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mardi 13 juin 2023

Le commerce avant le respect du patrimoine !

A Carnac, trente-huit menhirs ont été détruits pour construire un Mr. Bricolage  


« ces petits alignements de menhirs accompagnaient, semble-t-il, deux tombeaux néolithiques encore inexplorés. »

La France moche fait bien des ravages. Les habitants de Carnac ont été indignés de découvrir qu’un alignement de petits menhirs datant d’au moins sept mille ans a été détruit pour construire un Mr. Bricolage. Une association de défense du patrimoine a déposé une plainte contre X.

Ces petits menhirs « constituaient sans doute l’un des ensembles les plus anciens de France », se lamente Christian Obeltz, membre de l’association Sites et monuments qui a lancé l’alerte sur le saccage.

« Les petits menhirs du Chemin de Montauban constituaient sans doute l’un des ensembles de stèles les plus anciens de la commune de Carnac, à en juger par les datations Carbone 14 obtenues en 2010 sur le site voisin de la Z.A de Montauban : 5480-5320 avant J.-C., soit la datation la plus haute obtenue pour un menhir dans l’ouest de la France ! » précise le spécialiste

Malgré la présence de ce patrimoine historique, inscrit depuis 2015 à l’Atlas des patrimoines, une plate-forme de la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) qui référence l’ensemble des sites archéologiques du pays, la mairie de Carnac avait bien délivré un permis de construire à la société « Au marché des druides » en août 2022.

Moins d’un an après, les travaux ont donc commencé, un grand hangar vient de s’implanter sur ce site et les menhirs ont été détruits, provoquant la colère des habitants attachés à leur patrimoine.

Capture d’écran Google Maps

Accusée par ses concitoyens, la mairie a expliqué que la demande du permis de construire avait été formulée en bonne et due forme, car la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) avait changé le classement de la zone du projet en « zone d’activité » dans le nouveau plan local d’urbanisme.

Par communiqué de presse, la DRAC s’est justifié en expliquant que « du fait du caractère encore incertain et non majeur des vestiges tels que révélés par le diagnostic, l’atteinte à un site ayant une valeur archéologique n’est pas établie ».

Un diagnostic sur lequel l’association Sites et monuments s’oppose fortement. Le site du chemin de Montauban comprenait deux files sécantes de petites stèles en granite, se déployant chacune sur une cinquantaine de mètres de long. L’une était exactement dans sa place d’origine depuis 7000 ans.

Or, « ces petits alignements de menhirs accompagnaient, semble-t-il, deux tombeaux néolithiques encore inexplorés ; l’un à 160 m, le second à 270 m. (…) Il ne faut pas minimiser les petits sites. Ce n’est pas une question de taille. Ce site aurait été riche en enseignements si des fouilles approfondies avaient pu être faites »

Le gérant du futur Mr. Bricolage s’est lui défendu dans Ouest France de n’avoir cru avoir affaire qu’à de « simples murets ».

Pour les protecteurs du patrimoine, cette perte est colossale et l’impact du futur magasin, qui côtoie d’autres sites historiques, bien dommageable alors qu’un dossier de candidature au Patrimoine mondial de l’Unesco pour défendre les « paysages de mégalithes » est actuellement en cours de constitution.

 

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