Source : Lesinfos.ma17/08/2019
La rentrée scolaire approche à pas de titan et la frustration qui
va avec tout autant. Dans peu de jours, nous prendrons d’assaut grandes
surfaces et autres librairies et frôlerons à coup sûr la syncope en
réglant les factures salées des fournitures de nos petites têtes brunes.
Et ces maudites fournitures, dont nous ne comprenons pas l’utilité de
plus de la moitié (mais que diable vont-ils faire avec autant de
pinceaux ? Nous n’avons pas la prétention d’en faire des Picasso, soyons
réalistes), ne seront que l’affreux pic d’un énorme iceberg qui nous
fera sombrer dans les profondeurs de la « dèche ». Oui, parce qu’après
la « taxe » des protège-cahiers en quadrichromie viendront les frais
d’inscription, puis les frais de scolarité, puis ceux de la cantine,
puis ceux de la garderie, puis ceux des sorties scolaires (…). Autant
vous dire que septembre est le mois qui symbolise le mieux nos
souffrances et aussi l’échec d’un pays qui s’est lavé les mains depuis
belle lurette de l’éducation et qui nous a lâchés dans la nature sans un
froncement de sourcils.
Moi, pour vous dire, je suis un pur produit de l’école marocaine
du temps où elle valait encore quelque chose. Et de mon temps, et
croyez-moi quand je vous dis que je ne suis pas si « vieille » mais
plutôt une « trentenaire au dynamisme moyen », nous étions les enfants
de toutes les couches sociales et nous nous côtoyions sans difficulté
aucune.
Il n’y avait pas ce fossé, énorme, qui s’est creusé aujourd’hui
entre les enfants du pays qui se regardent - loin les uns des autres -
avec curiosité, indifférence, incompréhension, parfois même avec haine
et mépris.
La faillite de l’école publique a non seulement amplifié l’inégalité des chances mais elle a aussi exacerbé une douloureuse fracture sociale : les nantis et les « moyens » d’un côté, qui « réussissent » à scolariser leurs enfants dans des structures privées et autres missions (qui poussent d’ailleurs comme des champignons parce que cette faillite profite aux autres, naturellement) et qui essayent de garantir à leurs enfants une certaine qualité d’éducation. Puis sur l’autre rive, en face, les « autres », et ils sont majoritaires, qui sont « parqués » dans des écoles publiques sans niveau et qui ne seront que les futurs « galériens » du Maroc. Oh ! Il y aura certainement des « chanceux », je n’en doute pas, mais ils ne seront au final que les exceptions qui confirmeront la terrible fatalité.
Et tout ceci parce que le royaume chérifien est gouverné par des médiocres qui participent à l’enterrement des non-privilégiés, en prenant consciencieusement de mauvaises décisions, pour creuser davantage cet ignoble fossé. Des médiocres, aux discours fourbes et populistes, qui viennent expliquer à une opinion publique avide de polémiques stériles que l’arabisation c’est une question d’identité, que la langue de Molière c’est de la bouse et que la situation – et ils le jurent – s’arrangera dans 15 ou peut-être 20 ans. Mais en réalité, chers lecteurs, cette bande de bras cassés s’en fout. Ils s’en foutent tous. Tous leurs grands discours (et on en a entendu des discours), leurs grandes promesses, leurs grandes stratégies, c’est de la poudre aux yeux comme à chaque fois. Eux, leurs enfants fréquentent les meilleures écoles, généralement des missions bien françaises ou encore américaines (pour l’identité et la bouse, on repassera), ils touchent des salaires indécents (nos ministres figurent parmi les mieux rémunérés dans le monde, excusez le peu) et enverront leurs enfants poursuivre leurs études à l’étranger. Ces mêmes enfants qui reviendront une fois le diplôme en poche avec la certitude de trouver un emploi, parce que dans ce pays, tout est aussi une question de réseau et quand on a le pouvoir, on a le réseau qui va avec, comprenez-moi et vous n’avez qu’à jeter un regard franc autour de vous pour constater l’ampleur des dégâts. Bon, il ne s’agit pas ici de fustiger les enfants de ces « médiocres », eux ils sont nés dans ce système, ils ont grandi dedans, et peut-être que ce qui est inadmissible pour les uns est une norme pour les autres, je ne leur en tiens pas rigueur. Mais je n’excuse pas les « médiocres » et je n’excuse pas tous ceux qui voient la catastrophe dans laquelle sombre ce pays et se taisent.
