Maroc : Plusieurs atteintes aux droits humains en 2021 recensées par Amnesty International
De l’atteinte au droit au respect de la vie privée, avec l’affaire Pegasus aux arrestations liées à la liberté d’expression et d’association, le rapport d’Amnesty International sur les droits humains au Maroc en 2021, publié cette semaine, réserve même une partie aux violations ayant touché des militants pro-Polisario au Sahara.
Amnesty International a publié, mardi, son rapport annuel sur la situation des droits humains, en réservant une partie au Maroc. L’ONG revient ainsi sur les violations des droits ayant le plus marqué l’année 2021, pointant du doigt, entre autres, des atteintes à la liberté d’expression et d’association.
Ainsi, le rapport rappelle que «les autorités ont continué d’utiliser le décret-loi d’urgence sanitaire de 2020 pour restreindre arbitrairement la liberté d’expression et de réunion, notamment celle des journalistes, des militant·e·s et des travailleuses et travailleurs», l’année dernière. «Cette année encore, des défenseur·e·s des droits humains, des journalistes, des utilisateurs et utilisatrices de réseaux sociaux, des universitaires et des militant·e·s ont été réprimés dans l’exercice légitime de leur liberté d’expression», dénonce-t-il.
Amnesty International recense ainsi au moins sept arrestations pour des infractions liées à la liberté d’expression. Elle évoque notamment le cas de l’universitaire et militant des droits humains Maâti Monjib, «sous le coup depuis octobre 2020 d’une mesure arbitraire d’interdiction de quitter le territoire». Le rapport aborde aussi le cas du journaliste Omar Radi, de la militaire Jamila Saadane, condamnée à trois mois d’emprisonnement pour des vidéos sur YouTube accusant les autorités marocaines de «couvrir des réseaux de prostitution et des faits de traite des êtres humains à Marrakech» ou encore de ceux du militant Noureddine Aouaj, condamné en juillet à deux ans d’emprisonnement et de Soulaiman Raissouni.
Enseignants contractuels, Pegasus et droits LGBT
Le rapport d’Amnesty International aborde aussi les arrestations dans les rangs des enseignants contractuels qui manifestent depuis des années pour leur intégration à la fonction publique. Il rappelle ainsi qu’en avril 2021, «la police a arrêté arbitrairement 33 enseignant·e·s qui manifestaient pacifiquement à Rabat», en ajoutant que «les forces de police ont dispersé par la force les manifestant·e·s alors que ceux-ci respectaient les mesures de sécurité liées à la pandémie de Covid-19, comme la distanciation physique».
Dans une partie sur le droit au respect de la vie privée, Amnesty International ne rate pas l’occasion d’évoquer ses révélations, avec Forbidden Stories, sur l’utilisation présumée par les autorités marocaines du logiciel d’espionnage Pegasus. Ainsi, elle assure dans son rapport que «l’outil de surveillance a été utilisé contre des journalistes, des militant·e·s et des personnalités politiques de nationalité française et marocaine». «Les appareils d’Hicham Mansouri, journaliste marocain vivant en exil en France, de Claude Mangin, le compagnon de Naama Asfari, militante sahraouie emprisonnée au Maroc, et de Mahjoub Maliha, défenseur sahraoui des droits humains, ont été infectés par le logiciel Pegasus, en violation des droits de ces personnes au respect de leur vie privée et à la liberté d’expression», écrit le rapport.
Celui-ci rappelle aussi la contestation, par les organisations de défense des droits des personnes transgenres, d’un article du projet de loi 36.21 sur l’état civil, aux termes duquel le genre assigné à un nouveau-né «hermaphrodite» pouvait être modifié ultérieurement, adopté en juillet 2021 par le Parlement. D’ailleurs, le rapport mentionne aussi l’affaire de l’artiste Abdelatif Nhaila, remis en liberté en février, après avoir été traduit en justice pour violation de l’état d’urgence sanitaire et outrage à un fonctionnaire alors qu’il s’est rendu dans un poste de police pour dénoncer les «menaces de mort et de persécutions homophobes» le visant dans le cadre de la campagne de Outing lancée sur les réseaux sociaux depuis avril 2020.
