Translate Traduire Traducir ترجمة



Télégrammes

Trafic de bébés : un réseau criminel sous enquête
Les autorités européennes enquêtent sur des réseaux criminels exploitant des Marocaines pour la location d’utérus et la vente d’enfants. Deux suspects ont été arrêtés en Espagne, et des cliniques clandestines sont surveillées. Ces réseaux ciblent des femmes vulnérables, organisent des accouchements secrets et vendent les nouveau-nés sous fausses identités. Profitant de failles légales, ils transfèrent des femmes en Espagne pour des fécondations, utilisant des cryptomonnaies et des techniques avancées pour échapper à la surveillance.

mardi 11 mars 2025

Xcalibur, l’entreprise espagnole qui scanne la terre à la recherche de précieux minerais critiques

Francisco Carrión , El Independiente, 10/3/2025
Traduit par Tafsut Aït BaâmraneTlaxcala

Première entreprise du secteur, elle dispose d’une flotte de 40 avions légers qui survolent de vastes étendues de terre pour trouver des anomalies dans le sous-sol.

L’un des systèmes utilisés par l’entreprise espagnole Xcalibur pour cartographier les ressources minérales

Son nom évoque une légende arthurienne et, s’il pourrait bien être le fruit de la magie, sa potion est une application de la science et de l’innovation. Sa chasse au trésor intervient alors que les minéraux critiques et les terres rares font la une des journaux et que le président de la plus grande puissance mondiale prêche sur tous les toits son désir de les contrôler, du Groenland à l’Ukraine. Chez Xcalibur, une entreprise purement espagnole, on est bien conscient de la course mondiale à la recherche des richesses dont tout le monde parle.

« Nous aimons dire que ce que nous faisons n’est pas très différent des scanners des médecins. Au lieu de le faire sur des êtres humains, nous l’appliquons à des corps géologiques », explique à El Independiente Dario Castellanos, directeur général de Xcalibur Smart Mapping au Moyen-Orient, l’une des régions de la planète qui s’est jointe à la course contre la montre pour trouver ce qui est encore caché sous terre. Le pétrole qui a transformé la péninsule arabique a cédé la place à la course pour trouver et contrôler des minéraux essentiels tels que le lithium, le cobalt et le nickel, qui sont la clé de la transition vers l’énergie propre - des éoliennes aux panneaux solaires en passant par les véhicules électriques.

40 avions et 50 000 kilomètres parcourus

C’est le nouvel or et Xcalibur est à sa recherche, avec une flotte de plus de 40 avions qui scrutent de vastes étendues de terre à la recherche d’anomalies. « Si la médecine est capable de détecter des grosseurs, qui peuvent être malignes ou bénignes, nous utilisons le magnétisme du sous-sol, les propriétés radiologiques du sous-sol ou la densité des roches avec différentes technologies pour détecter les anomalies », explique Castellanos. « L’ aérogéophysique est le procédé le plus rapide et le plus efficace actuellement disponible, car il n’est pas invasif et ne nécessite pas de route vers des endroits très inhospitaliers. Les avions volent à plus de 200 kilomètres à l’heure et il s’agit d’une première approche très rapide et efficace », ajoute-t-il.

Manuel Regueiro, président de l’Ilustre Colegio Oficial de Geólogos, ajoute : « Ce qui est vraiment nouveau, c’est qu’ils ont adapté des technologies de mesure existantes avec leur propre équipement pour les mettre sur des hélicoptères et des avions. Ils ont donc leurs propres avions, leurs propres hélicoptères et leurs propres drones. L’une de leurs principales utilisations est la prospection minière, mais ils sont également en phase de test pour détecter l’hydrogène naturel, qui est le carburant propre de l’avenir », explique l’expert.

La cartographie implique des avions et des hélicoptères capables de transporter des équipements pesant plus de 500 kilogrammes. « C’est précisément ce poids qui empêche pour l’instant l’utilisation de drones. Outre le problème de l’autonomie, un drone capable de soulever jusqu’à 600 kilos pourrait être piraté et utilisé à d’autres fins », explique Castellanos. Pour la reconnaissance géophysique, ils utilisent des Cessna 208B Grand Caravan et Cessna 208B Supervan 900, des avions à turbine couramment utilisés pour transporter des passagers entre les îles, qui ont été modifiés pour effectuer des relevés géophysiques aériens. « Ils sont équipés d’un câble auquel est suspendue une boucle, ainsi que d’un magnétomètre et d’un compteur. C’est un système que nous avons breveté sur un petit avion, très efficace pour ce type de travail ».

Exemple de carte d’anomalies dessinée par l’avion

Les résultats de cette cartographie sont examinés par ceux qui peuvent les déchiffrer. « Les géophysiciens sont vraiment les personnes les plus intelligentes de notre société, celles qui analysent, traitent et interprètent les données afin de savoir plus ou moins où se trouvent les gisements ». Basée à Madrid, Xcalibur possède des bureaux de production en Australie, au Canada et en Afrique du Sud.

