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jeudi 11 juin 2020

Histoire d’un procès stupide






(toute ressemblance avec l’actualité n’est pas dénuée de raison)
Parfois, je rêve d’un monde « normal » sans stupidité, un monde clair ouvert sur la reconnaissance réciproque d’actions positives avec en filigramme l’amitié comme fondement de la société ainsi que le pensait Aristote.
Les violences faites aux femmes ont augmenté pendant le confinement, les violences subies par les enfants également. La monstruosité de notre monde malade du covid accroît la désespérance des êtres fragilisées.
Le numéro de téléphone 3919 dédié à ces violences faites aux femmes doit être popularisé, parce qu’il ne fait pas l’objet d’une publicité dans cette ville.  C’est une exigence morale, juridique et politique. Mais si ce numéro n’est pas connu à qui va-t-il servir ? Le faire connaître  sera utile. 
Sitôt pensé, aussitôt fait. J.B. inscrit ce numéro sur les panneaux vides réservés aux affichages municipaux. Rien que de très « normal ». Et pour que ce numéro ne soit pas effacé rapidement, J.B. inscrit ce numéro à la peinture. Il s’agit là d’une action d’utilité publique qui vient renforcer la lutte de l’État et des associations féministes contre les violences subies par les femmes. 
« De la peinture sur « mes panneaux », le sang du maire ne fait qu’un tour ! Il intente un procès à l’individu qui a osé peinturlurer ses blancs panneaux. 
Qu’importe le motif de ces inscriptions ! Qu’importe qu’il s’agisse de venir en aide aux femmes battues ! Qu’importe qu’en portant plainte, il nie l’existence des cris et des coups que subissent les personnes violentées. Le contenu de ce qui est écrit ne compte pas, il s’en fout . Il affirme : « Je veux un procès ! je suis dans mon droit ! » Ainsi parfois le bon droit commet un grand tort ! 

Gap, plus d’une centaine de manifestants pour soutenir Joël, syndicaliste sud.
Un procès stupide, politiquement abject, s’est tenu en apparence pour dégradation de matériel municipal, en réalité contre la lutte des femmes pour plus de sécurité. Une voix féminine s’est-elle faite entendre dans la majorité municipale pour dire que cette procédure était idiote et renforçait le machisme dont elles sont victimes. Au Conseil communautaire, dont le maire de la ville est Président, une seule vice-présidente sur l’ensemble des 13 vices présidences !! La parité, avec ce personnage, n’a pas de beaux jours.  Alors un numéro de téléphone...
Et le résultat du procès ? J.B. risquait gros, jusqu’à 75 000 euros d’amende et 5 ans de prison, c’est la loi républicaine. Embarras des juges : la médiocrité du délit fera une publicité ridicule à la justice si elle condamne ! Mais si elle ne condamne pas, la ville pourra faire appel et en  prime les juges auront droit au mépris du premier magistrat, alors que leurs relations ne sont pas bonnes depuis l’affaire du squat autorisé à rester en place durant deux ans. La justice va faire a minima, en espérant que le bruit autour de cette mascarade judiciaire menée par le Maire retombe, l’accusé sera condamné à l’amende la plus simple.
Cette minuscule histoire montre que la bêtise peut sévir à n’importe quel niveau de la hiérarchie sociale. Intenter, aux frais des contribuables, un procès ridicule qui vous place dans le camp des machistes en ces temps de luttes féministes intenses, c’est être aveugle au  monde en train de naître et déclarer publiquement qu’on est d’un monde ancien. Quant aux juges, iels se seraient grandi.es en acquittant le poursuivi, tant était noble la cause qu’il défendait. 
Pour Aristote, l’amitié est la base de la démocratie, cette historiette montre simplement que nous ne vivons pas en démocratie mais en « absurdie ».
Jean-Paul Leroux

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