Je suis un pur produit d’une école marocaine qui fut, il y a vingt ans, parmi les plus respectées et aujourd’hui je regarde impuissante l’école privée – celle-là même qui fût le symbole de l’échec et qui me siphonne mon salaire – incarner soudainement l’excellence … Mais rassurez-vous, l’école privée demeure un échec. Elle est l’échec des Marocains qui baissent la tête, s’endettent jusqu’au cou pour scolariser leurs enfants alors que l’éducation est un droit inaliénable (enfin, dans des pays qui respectent les droits fondamentaux de leurs citoyens, j’entends bien), et la réussite de l’Etat, qui accouche d’enfants à l’éducation médiocre, inconscients, lettrés mais sans savoir, qui ne réclameront jamais leur dû … Parce qu’ils l’ignorent, tout simplement, au grand bonheur de l’Etat.
La faillite de l’école publique a non seulement amplifié l’inégalité des chances mais elle a aussi exacerbé une douloureuse fracture sociale : les nantis et les « moyens » d’un côté, qui « réussissent » à scolariser leurs enfants dans des structures privées et autres missions (qui poussent d’ailleurs comme des champignons parce que cette faillite profite aux autres, naturellement) et qui essayent de garantir à leurs enfants une certaine qualité d’éducation. Puis sur l’autre rive, en face, les « autres », et ils sont majoritaires, qui sont « parqués » dans des écoles publiques sans niveau et qui ne seront que les futurs « galériens » du Maroc. Oh ! Il y aura certainement des « chanceux », je n’en doute pas, mais ils ne seront au final que les exceptions qui confirmeront la terrible fatalité.
Et tout ceci parce que le royaume chérifien est gouverné par des médiocres qui participent à l’enterrement des non-privilégiés, en prenant consciencieusement de mauvaises décisions, pour creuser davantage cet ignoble fossé. Des médiocres, aux discours fourbes et populistes, qui viennent expliquer à une opinion publique avide de polémiques stériles que l’arabisation c’est une question d’identité, que la langue de Molière c’est de la bouse et que la situation – et ils le jurent – s’arrangera dans 15 ou peut-être 20 ans. Mais en réalité, chers lecteurs, cette bande de bras cassés s’en fout. Ils s’en foutent tous. Tous leurs grands discours (et on en a entendu des discours), leurs grandes promesses, leurs grandes stratégies, c’est de la poudre aux yeux comme à chaque fois. Eux, leurs enfants fréquentent les meilleures écoles, généralement des missions bien françaises ou encore américaines (pour l’identité et la bouse, on repassera), ils touchent des salaires indécents (nos ministres figurent parmi les mieux rémunérés dans le monde, excusez le peu) et enverront leurs enfants poursuivre leurs études à l’étranger. Ces mêmes enfants qui reviendront une fois le diplôme en poche avec la certitude de trouver un emploi, parce que dans ce pays, tout est aussi une question de réseau et quand on a le pouvoir, on a le réseau qui va avec, comprenez-moi et vous n’avez qu’à jeter un regard franc autour de vous pour constater l’ampleur des dégâts. Bon, il ne s’agit pas ici de fustiger les enfants de ces « médiocres », eux ils sont nés dans ce système, ils ont grandi dedans, et peut-être que ce qui est inadmissible pour les uns est une norme pour les autres, je ne leur en tiens pas rigueur. Mais je n’excuse pas les « médiocres » et je n’excuse pas tous ceux qui voient la catastrophe dans laquelle sombre ce pays et se taisent.
Je suis un pur produit d’une école marocaine qui fut, il y a vingt ans, parmi les plus respectées et aujourd’hui je regarde impuissante l’école privée – celle-là même qui fût le symbole de l’échec et qui me siphonne mon salaire – incarner soudainement l’excellence … Mais rassurez-vous, l’école privée demeure un échec. Elle est l’échec des Marocains qui baissent la tête, s’endettent jusqu’au cou pour scolariser leurs enfants alors que l’éducation est un droit inaliénable (enfin, dans des pays qui respectent les droits fondamentaux de leurs citoyens, j’entends bien), et la réussite de l’Etat, qui accouche d’enfants à l’éducation médiocre, inconscients, lettrés mais sans savoir, qui ne réclameront jamais leur dû … Parce qu’ils l’ignorent, tout simplement, au grand bonheur de l’Etat.
Majda EL KRAMI
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