Migrants et Sahara occidental
Amnesty International confirme aussi, plus loin, que «les autorités ont arrêté et détenu arbitrairement des personnes migrantes ou demandeuses d’asile», en renvoyant certaines dans leur pays d’origine et en éloignant d’autres vers des zones du sud du Maroc ou au Sahara. «Les autorités ont mené des opérations dans les hébergements et les campements où se trouvaient des ressortissant·e·s de pays d’Afrique subsaharienne. Dans certains cas, elles ont mis le feu aux biens de ces personnes ou les ont contraintes à quitter leur abri de fortune, selon l’Association marocaine des droits humains», poursuit le rapport. Ce dernier évoque aussi l’exile, en mai dernier, de milliers de Marocains vers Ceuta, notant que «parmi les 8 000 personnes, au moins (…), certaines étaient des réfugié·e·s ou des migrant·e·s venus de pays d’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord».
Le rapport aborde aussi la question du Sahara occidental, accusant les autorités d’avoir «violé cette année encore les droits des Sahraoui·e·s qui militaient en faveur de l’indépendance». Amnesty International évoque, dans ce sens, l’arrestation, en mai dernier, du journaliste sahraoui Essabi Yahdih, directeur de l’organe de presse en ligne Algargarat, accusé d’avoir filmé une caserne militaire à Dakhla. «Cet homme a été condamné le 29 juillet à un an d’emprisonnement assorti d’une amende. À la prison de Dakhla, il s’est vu refuser des soins médicaux pour les problèmes d’audition et de vue dont il souffrait avant son incarcération», poursuit le rapport.
Ce dernier mentionne aussi un cas de «torture» de détenu sahraoui Mohamed Lamine Haddi. «En mars, des surveillants pénitentiaires ont mis un terme à la grève de la faim qu’il observait pour protester contre les mauvais traitements dont il faisait l’objet : ils l’ont nourri de force, ce qui est considéré comme un acte de torture au regard du droit international», rappelle l’ONG internationale.
L’occasion pour celle-ci de relayer les allégations de la militante pro-Polisario Sultana Khaya, qui accuse les autorités marocaines de «mauvais traitements», de «tentative de viol» et de «viol». Enfin, le rapport dénonce le fait que «les organisations de défense des droits humains ne pouvaient toujours pas se rendre au Sahara occidental ni dans les camps du Front Polisario».
...Suite : https://www.yabiladi.com/articles/details/125890/maroc-plusieurs-atteintes-droits-humains.html
Droits de l’Homme : Amnesty International critique le Maroc
Violation des droits de l’Homme, atteinte à la vie privée et à liberté d’expression, affaire Pegasus, situation des migrants... Le nouveau rapport d’Amnesty International, publié le mardi 29 mars, relève plusieurs "bavures" constatées en 2021 au Maroc en termes de droits humains. Il dépeint ainsi un tableau très sombre sur le respect des droits de l’Homme dans le pays.
Par Nora Jaafar, Publié le 31/03/2022 à 12:43, mis à jour le 31/03/2022 à 16:56Amnesty International (AI) a consacré une grande partie de son nouveau rapport à la situation des droits humains au Maroc. L’organisation non gouvernementale (ONG) a souligné plusieurs dépassements et violations observés au cours de l’année 2021. Elle évoque en premier lieu des atteintes à la liberté d’expression et d’association. «Les autorités ont continué d’utiliser le décret-loi d’urgence sanitaire de 2020 pour restreindre arbitrairement la liberté d’expression et de réunion, notamment celle des journalistes, des militant·e·s et des travailleuses et travailleurs», ont précisé les auteurs de l’enquête. Ils dénoncent que durant l’année écoulée des militants des droits de l’Homme, des journalistes, des utilisateurs de réseaux sociaux et des universitaires «ont été réprimés dans l’exercice légitime de leur liberté d’expression».