« Si le minéral émet des radiations, on peut détecter sa présence. En se basant sur ce que ces types de roches émettent, on obtient un spectre qui permet de savoir de quel type de roche il s’agit et de quel gisement il pourrait s’agir », confirme Regueiro. Xcalibur, qui compte plus de 250 employés directs, se targue d’être le leader mondial dans le domaine de la géophysique et de la cartographie aéroportées. Elle affirme avoir signé plus de 1 400 projets. Sa flotte a parcouru plus de 50 millions de kilomètres linéaires sur les six continents.

À la recherche du “nouvel or” en Arabie saoudite

L’une de ses dernières missions, la plus importante à ce jour, consiste à cartographier 500 000 kilomètres carrés de la surface de l‘Arabie saoudite, l’un des plus grands producteurs de pétrole au monde, tente de diversifier son économie, qui cherche à diversifier son économie en se concentrant sur l’exploitation minière, entre autres secteurs. « L’Arabie saoudite a une tradition minière séculaire. Les mines du roi Salomon étaient situées dans une région du pays appelée Bouclier arabe. Les autorités cherchent maintenant à cartographier la surface à l’aide de la magnétométrie et de la radiométrie », explique Castellanos. « Quatre-vingt pour cent de la cartographie est déjà réalisée et sera achevée dans les prochains mois. Les données qui en résulteront seront téléchargées sur un portail web destiné à attirer les investisseurs internationaux ». Jusqu’à sept avions légers ont survolé le royaume pour tenter de découvrir ses richesses minérales.

La société espagnole offre le premier indice de la carte au trésor. « Nous indiquons les anomalies du sous-sol qui peuvent conduire à la découverte de gisements. Notre travail est le premier maillon de la chaîne d’exploration. Une fois que l’on a les données, il faut forer, ce qui peut coûter des millions d’euros. Nous limitons les espaces à fouiller et maximisons les probabilités de succès de ces forages », admet l’Espagnol à la tête de la filiale en terre arabe, à mi-chemin entre les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.

Xcalibur pose la première pierre d’une aventure qui nécessite des doses illimitées de patience et de capital. « Avec ces informations, nous devons descendre sur le terrain et faire la cartographie détaillée ; prélever des échantillons et faire les premiers sondages pour voir s’il y a vraiment quelque chose là ou pas », explique Regueiro. « Ce n’est pas facile. Les gens pensent qu’en faisant voler un drone avec de l’équipement, ils ont déjà le dépôt. Mais la géophysique aéroportée est plus complexe que ça », prévient l’universitaire.

Les minéraux essentiels et les terres rares font l’objet d’une course effrénée, alors que des avertissements récurrents font état de pénuries face à une demande galopante. Le cobalt, le graphite, le lithium et le nickel alimentent les véhicules électriques et les systèmes de stockage de la toile.  Certaines terres rares sont essentielles au fonctionnement des moteurs électriques et des éoliennes. Le cuivre et l’aluminium forment les réseaux électriques. Les métaux spéciaux sont essentiels à la production d’hydrogène et d’énergie solaire. Selon un récent rapport du cabinet de conseil McKinsey, l’offre actuelle de minéraux ne couvre que 10 à 35 % des besoins prévus d’ici à 2050. Le document dessine un horizon proche : la demande de sept minéraux essentiels à la production d’énergie propre - lithium, cobalt, nickel, dysprosium, terbium, néodyme et praséodyme - pourrait doubler au cours des cinq prochaines années.

« Nous sommes face à l’une des plus importantes commandes de minerais jamais passées par l’humanité. L’intérêt pour les minéraux n’a jamais été aussi grand. La transition énergétique implique de réduire l’utilisation des combustibles fossiles pour consommer beaucoup plus de minéraux », explique Castellanos. « Nous sommes au début de cette chaîne. Si vous voulez trouver de nouveaux domaines plus efficacement, l’aérogéophysique est la première étape », souligne-t-il.

La bataille du futur

Il s’agit d’une contribution espagnole à un secteur dominé par la Chine, que Trump tente d’enrôler en la menaçant, en annonçant son intention d’occuper ou d’acheter le Groenland, une île sous contrôle danois, ou en forçant l’Ukraine, en pleine invasion russe, à lui céder l’exploitation de ses minerais et de ses terres rares. Sous ces deux latitudes, on ne connaît pas l’ampleur exacte des ressources que le président usaméricain ambitionne d’exploiter. « Il n’y a pas de gisements démontrables de terres rares au Groenland ou en Ukraine, il n’y a que des indications » souligne Regueiro. « Trump suscite plus de pitié que de panique. Pour exploiter les terres rares, il faut dépenser des millions en forages, en géologie, en analyses, en tests, en conception d’usines... Cela prend au moins 10 ans. Et dans 10 ans, Trump ne sera plus là », ajoute-t-il.

« Les Chinois ont été beaucoup plus pionniers dans le domaine des matériaux de transition énergétique. Ils sont en train d’envahir le marché des voitures électriques et le secret de leur réussite est leur contrôle de la chaîne d’approvisionnement en minerais », admet Castellanos. « J’aimerais dire de manière idéaliste que nous sommes des chasseurs de trésors, mais en réalité, ce que nous fournissons, ce sont des données. Plus que des poètes, nous sommes des mathématiciens et des géophysiciens. Nous interprétons ces données pour clarifier la géologie du terrain », conclut-il.

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire