Mme Mangin a fait part des déboires que subissent les détenus politiques sahraouis.
La militante française des droits de l'homme, Claude Mangin a appelé,
jeudi, la communauté internationale «à faire pression sur le
gouvernement marocain» pour l'obliger à libérer les prisonniers
politiques sahraouis du groupe Gdeim Izik, soulignant que la
condamnation du Maroc par le Comité de l'ONU contre la torture (CAT)
pour des faits de torture sur le détenu Mohamed Bourial, constituait «un
grand espoir pour les Sahraouis». «J'appelle les pays européens et les
membres du Conseil de sécurité de l'ONU à mettre la pression sur le
gouvernement marocain pour qu'il libère tous les prisonniers incarcérés
indûment depuis 11 ans et demi», a indiqué Mme Mangin dans un entretien à
l'APS.
Le CAT vient de condamner le Maroc pour faits de torture et
de mauvais traitements sur le prisonnier sahraoui du groupe de Gdeim
Izik, Mohamed Bourial, l'appelant à «indemniser équitablement» le détenu
et à «ouvrir une enquête impartiale» pour juger les tortionnaires.
En
2016, l'organe onusien avait déjà condamné le Royaume chérifien pour
les mêmes faits contre le militant sahraoui et membre du groupe de Gdeim
Izik, Naama Asfari. À cet égard, l'activiste française, qui est
également l'épouse de Naama Asfari, a exhorté les pays signataires de la
convention onusienne contre la torture à obliger le Maroc à obéir aux
décisions du CAT, notant que la dernière décision de cet organe onusien
constituait «un grand espoir pour les Sahraouis».
«À partir du
moment où un organe onusien condamne le Maroc, c'est-à-dire un pays qui a
ratifié la convention contre la torture, il me semble que le minimum
est que les autres pays signataires de cette convention obligent le
Maroc à obéir à cette décision», a-t-elle affirmé dans ce sens. «C'est
extraordinairement incroyable et inadmissible que depuis des années, les
détenus sahraouis soient encore en prison et continuent de subir des
représailles», a-t-elle également dénoncé. Elle rappelle notamment que
«19 prisonniers du groupe Gdeim Izik croupissent depuis près de 12 ans
dans les geôles marocaines après deux procès inéquitables qui les ont
condamnés à des peines allant de 20 ans à la perpétuité sur la base
d'aveux obtenus sous la torture».
Ces prisonniers, a-t-elle déploré,
«ont des conditions d'incarcération de plus en plus difficiles depuis
la fin du deuxième procès il y a 5 ans (et) essayent d'alerter la
communauté internationale en faisant des grèves de la faim répétées».
Dans
ce cadre, Mme Mangin a fait part des déboires que subissent les détenus
politiques sahraouis dans les prisons marocaines comme Kénitra et
Tiflet, «une prison disciplinaire dont les détenus sont très mal
traités». Elle précise que les prisonniers du groupe de Gdeim Izik n'ont
pas vu leurs familles depuis deux ans à cause de la pandémie de
Covid-19 et font face au manque de soins médicaux et à la torture,
relevant que l'une des principales demandes de ces détenus est «leur
droit au transfert pour qu'ils soient près de leurs familles
conformément au droit international humanitaire».
La militante des
droits de l'homme cite, entre autres, le cas de Mohamed Lamine Haddi,
victime des représailles des autorités marocaines après avoir fait une
grève de la faim de 69 jours et avoir été passé à tabac en prison pour
avoir menacé de reproduire son action de protestation contre les
conditions inhumaines de sa détention.
Soulignant que ces cas de
violations des droits des militants sahraouis ont été dénoncés plusieurs
fois par le CAT et Amnesty International, l'activiste a fait part de
l'existence «d'appels à signatures pour alerter le Haut représentant de
l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de
sécurité, Josep Borell».
Évoquant, par ailleurs, la grave crise des
droits humains dans les territoires occupés et l'horreur des crimes
commis quotidiennement par les forces d'occupation marocaines contre les
civils sahraouis, Mme Mangin a fait savoir «que depuis janvier 2014,
aucun étranger solidaire avec la cause sahraouie n'a le droit d'entrer
au Sahara occidental» pour rendre visite aux militants sahraouis. Elle
cite le cas de la militante Sultana Khaya, «assiégée dans sa maison dans
la ville de Boujdour par les forces d'occupation marocaines depuis 450
jours». Mme Mangin n'a pas manqué de dénoncer le black-out médiatique de
la presse occidentale quant aux violations répétées des droits de
l'homme par le Maroc au Sahara occidental, déplorant le fait que «le
Conseil de sécurité et des chefs d'État continuent de considérer le roi
du Maroc comme une personne fréquentable».
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