mercredi 28 mai 2025

Les sociétés civiles de Tunisie, Jordanie et Maroc s'inquiètent des violences faites aux femmes

 

Lilia Blaise, RFI, 27/5/2025

En mai dernier, un colloque sur les féminicides a réuni les sociétés civiles tunisienne, jordanienne et marocaine, à Tunis, pour dresser le bilan de la lutte contre les violences faites aux femmes. Le constat reste accablant malgré les changements législatifs dans ces pays ces dernières années.

Lors d'une conférence régionale sur les crimes de féminicide en Tunisie, au Maroc et en Jordanie, le 14 mai 2025 à l'hôtel Mechtel de Tunis.
Lors d'une conférence régionale sur les crimes de féminicide en Tunisie, au Maroc et en Jordanie, le 14 mai 2025 à l'hôtel Mechtel de Tunis. © Avec l'aimable autorisation d'Aswat Nissa

« Une vision sociétale dans laquelle la femme est la cause de la violence »

Une vision aussi partagée par la Jordanienne Banan Abouzaineddin de l'association Takatoat : « Dans notre pays, la femme est toujours comprise dans le cadre de la famille et protégée par celle-ci. Cette idée ancre la vision sociétale que la femme est la cause de la violence et non pas qu'elle peut la subir, à cause de son genre. »

Côté marocain, la journaliste indépendante Camélia Echchihab, créatrice de la page Stop Féminicides Maroc, s'occupe elle-même de recenser les féminicides en compilant des données dans les médias, via la section fait-divers : « J'en suis arrivée à 50 féminicides en 2023, une trentaine en 2024, et là, actuellement, j'en suis à sept pour 2025. Mais tous ces chiffres ne sont pas du tout exhaustifs, ils ne représentent que la partie émergée de l'iceberg et ils sont très en deçà de la réalité. »

Une réalité qui peine à mobiliser une prise de conscience des politiques, en réaction au phénomène, dans les trois pays.

Selon moi, aujourd'hui, la priorité n'est pas donnée à la violence à l'égard des femmes, parce que, aujourd'hui, la priorité, c'est la famille. On a remarqué que le nom même du ministère a changé et, en même temps, on trouve la famille qui devance la femme et cela veut dire pour moi que, la famille, c'est la priorité. Les violences viennent en second lieu. Eh bien sûr, il y a la lourdeur de l'administration. Normalement, par exemple, l'observatoire, lorsqu'il élabore un rapport et fournit ses rapports au ministère de tutelle qui est le ministère de la famille, c'est pour aider les décideurs pour mettre des programmes, des stratégies, pour formuler des politiques publiques. Mais étant donné que la priorité, ce n'est plus la femme, ce ne sont plus les violences, alors tout ça tarde un peu.

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