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Des centaines de sinistrés du séisme dans les provinces d’Al Haouz ont participé à une manifestation devant le Parlement, exigeant une révision du mode de répartition de l’aide royale allouée à la reconstruction des habitations détruites. Les manifestants ont exigé la création d’un comité indépendant pour traiter le dossier de soutien et garantir la transparence dans la distribution de l’aide. Les personnes touchées ont dénoncé les manipulations et les violations dans le versement de l’aide, car beaucoup d’entre elles ont été exclues des bénéfices, malgré la destruction de leurs maisons.

jeudi 18 janvier 2024

A quoi bon, Monsieur Macron ?

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Aux pays du Sud, nous demandons qu’ils se privent du charbon. Qu’ils ne forent pas leurs sous-sols. Qu’ils ne coupent pas leurs forêts. Bref, tout ce que nous avons fait, durant un siècle et demi, nous voulons l’empêcher pour les autres. Pour une bonne raison : au nom de la planète à sauver. Et en échange, nous avons promis quoi pour les aider ? 0,7%. 0,7% de notre revenu national.

Nous avons promis ça en 1973, et cinquante ans plus tard, nous n’y sommes toujours pas. Le président Macron a promis ça, à nouveau, pour 2025, mais finalement non, ce sera 2030, ou plus tard, autant dire jamais. Alors oui, d’urgence, nous devons rejoindre le cercle très fermé des pays qui respectent leur engagement : Luxembourg, Suède, Norvège, Allemagne, Danemark. C’est la première chose.

La deuxième chose, maintenant.

Ces aides au développement ne devraient pas être un caprice, une chose qu’on donne et qu’on reprend, comme pour punir un enfant. Au Mali, au Niger, au Burkina-Faso, les dirigeants ont rejeté nos diplomates, notre armée. Nous avons échoué à transformer une bataille commune, la lutte contre le djihadisme, en influence politique. Et même pire : la France s’est fait haïr.

Comment agir, alors ? Vexé, le président Macron a décidé de couper nos aides au développement. C’est une erreur, cette saute d’humeur.

Pourquoi ? Parce que ces aides ne sont pas destinées aux gouvernements, aux juntes au pouvoir. Non, ces fonds vont aux populations. Ce sont des familles, des femmes, des enfants que l’on punit, pas les dirigeants. Ce sont des accès à l’eau potable qui ne seront pas construits. Ce sont des coopératives, de mangues, d’amandes, de karité, à l’arrêt. Ce sont des micro-crédits bloqués. Ce sont des milliers, des centaines de milliers de personnes, qui avaient un projet, et dont l’avenir s’assombrit. Ce sont des régions, déjà instables, que l’on déstabilise encore.

Croit-on vraiment que, avec ces pays, l’on va renouer une coopération ainsi ? Avec ces changements, ces revirements ?

Troisième chose, enfin : ces fonds ne font pas une politique, ne remplacent pas la politique. Pour la Palestine, la France délivre chaque année une aide de 95 millions d’euros. Et nous œuvrons aujourd’hui, en plein conflit, pour des secours humanitaires.

Mais à quoi bon ?

A quoi bon quand ces territoires sont chaque jour bombardés ?
A quoi bon quand plus de vingt mille Gazaouis sont tués ?
A quoi bon quand 3% sont blessés, quand la moitié ont leur maison détruite, quand 85 % sont déplacés, hors de leur domicile ?
A quoi bon quand se répandent la faim et les maladies ?
A quoi bon quand le gouvernement israélien mène une nouvelle guerre sainte, une guerre fanatique, « les fils de la lumière contre les fils de l’ombre » selon les termes de Netanyahu ?
A quoi bon quand des ministres d’extrême droite, à Tel-Aviv, dévoilent leur objectif : chasser les Palestiniens de leurs terres, qu’ils se réfugient au Rwanda, au Congo, au Tchad ?
A quoi bon quand, pour ne pas dévoiler les horreurs, pour ne pas rendre humains les humains, les journalistes sont interdits à Gaza ? A quoi bon quand les derniers reporters sur place sont, eux, ciblés par les frappes israéliennes, oui, ciblés, abattus, 79 reporters en tout, 79 tués ?

A quoi bon verser notre obole si, devant ce massacre, la France demeure muette, ou aphone ?

A quoi bon si nous traitons encore les bourreaux en alliés, en alliés gênants, en alliés encombrants, mais en alliés tout de même ?
A quoi bon si nous nous taisons, si nous regardons ailleurs ?

Pourtant, si la France voulait, la France pourrait. Elle ne pourrait pas tout, elle ne pourrait aucun miracle, mais elle pourrait un peu.

La France, membre du Conseil de sécurité des Nations unies, pourrait porter une résolution en son nom, pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza, pour un arrêt des colonies en Cisjordanie.

La France pourrait appuyer les plaintes devant la Cour Pénale Internationale, contre les cadres du Hamas, oui, mais contre les dirigeants israéliens aussi, accusés de crimes de guerre.

La France, qui accueille les Jeux Olympique cet été, pourrait proposer au Comité international des mesures de sanction, de rétorsion : comme pour les athlètes russes, pas d’hymne pas de drapeau.

La France, membre de l’Union européenne, premier partenaire commercial d’Israël, la France, avec une coalition, pourrait remettre en cause l’accord d’association.

La France qui, après les massacres du 7 octobre, a éclairé la tour Eiffel aux couleurs d’Israël, la France pourrait l’éclairer aux couleurs de la Palestine, ou au moins aux couleurs des deux pays, les deux drapeaux, à l’image des deux peuples que nous voulons voir vivre en paix.

La France doit bouger, pour faire bouger les Etats-Unis, les seuls qui feront bouger Israël.

La France doit bouger pour que le Proche-Orient ne s’embrase pas.

La France doit bouger pour servir de pont, dans sa tradition, avec le Sud.

Cette voix, les millions d’euros ne la remplaceront pas.

Cette voix qui dit : une vie vaut une vie.

Cette voix qui dit : il n’y aura pas de solution militaire au conflit, il faut cesser les colonies, il faut un Etat palestinien dans des frontières sûres, reconnues par son voisin.

Cette voix qui dit : la loi, le droit plutôt que la force.

C’est cette voix, haute et forte, de gravité et de fermeté qu’il nous faut retrouver.

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