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mercredi 30 août 2023

Amnesty. Mettez fin à la régression des droits humains en Tunisie

Les avancées obtenues après la révolution de 2011 en Tunisie sont menacées. Depuis qu’il s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, le président Kaïs Saïed multiplie les attaques contre les droits humains, en portant atteinte à la liberté d’expression et d’association ainsi qu’au droit à un procès équitable. Les propos racistes qu’il a tenus en 2023 ont déclenché une vague de violence envers les personnes migrantes et réfugiées dans le pays.

Répression de l’opposition politique et attaques contre la liberté d’expression

Des parlementaires et autres responsables politiques tunisiens de premier plan, des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains et des militant·e·s ont été pris pour cible pour avoir contesté la mainmise du président sur tous les pouvoirs et la répression menée par son gouvernement. Ces personnes ont fait l’objet d’arrestations et de détentions arbitraires, d’interdictions de voyager et d’enquêtes pénales.

Les autorités tunisiennes ont pris tout particulièrement pour cible des membres d’Ennahda, le plus grand parti d’opposition du pays, en ouvrant une enquête pénale à l’encontre d’au moins 21 membres de ce parti, dont 12 sont en détention. En avril 2023, elles ont arrêté Rached Ghannouchi, dirigeant d’Ennahda et ancien président du Parlement de Tunisie, aujourd’hui dissous. Cet homme fait l’objet d’une enquête pour « complot contre l’État » et « tentatives visant à changer la forme du gouvernement ». Le 15 mai 2023, un tribunal antiterroriste l’a condamné à un an d’emprisonnement pour les propos qu’il a tenus publiquement lors d’un enterrement l’an dernier, faisant l’éloge du défunt et le qualifiant d’« homme courageux » qui ne craignait pas « un dirigeant ou un tyran ».

Depuis le 25 juillet 2021, la justice a ouvert des enquêtes visant au moins 39 personnes qui n’avaient fait qu’exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression, dont certaines ont été jugées par un tribunal, en vertu du Décret-loi n° 54, qui offre une large latitude aux autorités pour réprimer la liberté d’expression et s’ingérer dans la vie privée en ligne.

En outre, le président Kaïs Saïed s’est attaqué à plusieurs reprises à l’indépendance de la justice en dissolvant le Conseil supérieur de la magistrature et en révoquant arbitrairement 57 juges et procureurs.

Les personnes migrantes et réfugiées en grand danger en Tunisie

Le président Kaïs Saïed a déclaré que « des hordes d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne » avaient déferlé sur la Tunisie et étaient à l’origine « de violences, de crimes et d’actes inacceptables ». Il a ajouté que c’était une situation « anormale » qui s’inscrivait dans le cadre d’un plan criminel conçu dans le but de « métamorphoser la composition démographique de la Tunisie » et de la transformer « seulement en un État africain qui n’appartienne plus au monde arabo-islamique ».

Les attaques contre des Africain·e·s noirs se sont multipliées dans les deux semaines qui ont suivi le discours du président : des groupes sont descendus dans la rue pour s’en prendre à des personnes migrantes, réfugiées ou demandeuses d’asile et la police a procédé à des dizaines d’arrestations arbitraires. Les tensions raciales à Sfax, dans le sud du pays, ont connu une escalade qui s’est soldée par la mort d’une personne migrante en mai et celle d’un Tunisien en juillet. À la suite de ces décès, les autorités ont expulsé de force des dizaines d’Africain·e·s noirs migrants ou demandeurs d’asile vers la 

Agissez maintenant en appelant le président tunisien et d’autres autorités à mettre fin à la répression de plus en plus dure des droits humains, notamment du droit à la liberté d’expression et d’association, à faire respecter les droits des personnes migrantes et réfugiées et à ne pas compromettre l’indépendance du pouvoir judiciaire.

 

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