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samedi 30 avril 2022

Mme Mangin a fait part des déboires que subissent les détenus politiques sahraouis. «La communauté internationale doit faire pression sur le Maroc»

Mme Mangin a fait part des déboires que subissent les détenus politiques sahraouis.

La militante française des droits de l'homme, Claude Mangin a appelé, jeudi, la communauté internationale «à faire pression sur le gouvernement marocain» pour l'obliger à libérer les prisonniers politiques sahraouis du groupe Gdeim Izik, soulignant que la condamnation du Maroc par le Comité de l'ONU contre la torture (CAT) pour des faits de torture sur le détenu Mohamed Bourial, constituait «un grand espoir pour les Sahraouis». «J'appelle les pays européens et les membres du Conseil de sécurité de l'ONU à mettre la pression sur le gouvernement marocain pour qu'il libère tous les prisonniers incarcérés indûment depuis 11 ans et demi», a indiqué Mme Mangin dans un entretien à l'APS.

Le CAT vient de condamner le Maroc pour faits de torture et de mauvais traitements sur le prisonnier sahraoui du groupe de Gdeim Izik, Mohamed Bourial, l'appelant à «indemniser équitablement» le détenu et à «ouvrir une enquête impartiale» pour juger les tortionnaires.
En 2016, l'organe onusien avait déjà condamné le Royaume chérifien pour les mêmes faits contre le militant sahraoui et membre du groupe de Gdeim Izik, Naama Asfari. À cet égard, l'activiste française, qui est également l'épouse de Naama Asfari, a exhorté les pays signataires de la convention onusienne contre la torture à obliger le Maroc à obéir aux décisions du CAT, notant que la dernière décision de cet organe onusien constituait «un grand espoir pour les Sahraouis».
«À partir du moment où un organe onusien condamne le Maroc, c'est-à-dire un pays qui a ratifié la convention contre la torture, il me semble que le minimum est que les autres pays signataires de cette convention obligent le Maroc à obéir à cette décision», a-t-elle affirmé dans ce sens. «C'est extraordinairement incroyable et inadmissible que depuis des années, les détenus sahraouis soient encore en prison et continuent de subir des représailles», a-t-elle également dénoncé. Elle rappelle notamment que «19 prisonniers du groupe Gdeim Izik croupissent depuis près de 12 ans dans les geôles marocaines après deux procès inéquitables qui les ont condamnés à des peines allant de 20 ans à la perpétuité sur la base d'aveux obtenus sous la torture».
Ces prisonniers, a-t-elle déploré, «ont des conditions d'incarcération de plus en plus difficiles depuis la fin du deuxième procès il y a 5 ans (et) essayent d'alerter la communauté internationale en faisant des grèves de la faim répétées».
Dans ce cadre, Mme Mangin a fait part des déboires que subissent les détenus politiques sahraouis dans les prisons marocaines comme Kénitra et Tiflet, «une prison disciplinaire dont les détenus sont très mal traités». Elle précise que les prisonniers du groupe de Gdeim Izik n'ont pas vu leurs familles depuis deux ans à cause de la pandémie de Covid-19 et font face au manque de soins médicaux et à la torture, relevant que l'une des principales demandes de ces détenus est «leur droit au transfert pour qu'ils soient près de leurs familles conformément au droit international humanitaire».
La militante des droits de l'homme cite, entre autres, le cas de Mohamed Lamine Haddi, victime des représailles des autorités marocaines après avoir fait une grève de la faim de 69 jours et avoir été passé à tabac en prison pour avoir menacé de reproduire son action de protestation contre les conditions inhumaines de sa détention.
Soulignant que ces cas de violations des droits des militants sahraouis ont été dénoncés plusieurs fois par le CAT et Amnesty International, l'activiste a fait part de l'existence «d'appels à signatures pour alerter le Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borell».
Évoquant, par ailleurs, la grave crise des droits humains dans les territoires occupés et l'horreur des crimes commis quotidiennement par les forces d'occupation marocaines contre les civils sahraouis, Mme Mangin a fait savoir «que depuis janvier 2014, aucun étranger solidaire avec la cause sahraouie n'a le droit d'entrer au Sahara occidental» pour rendre visite aux militants sahraouis. Elle cite le cas de la militante Sultana Khaya, «assiégée dans sa maison dans la ville de Boujdour par les forces d'occupation marocaines depuis 450 jours». Mme Mangin n'a pas manqué de dénoncer le black-out médiatique de la presse occidentale quant aux violations répétées des droits de l'homme par le Maroc au Sahara occidental, déplorant le fait que «le Conseil de sécurité et des chefs d'État continuent de considérer le roi du Maroc comme une personne fréquentable».

 

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