Le groupe de travail des Nations unies sur la
détention arbitraire a demandé la libération immédiate du jeune
journaliste sahraoui Walid Salek El Batal dans une décision rendue
publique aujourd'hui. L'avis a été émis lors de la 89e session du groupe de travail et peut être consulté ici (en français).
L'arrestation violente d'El Batal a attiré
l'attention internationale après qu'une vidéo du tabassage eut été
diffusée. Human Rights Watch et le Washington Post ont publié des
rapports de vérification des faits en utilisant une enquête en open
source qui a démystifié la version officielle marocaine, qui justifiait
l'arrestation en accusant El Batal d'être un criminel violent.
El Batal est actuellement en prison en raison de
son travail de journaliste sahraoui, ont conclu les experts de l'ONU,
notant que s'il n'avait pas été sahraoui, il n'aurait pas été
emprisonné. Dans sa jurisprudence, le groupe de travail des Nations
unies a établi un schéma systématique d'arrestation et d'emprisonnement
des militants sahraouis, constatant que les Sahraouis qui militent en
faveur de l'autodétermination sont soumis à des pratiques
discriminatoires en violation de l'égalité des droits humains.
Walid Salek El Batal est un ancien prisonnier politique qui travaille avec l'organisation de journalistes sahraouis Smara News.
Il a été arrêté le 7 juin 2019 alors qu'il se rendait au domicile d'un
collègue journaliste, Salah Eddine Lebsir, qui venait lui-même d'être
libéré de prison. Walid Salek El Batal a été condamné à deux ans de
prison par la Cour d'appel le 12 novembre 2019 sur la base d'aveux
signés sous la torture.
Comme le montre la vidéo de son arrestation, alors
qu'il se rendait à la maison de Salah Eddine Lebsir, Walid et ses
co-passagers ont été violemment traînés hors de leur voiture et agressés
par la police marocaine. L'enregistrement a rapidement été diffusé en
ligne par les médias sahraouis et a été largement diffusé au niveau
international.
Les experts de l'ONU concluent qu'El Batal a
ensuite été soumis à la torture dans les locaux du poste de police et
qu'il a été forcé de signer des aveux, utilisés par la suite contre lui
comme principale preuve. Les experts notent également qu'El Batal a
soulevé des allégations de torture dans toutes les procédures
successives et que le juge marocain n'y a pas répondu, ni n'a ouvert
aucune forme d'enquête. Gravement préoccupés par l'inaction du tribunal,
les experts des Nations unies estiment que le tribunal marocain n'a pas
été indépendant ou impartial lorsqu'il a traité le cas d'El Batal, et
ont donc renvoyé son cas au rapporteur spécial des Nations unies sur
l'indépendance des juges et des avocats.
« La décision du Groupe de travail sur la détention
arbitraire n'est pas une simple opinion mais c'est une étape importante
pour obtenir justice pour les Sahraouis car elle révèle la politique
marocaine systématique de ciblage des militants et journalistes
sahraouis et des écarts troublants entre discours et réalité lorsque les
Marocains tentent de justifier les violations », déclare Mohamed
Mayara, journaliste et coordinateur d'Equipe Media.
« Avec le cas de Walid, la non-indépendance et la
non-impartialité du système judiciaire marocain ont été prouvées »,
ajoute Tone Sørfonn Moe, le représentant légal international agissant au
nom de Walid Salek El Batal. « Le moment est venu de demander des
comptes au Maroc pour ses violations du droit international en tant que
puissance occupante. Le Maroc maintient effectivement un peuple entier,
le peuple sahraoui, écrasé par l'usage de la force, et la communauté
internationale doit s'exprimer clairement contre la torture, les abus et
la privation de liberté qui ont lieu actuellement dans le Sahara
occidental occupé ».
►Pour
toute question sur cette affaire, veuillez contacter le représentant
légal international de Walid Salek El Batal, Tone Sørfonn Moe du Comité
norvégien de soutien au Sahara occidental, à l'adresse tone.s.moe[at]protonmail.com ou l'organisation de journalistes sahraouis Equipe Media à l'adresse equipemedia2020[at]gmail.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire