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personnes étaient présentes pour assister à la remise du prix "Alpes
ouvertes" aux 7 de Briançon. Un an après, jour pour jour, où la
manifestation anti-génération identitaire avait déclenché les
arrestations puis le jugement des 7 de Briançon et où la frontière
franco-italienne symbolisée par la PAF, est devenue plus célèbre que les
pistes de ski…
Des
membres de l’association des amis de Cornelius Koch, venus de suisse,
Allemagne, Italie, France et ailleurs, sont présents. Michael Rissler
et Claude Braun, membres de ce mouvement suisse, animent cette journée.
Une minute de silence rappelle tous ces morts de trop, ici ou ailleurs,
liés aux frontières virtuelles mais pourtant réelles. Plusieurs prises
de paroles font suite devant manifestants et forces de polices.
L’histoire du prix Alpes ouvertes
Le
prix suisse des droits humains « Alpes ouvertes » est instauré par
Cornelius Koch, l’abbé suisse des réfugié-es (1940-2001). Il l'a créé
au début des années 2000 alors que les premiers gouvernements d’extrême
droite arrivent au pouvoir, comme celui de Haider en Autriche. Il ne
voulait pas que les Alpes deviennent brunes, mais qu’elles restent un
lieu de passage et de refuge. L’un des endroits privilégiés de
Cornelieus koch était la frontière entre Chiasso et Côme ou il avait
ouvert un centre d’accueil. Aujourd’hui ce prix est décerné par le
Cercle des Amis de Cornelius Koch, avec le soutien du C.E.R.D.I et du
Forum Civique Européen, à des personnes et à des groupes engagés
activement pour les droits des réfugiés, des migrants, des personnes
socialement défavorisées et des minorités menacées en Europe. Le prix se
monte à 12000CHF.
Les
précédent-es lauréat-es : Don Renzo Beretta Ponte Chiasso 1997 ; le
syndicat ACLI Côme 1998 ; Edition Drava, Klagenfurt et « Mujeres
Progresistas, El Ejido Espagne 2000 ; en présence de Msg Jacques
Gaillot, comité d’aide médicale en Transcarpatie, Ukraine 2012 ; en
présence de Dick Marty et de Msg Jacques Gaillot, l’Association
« Firdaus » de Lisa Bosia Mirra et le « Progretto Accoglienza Rebbio »
de Don Giusto della Valle, Côme 2017.
Pour
aller plus loin… De Claude Braun et Michael Rossler : un chrétien
subversif-Cornelius Koch, l’abbé des réfugiés, Edition d’en bas,
Lausanne, 2013
Dans
la lignée de l’abbé Cornelius Koch, Michael Rissler reprend ses mots
« la frontière est un chemin de croix pour les réfugiés et les
migrants ». Les Alpes sont le dernier verrou de l’Europe forteresse. Il
faut ouvrir les Alpes à l’accueil des humains… le sens du nom Alpes
ouvertes prend sens ! Heureusement des personnes ne sont pas
indifférentes à la souffrance des autres. C’est pour cela que ce prix
honore les personnes qui agissent pour un monde plus humain et plus
juste. Les 7 de Briançon ont été choisis en signe de reconnaissance et
de remerciement pour leur engagement courageux dans le sauvetage de
réfugiés en montagne et dans la dénonciation des actes racistes et
xénophobes. Les suisses ont été très choqués et scandalisés par la
manière dont ont été arrêtés, puis jugés, les 7 de Briançon. Cet acte a
été vu comme un procès politique honteux. Claude Braun parle, lui, de
monde à l’envers ! Les personnes qui sauvent des gens en mer et en
montagne sont punies… ou des maires, comme l’Italien Dominico Lucano,
qui salue cette journée, a été banni de son village par le gouvernement
pour l'avoir fait revivre en ouvrant la porte aux migrants… tout cela
car une minorité d’extrémistes font la loi. Il ne faut pas avoir peur de
l’extrême droite au pouvoir car elle est déjà au pouvoir !
Mais grâce à
ces réseaux de solidarité, qu’il faut continuer à créer, celle-ci
perdra car les solidaires sont plus vivants et nombreux.
L’écrivaine
et sociologue turque, Pinar Selek, se considère comme une militante
luciole résistant à l’horreur pour créer de la poésie; comme une
réfugiée ayant vécu et connu les difficultés en tant que personne exilée
par le passé; comme une femme qui fait partie de toutes les femmes qui,
pour aucune dans ce monde, n’ont contribué à tracer ne serait-ce
qu’une seule frontière… Elle remercie donc les 7 de Briançon d’avoir
transgressé les frontières et repoussé le fascisme.
Dick
Marty, ancien procureur suisse et membre de l’assemblée parlementaire
du Conseil de l’Europe, pour qui l’indifférence est le mal de notre
époque, rappelle l’histoire d’Antigone: il y a plus de 2500 ans, elle a
aussi transgressé la loi pour des valeurs humaines. Ce qui est juste,
équitable, moral, humain, ne peut-être dicté par une loi unique. La
justice est trop froide et formelle pour faire face aux valeurs
humaines. Il salue les forces de police envers qui il est solidaire pour
leur tâche difficile. Pour lui la véritable justice est celle
d’Antigone, celle de la solidarité.
Don
Gusto de la Valle, prêtre Italien de Come et lauréat du prix, évoque le
déplacement des frontières manipulées appliqué en Lybie et au Niger
pour éviter l’arrivée des migrants en Europe. Il s’inquiète du devenir
des 100 000 réfugiés qui sont expulsés des camps qui ferment en Italie.
Que feront ces réfugiés dans l’illégalité de vivre sans papiers,
utilisés pour le travail au noir et les prochaines campagnes politiques?
Il demande que des lieux soient créés pour qu’ils vivent et qu’un
permis humanitaire voit le jour…
Benoit
Ducos, un des 7 de Briançon, prend alors la parole pour tous les
solidaires des vallées alentour, car ce prix est décerné à tous. Au fur
et à mesure du texte lu, il s’approche des forces de police pour leur
faire face; sa voix prend de plus en plus d’émotion; son visage est de
plus en plus déterminé. Les manifestants sont plus que touchés par ces
paroles justes dénonçant quelque chose qui pourrait être un jeu en
apparence…qui n’est qu'inhumanité. Retrouvez l’intégrale de ce texte ici.
De
retour en bas, les personnes s’arrêtent au bord de la RN 94, sur un
parking comme un autre, entre la Vachette et Briançon. Une cérémonie est
organisée avec le texte d’un maraudeur racontant qu'une ombre venue en
Europe, aspirant à une vie meilleure, a vu son chemin s’arrêter en
France, par peur de la police. Cette ombre a fui dans la forêt alors
que ce n'était que le maraudeur. Elle a marché dans la poudreuse en
chaussettes, pour mourir d’une hypothermie ici. Cette ombre s’appelait
Tamimou Dherman et venait du Togo.
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