Lire aussi : Affaire Omar Radi : la cour d’appel confirme la peine de six ans de prison ferme
Dans son rapport, AI indique qu’au moins sept personnes ont été arrêtées pour des infractions liées à la liberté d’expression. L’ONG cite en ce sens le cas de l’universitaire Maâti Monjib, «sous le coup depuis octobre 2020 d’une mesure arbitraire d’interdiction de quitter le territoire». Il s’agit aussi du journaliste Omar Radi et de la militante Jamila Saadane. Cette dernière a écopé de trois mois de prison pour avoir accusé sur YouTube «les autorités marocaines de couvrir des réseaux de prostitution et des faits de traite des êtres humains à Marrakech». Le rapport évoque aussi le militant Noureddine Aouaj, condamné à deux ans de prison "outrage" aux institutions de l’État, et Soulaiman Raissouni, ex-rédacteur en chef du journal Akhbar Al Yaoum.
Certains dépassements observés par AI
Amnesty International revient en outre sur le mauvais traitement qu’ont subi les enseignants contractuels lors de leurs manifestations concernant leur intégration à la fonction publique. Elle avance qu’en 2021, 33 enseignants contractuels ont été appréhendés lors de leurs protestations pacifiques à Rabat, alors que le reste des manifestants ont été dispersés et malmenés par les forces de l’ordre bien qu’ils respectaient les mesures de sécurité liées à la pandémie de Covid-19, comme la distanciation physique.
De plus, AI n’a pas manqué d’aborder les "révélations" de Forbidden Stories, qui selon lesquelles le Maroc aurait utilisé le logiciel espion israélien Pegasus pour surveiller plusieurs dissidents. «L’outil de surveillance a été utilisé contre des journalistes, des militant·e·s et des personnalités politiques de nationalité française et marocaine» a réitéré l’ONG dans son rapport.
Autre point de contestation soulevé par l’organisme international, l’article du projet de loi 36.21 sur l’état civil, adopté en juillet 2021 par le Parlement, et qui stipule que le genre assigné à un nouveau-né "hermaphrodite" peut être modifié ultérieurement. Le rapport mentionne aussi le cas de l’artiste Abdelatif Nhaila, traduit en justice pour "violation de l’état d’urgence sanitaire" et "outrage à un fonctionnaire". Ce dernier, remis en liberté en février 2022, a été arrêté après s’être déplacé dans un poste de police pour déposer plainte contre des personnes qui l’avaient menacé de mort suite à une campagne de "Outing" lancée sur les réseaux sociaux depuis avril 2020.
Amnesty International dénonce le traitement des migrants
Amnesty International a également accusé le Maroc dans son rapport d’avoir «arrêté et détenu arbitrairement des personnes migrantes ou demandeuses d’asile». Selon l’ONG, parmi ces détenus, certains ont été renvoyés dans leur pays d’origine, tandis que d’autre ont été envoyés à des zones du Sud du Maroc ou au Sahara. «Les autorités ont mené des opérations dans les hébergements et les campements où se trouvaient des ressortissant·e·s de pays d’Afrique subsaharienne. Dans certains cas, elles ont mis le feu aux biens de ces personnes ou les ont contraintes à quitter leur abri de fortune, selon l’Association marocaine des droits humains», déplore le rapport. Les auteurs de cette enquête citent aussi l’exil de quelque 8.000 Marocains vers Sebta en mai 2021, notant que certains parmi eux étaient des réfugiés ou des migrants venus de pays d’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord. «Au moins 2.000 enfants non accompagnés figuraient parmi elles. Entre avril et mai, au moins trois migrants non identifiés et neuf Marocains sont morts en tentant de rejoindre les enclaves espagnoles de Sebta et Melilla depuis le territoire marocain», lit-on sur l’enquête.
Lire aussi : Migration clandestine : plus de 4.000 migrants morts ou disparu en 2021
Maroc : Plusieurs atteintes aux droits humains en 2021 recensées par Amnesty International
De l’atteinte au droit au respect de la vie privée, avec l’affaire Pegasus aux arrestations liées à la liberté d’expression et d’association, le rapport d’Amnesty International sur les droits humains au Maroc en 2021, publié cette semaine, réserve même une partie aux violations ayant touché des militants pro-Polisario au Sahara.
Amnesty International a publié, mardi, son rapport annuel sur la situation des droits humains, en réservant une partie au Maroc. L’ONG revient ainsi sur les violations des droits ayant le plus marqué l’année 2021, pointant du doigt, entre autres, des atteintes à la liberté d’expression et d’association.
