », affirmait-il. 


 Le groupe, composé majoritairement de Français, mais aussi d’Italiens, de Hongrois, de Danois, d’Autrichiens, d’Anglais et d’Allemands, s’était notamment félicité ensuite de la remise de quatre « clandestins » à la police et de l’arrestation de sept migrants « repérés et signalés » par leurs soins.
Aucune poursuite n’avait jusqu’à maintenant été engagée contre eux, au grand dam des militants promigrants, dont sept ont été poursuivis et condamnés pour avoir facilité l’entrée de migrants en France au même moment.

Immixtion dans une fonction publique

Une première enquête ouverte le 27 avril 2018 avait été classée sans suite faute d’infraction ou de plainte. Puis le procureur de Gap, Raphaël Balland, avait ouvert une enquête préliminaire plus globale, au motif d’immixtion dans une fonction publique (article 433-12) et d’exercice d’une activité dans des conditions de nature à créer dans l’esprit du public une confusion avec l’exercice d’une fonction publique (article 433-13). La procédure avait été confiée à la gendarmerie de Briançon.
Les membres de Génération identitaire ont toujours assuré que leurs actions étaient protégées par l’article 73 du code pénal qui prévoit que « dans les cas de crime ou délit flagrant puni d’une peine d’emprisonnement, toute personne a qualité pour appréhender l’auteur et le conduire devant l’officier de police judiciaire le plus proche ». La préfecture des Hautes-Alpes dénonçait, elle, « une opération de communication (…) visant à faire croire qu’ils contribuent à la lutte contre l’immigration clandestine ».

  Lire aussi : Migrants dans les Hautes-Alpes : « On peut prêcher la haine, mais pas la solidarité »« On peut prêcher la haine, mais pas la solidarité »
Le mouvement privilégie en effet des actions au fort retentissement médiatique, comme la fabrication d’un mur devant un futur centre d’accueil pour demandeurs d’asile à Montpellier en septembre 2016 ou encore, à l’hiver 2013, des maraudes pour venir en aide aux sans-abri, destinées uniquement aux « Français de souche ». Fondée en 2012, Génération identitaire avait affrété en juillet 2017 le navire C-Star dans le cadre de sa campagne « Defend Europe » en Méditerranée, pour dissuader les ONG de secourir les migrants en mer. Après l’arrivée du navire le 5 août au large de la Libye, l’opération avait pris fin le 17 août.

 

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