Il y a une gradation dans l’horreur de la répression pratiquée
par les dictateurs à l’endroit de leurs compatriotes ou des peuples
qu’ils dominent. Elle est tributaire de l’époque dans laquelle elle se
produit. Elle est également proportionnelle à la paranoïa et la
schizophrénie du tyran qui l’exerce.
Mussolini avait imaginé un supplice diabolique et terriblement
efficace dans un pays oû l’honneur et la dignité sont parfois placés
au-dessus de tout. Il ordonnait de menotter ses dissidents à un poteau
avant de leur faire boire de force un breuvage composé essentiellement
d’huile de ricin. Puis on conviait le public à venir contempler le
spectacle, odeur pestilentielle et mouches garantis. La plupart de ceux
qui subirent ce traitement avilissant ne demandèrent pas leur reste.
Hitler et son administration de la mort ne s’embarrassait pas de
préjugés. Il donnait la mort de masse au moyen de fusillades
collectives, de chambres à gaz ou de camps d’extermination.
Staline, quant à lui, avait recours au goulag ou à la balle dans la nuque. Cinquante millions de ses compatriotes y ont goûté.
Le Shah d’Iran et sa tristement célèbre Savak, plongeaient les
opposants dans d’énormes marmites d’huile bouillante en entamant le
cérémonial par les pieds, les mains attachées et le corps suspendu
au-dessus de la friteuse improvisée. Les opposants finissaient par
avouer tout et son contraire avant de finir ébouillantés.
Les tyrans contemporains nourrissent une grande nostalgie pour cette
période « bénie » où parfois un homme seul pouvait décider de la mort de
dizaines de milliers d’autres. Les temps ont changé, et les dictateurs
ont réduit leurs prétentions sur la vie de leurs contradicteurs. Ils
tirent encore parfois sur la foule quand la bastonner ne la contraint
plus. Et les ignominies ont évolué. On fait à présent appel aux
tribunaux où siègent des “juges téléphoniques” entendez par là qu’ils
reçoivent des instructions venues d’en haut:
-”Celui-là, tu me le soignes ! Tu lui donnes une bonne leçon”
– “L’autre, tu l’envoies au frais pour…..on va dire dix ans, selon ton humeur ! C’est toi qui voit et c’est selon !”.
On détruit les familles en ruinant le père, en le privant de son
gagne-pain, en le harcelant au travail. Bien plus sordide: on s’en prend
aux familles des détenus en expédiant ces derniers à l’autre bout du
pays, car on n’ignore pas que l’argent viendra à manquer et les visites
se raréfier.
Toute cette tirade pour vous dire que la tyrannie continue d’avoir
lieu sous nos yeux et que nous l’alimentons par notre silence comme nous
alimenterions un feu qui pourrait, un jour ou l’autre, nous consumer !
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