(toute ressemblance avec l’actualité n’est pas dénuée de raison)
Parfois, je rêve d’un monde « normal »
sans stupidité, un monde clair ouvert sur la reconnaissance réciproque
d’actions positives avec en filigramme l’amitié comme fondement de la
société ainsi que le pensait Aristote.
Les violences faites aux femmes ont
augmenté pendant le confinement, les violences subies par les enfants
également. La monstruosité de notre monde malade du covid accroît la
désespérance des êtres fragilisées.
Le numéro de téléphone 3919 dédié à
ces violences faites aux femmes doit être popularisé, parce qu’il ne fait pas l’objet d’une publicité dans cette ville. C’est une
exigence morale, juridique et politique. Mais si ce numéro n’est pas
connu à qui va-t-il servir ? Le faire connaître sera utile.
Sitôt pensé, aussitôt fait. J.B.
inscrit ce numéro sur les panneaux vides réservés aux affichages
municipaux. Rien que de très « normal ». Et pour que ce numéro ne soit
pas effacé rapidement, J.B. inscrit ce numéro à la peinture. Il s’agit
là d’une action d’utilité publique qui vient renforcer la lutte de
l’État et des associations féministes contre les violences subies par
les femmes.
« De la peinture sur « mes panneaux »,
le sang du maire ne fait qu’un tour ! Il intente un procès à l’individu
qui a osé peinturlurer ses blancs panneaux.
Qu’importe le motif de ces
inscriptions ! Qu’importe qu’il s’agisse de venir en aide aux femmes
battues ! Qu’importe qu’en portant plainte, il nie l’existence des cris
et des coups que subissent les personnes violentées. Le contenu de ce
qui est écrit ne compte pas, il s’en fout . Il affirme : « Je veux un
procès ! je suis dans mon droit ! » Ainsi parfois le bon droit commet un
grand tort !
Un procès stupide, politiquement
abject, s’est tenu en apparence pour dégradation de matériel municipal,
en réalité contre la lutte des femmes pour plus de sécurité. Une voix
féminine s’est-elle faite entendre dans la majorité municipale pour dire
que cette procédure était idiote et renforçait le machisme dont elles
sont victimes. Au Conseil communautaire, dont le maire de la ville est
Président, une seule vice-présidente sur l’ensemble des 13 vices
présidences !! La parité, avec ce personnage, n’a pas de beaux jours.
Alors un numéro de téléphone...
Et le résultat du procès ? J.B.
risquait gros, jusqu’à 75 000 euros d’amende et 5 ans de prison, c’est
la loi républicaine. Embarras des juges : la médiocrité du délit fera
une publicité ridicule à la justice si elle condamne ! Mais si elle ne
condamne pas, la ville pourra faire appel et en prime les juges auront
droit au mépris du premier magistrat, alors que leurs relations ne sont
pas bonnes depuis l’affaire du squat autorisé à rester en place durant
deux ans. La justice va faire a minima, en espérant que le bruit autour
de cette mascarade judiciaire menée par le Maire retombe, l’accusé sera
condamné à l’amende la plus simple.
Cette minuscule histoire montre que la
bêtise peut sévir à n’importe quel niveau de la hiérarchie sociale.
Intenter, aux frais des contribuables, un procès ridicule qui vous place
dans le camp des machistes en ces temps de luttes féministes intenses,
c’est être aveugle au monde en train de naître et déclarer publiquement
qu’on est d’un monde ancien. Quant aux juges, iels se seraient
grandi.es en acquittant le poursuivi, tant était noble la cause qu’il
défendait.
Pour Aristote, l’amitié est la base de
la démocratie, cette historiette montre simplement que nous ne vivons
pas en démocratie mais en « absurdie ».
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