Ainsi, le rapport rappelle que «les autorités ont continué d’utiliser le décret-loi d’urgence sanitaire de 2020 pour restreindre arbitrairement la liberté d’expression et de réunion, notamment celle des journalistes, des militant·e·s et des travailleuses et travailleurs», l’année dernière. «Cette année encore, des défenseur·e·s des droits humains, des journalistes, des utilisateurs et utilisatrices de réseaux sociaux, des universitaires et des militant·e·s ont été réprimés dans l’exercice légitime de leur liberté d’expression», dénonce-t-il.
Amnesty International recense ainsi au moins sept arrestations pour des infractions liées à la liberté d’expression. Elle évoque notamment le cas de l’universitaire et militant des droits humains Maâti Monjib, «sous le coup depuis octobre 2020 d’une mesure arbitraire d’interdiction de quitter le territoire». Le rapport aborde aussi le cas du journaliste Omar Radi, de la militaire Jamila Saadane, condamnée à trois mois d’emprisonnement pour des vidéos sur YouTube accusant les autorités marocaines de «couvrir des réseaux de prostitution et des faits de traite des êtres humains à Marrakech» ou encore de ceux du militant Noureddine Aouaj, condamné en juillet à deux ans d’emprisonnement et de Soulaiman Raissouni.
Enseignants contractuels, Pegasus et droits LGBT
Le rapport d’Amnesty International aborde aussi les arrestations dans les rangs des enseignants contractuels qui manifestent depuis des années pour leur intégration à la fonction publique. Il rappelle ainsi qu’en avril 2021, «la police a arrêté arbitrairement 33 enseignant·e·s qui manifestaient pacifiquement à Rabat», en ajoutant que «les forces de police ont dispersé par la force les manifestant·e·s alors que ceux-ci respectaient les mesures de sécurité liées à la pandémie de Covid-19, comme la distanciation physique».
Dans une partie sur le droit au respect de la vie privée, Amnesty International ne rate pas l’occasion d’évoquer ses révélations, avec Forbidden Stories, sur l’utilisation présumée par les autorités marocaines du logiciel d’espionnage Pegasus. Ainsi, elle assure dans son rapport que «l’outil de surveillance a été utilisé contre des journalistes, des militant·e·s et des personnalités politiques de nationalité française et marocaine». «Les appareils d’Hicham Mansouri, journaliste marocain vivant en exil en France, de Claude Mangin, le compagnon de Naama Asfari, militante sahraouie emprisonnée au Maroc, et de Mahjoub Maliha, défenseur sahraoui des droits humains, ont été infectés par le logiciel Pegasus, en violation des droits de ces personnes au respect de leur vie privée et à la liberté d’expression», écrit le rapport.
Celui-ci rappelle aussi la contestation, par les organisations de défense des droits des personnes transgenres, d’un article du projet de loi 36.21 sur l’état civil, aux termes duquel le genre assigné à un nouveau-né «hermaphrodite» pouvait être modifié ultérieurement, adopté en juillet 2021 par le Parlement. D’ailleurs, le rapport mentionne aussi l’affaire de l’artiste Abdelatif Nhaila, remis en liberté en février, après avoir été traduit en justice pour violation de l’état d’urgence sanitaire et outrage à un fonctionnaire alors qu’il s’est rendu dans un poste de police pour dénoncer les «menaces de mort et de persécutions homophobes» le visant dans le cadre de la campagne de Outing lancée sur les réseaux sociaux depuis avril 2020.
Migrants et Sahara occidental
Amnesty International confirme aussi, plus loin, que «les autorités ont arrêté et détenu arbitrairement des personnes migrantes ou demandeuses d’asile», en renvoyant certaines dans leur pays d’origine et en éloignant d’autres vers des zones du sud du Maroc ou au Sahara. «Les autorités ont mené des opérations dans les hébergements et les campements où se trouvaient des ressortissant·e·s de pays d’Afrique subsaharienne. Dans certains cas, elles ont mis le feu aux biens de ces personnes ou les ont contraintes à quitter leur abri de fortune, selon l’Association marocaine des droits humains», poursuit le rapport. Ce dernier évoque aussi l’exile, en mai dernier, de milliers de Marocains vers Ceuta, notant que «parmi les 8 000 personnes, au moins (…), certaines étaient des réfugié·e·s ou des migrant·e·s venus de pays d’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord».
