Salomé Saqué :
Dans une séquence qui a fait le tour des réseaux, le joueur de football et son entraîneur rient avec mépris face à une question d’un journaliste sur leur usage de jets privés. Depuis hier, certains les défendent sur les réseaux sociaux : « mais eux ils parlent juste de football, c’est pas leur domaine d’expertise, ça ne les concerne pas ! »
Seulement si, justement, ça les concerne.
Si des enfants de 12 ans qui sont en grève pour le climat arrivent à comprendre les tenants et les aboutissants du changement climatique, alors Kylian Mbappé et son entraîneur le peuvent aussi. Cette attitude est dangereuse, et je pèse mes mots, car Kylian Mbappé est adulé par des dizaines de millions de personnes, il est un modèle pour toute une génération. Aucun scientifique, aucun journaliste ou activiste ne peut lui arriver à la cheville en terme d’influence.
Si Kylian Mbappé et son entraîneur peuvent se permettre de rire avec dédain de la crise actuelle, c’est parce qu’ils savent qu’ils pourront se protéger (dans un premier temps) des catastrophes à venir, qu’ils font partie de ceux qui accéderont aux denrées devenues rares. Ils ont l’impression que ces problèmes ne les concernent pas directement.�La plupart de ceux qui les défendent et les admirent, eux, subiront de plein fouet les conséquences de cette crise.
Le réchauffement climatique tue, et il tue en premier les plus précaires, ceux qui n’ont pas la climatisation par exemple. Pendant les canicules de cet été, le taux de mortalité a augmenté à échelle nationale. On ne va pas énumérer ici tous les aspects de la crise climatique, mais ceux qui ont perdu leur maison dans les incendies cet été, ou ceux qui ont ouvert leur robinet sans y trouver d’eau en plein mois d’août en savent quelque chose.
C’est pour cette raison que ces rires sont affligeants. Parce qu’ils se rient (même involontairement) de drames humains, drames auxquels ils participent en émettant bien plus de C02 que n’importe quel citoyen français. Drames qui vont se reproduire et s’amplifier à une échelle jamais connue auparavant.
On ne leur demande pas d’être parfaits, ce n’est d’ailleurs pas ici l’objet de la polémique. Mais si les personnes les plus influentes du pays pouvaient éviter de mettre des bâtons dans les roues de ceux qui tentent désespérément d’informer la population, ce serait appréciable.
Tout ceux qui minimisent la crise retardent la prise de conscience, ce qui retarde l’action. Plus nous agirons tard, plus la planète sera dévastée, plus il y aura de victimes.»
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