Le rapport aborde aussi la question du Sahara occidental, accusant les autorités d’avoir «violé cette année encore les droits des Sahraoui·e·s qui militaient en faveur de l’indépendance». Amnesty International évoque, dans ce sens, l’arrestation, en mai dernier, du journaliste sahraoui Essabi Yahdih, directeur de l’organe de presse en ligne Algargarat, accusé d’avoir filmé une caserne militaire à Dakhla. «Cet homme a été condamné le 29 juillet à un an d’emprisonnement assorti d’une amende. À la prison de Dakhla, il s’est vu refuser des soins médicaux pour les problèmes d’audition et de vue dont il souffrait avant son incarcération», poursuit le rapport.
Ce dernier mentionne aussi un cas de «torture» de détenu sahraoui Mohamed Lamine Haddi. «En mars, des surveillants pénitentiaires ont mis un terme à la grève de la faim qu’il observait pour protester contre les mauvais traitements dont il faisait l’objet : ils l’ont nourri de force, ce qui est considéré comme un acte de torture au regard du droit international», rappelle l’ONG internationale.
L’occasion pour celle-ci de relayer les allégations de la militante pro-Polisario Sultana Khaya, qui accuse les autorités marocaines de «mauvais traitements», de «tentative de viol» et de «viol». Enfin, le rapport dénonce le fait que «les organisations de défense des droits humains ne pouvaient toujours pas se rendre au Sahara occidental ni dans les camps du Front Polisario».
...Suite : https://www.yabiladi.com/articles/details/125890/maroc-plusieurs-atteintes-droits-humains.html
Maroc : Plusieurs atteintes aux droits humains en 2021 recensées par Amnesty International
De l’atteinte au droit au respect de la vie privée, avec l’affaire Pegasus aux arrestations liées à la liberté d’expression et d’association, le rapport d’Amnesty International sur les droits humains au Maroc en 2021, publié cette semaine, réserve même une partie aux violations ayant touché des militants pro-Polisario au Sahara.
Amnesty International a publié, mardi, son rapport annuel sur la situation des droits humains, en réservant une partie au Maroc. L’ONG revient ainsi sur les violations des droits ayant le plus marqué l’année 2021, pointant du doigt, entre autres, des atteintes à la liberté d’expression et d’association.
Ainsi, le rapport rappelle que «les autorités ont continué d’utiliser le décret-loi d’urgence sanitaire de 2020 pour restreindre arbitrairement la liberté d’expression et de réunion, notamment celle des journalistes, des militant·e·s et des travailleuses et travailleurs», l’année dernière. «Cette année encore, des défenseur·e·s des droits humains, des journalistes, des utilisateurs et utilisatrices de réseaux sociaux, des universitaires et des militant·e·s ont été réprimés dans l’exercice légitime de leur liberté d’expression», dénonce-t-il.
Amnesty International recense ainsi au moins sept arrestations pour des infractions liées à la liberté d’expression. Elle évoque notamment le cas de l’universitaire et militant des droits humains Maâti Monjib, «sous le coup depuis octobre 2020 d’une mesure arbitraire d’interdiction de quitter le territoire». Le rapport aborde aussi le cas du journaliste Omar Radi, de la militaire Jamila Saadane, condamnée à trois mois d’emprisonnement pour des vidéos sur YouTube accusant les autorités marocaines de «couvrir des réseaux de prostitution et des faits de traite des êtres humains à Marrakech» ou encore de ceux du militant Noureddine Aouaj, condamné en juillet à deux ans d’emprisonnement et de Soulaiman Raissouni.
Enseignants contractuels, Pegasus et droits LGBT
Le rapport d’Amnesty International aborde aussi les arrestations dans les rangs des enseignants contractuels qui manifestent depuis des années pour leur intégration à la fonction publique. Il rappelle ainsi qu’en avril 2021, «la police a arrêté arbitrairement 33 enseignant·e·s qui manifestaient pacifiquement à Rabat», en ajoutant que «les forces de police ont dispersé par la force les manifestant·e·s alors que ceux-ci respectaient les mesures de sécurité liées à la pandémie de Covid-19, comme la distanciation physique».
Dans une partie sur le droit au respect de la vie privée, Amnesty International ne rate pas l’occasion d’évoquer ses révélations, avec Forbidden Stories, sur l’utilisation présumée par les autorités marocaines du logiciel d’espionnage Pegasus. Ainsi, elle assure dans son rapport que «l’outil de surveillance a été utilisé contre des journalistes, des militant·e·s et des personnalités politiques de nationalité française et marocaine». «Les appareils d’Hicham Mansouri, journaliste marocain vivant en exil en France, de Claude Mangin, le compagnon de Naama Asfari, militante sahraouie emprisonnée au Maroc, et de Mahjoub Maliha, défenseur sahraoui des droits humains, ont été infectés par le logiciel Pegasus, en violation des droits de ces personnes au respect de leur vie privée et à la liberté d’expression», écrit le rapport.
Celui-ci rappelle aussi la contestation, par les organisations de défense des droits des personnes transgenres, d’un article du projet de loi 36.21 sur l’état civil, aux termes duquel le genre assigné à un nouveau-né «hermaphrodite» pouvait être modifié ultérieurement, adopté en juillet 2021 par le Parlement. D’ailleurs, le rapport mentionne aussi l’affaire de l’artiste Abdelatif Nhaila, remis en liberté en février, après avoir été traduit en justice pour violation de l’état d’urgence sanitaire et outrage à un fonctionnaire alors qu’il s’est rendu dans un poste de police pour dénoncer les «menaces de mort et de persécutions homophobes» le visant dans le cadre de la campagne de Outing lancée sur les réseaux sociaux depuis avril 2020.
Migrants et Sahara occidental
Amnesty International confirme aussi, plus loin, que «les autorités ont arrêté et détenu arbitrairement des personnes migrantes ou demandeuses d’asile», en renvoyant certaines dans leur pays d’origine et en éloignant d’autres vers des zones du sud du Maroc ou au Sahara. «Les autorités ont mené des opérations dans les hébergements et les campements où se trouvaient des ressortissant·e·s de pays d’Afrique subsaharienne. Dans certains cas, elles ont mis le feu aux biens de ces personnes ou les ont contraintes à quitter leur abri de fortune, selon l’Association marocaine des droits humains», poursuit le rapport. Ce dernier évoque aussi l’exile, en mai dernier, de milliers de Marocains vers Ceuta, notant que «parmi les 8 000 personnes, au moins (…), certaines étaient des réfugié·e·s ou des migrant·e·s venus de pays d’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord».
Le rapport aborde aussi la question du Sahara occidental, accusant les autorités d’avoir «violé cette année encore les droits des Sahraoui·e·s qui militaient en faveur de l’indépendance». Amnesty International évoque, dans ce sens, l’arrestation, en mai dernier, du journaliste sahraoui Essabi Yahdih, directeur de l’organe de presse en ligne Algargarat, accusé d’avoir filmé une caserne militaire à Dakhla. «Cet homme a été condamné le 29 juillet à un an d’emprisonnement assorti d’une amende. À la prison de Dakhla, il s’est vu refuser des soins médicaux pour les problèmes d’audition et de vue dont il souffrait avant son incarcération», poursuit le rapport.
Ce dernier mentionne aussi un cas de «torture» de détenu sahraoui Mohamed Lamine Haddi. «En mars, des surveillants pénitentiaires ont mis un terme à la grève de la faim qu’il observait pour protester contre les mauvais traitements dont il faisait l’objet : ils l’ont nourri de force, ce qui est considéré comme un acte de torture au regard du droit international», rappelle l’ONG internationale.
L’occasion pour celle-ci de relayer les allégations de la militante pro-Polisario Sultana Khaya, qui accuse les autorités marocaines de «mauvais traitements», de «tentative de viol» et de «viol». Enfin, le rapport dénonce le fait que «les organisations de défense des droits humains ne pouvaient toujours pas se rendre au Sahara occidental ni dans les camps du Front Polisario».
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