Les Marocains constituent la principale main-d’œuvre étrangère en Espagne avec plus de 340 000 personnes en âge de travailler, dépassant les Roumains qui étaient en tête du classement ces dernières années.
Fatima Kahoul Elhais a rejoint l’Espagne avec sa mère et ses frères et sœurs en 2003. « Mon père s’est installé ici plus tôt, dans les années 1990 », raconte à El Pais la jeune femme de 31 ans, résidant à Palencia. Comme elle, de nombreux Marocains ont choisi d’émigrer en Espagne pour se construire un meilleur avenir. Au fil des ans, leur nombre s’est considérablement accru, au point qu’ils sont devenus la principale main-d’œuvre étrangère du pays, devançant les Roumains qui occupaient la première place depuis 2012. Quelque 343 188 travailleurs marocains sont affiliés à la Sécurité sociale à fin janvier 2025, soit 24 400 de plus qu’en janvier 2024, 90 200 de plus qu’en 2019 et 158 500 de plus qu’il y a dix ans. Après les Marocains et les Roumains (329 809), suivent les Colombiens (217 070), les Italiens (189 975) et les Vénézuéliens (176 333).
Les raisons de cette immigration massive de Marocains en Espagne sont d’ordre économique : « Ils viennent en Espagne pour améliorer leur situation et celle de leur famille », explique Ahmed Khalifa, président de l’Association marocaine pour l’intégration des immigrés. Le responsable déplore la catégorisation sectorielle de la communauté marocaine. « Il y a des secteurs spécifiques dans lesquels on imagine qu’un travailleur marocain doit se trouver. Et ce sont des emplois aux conditions dures, très précaires. Ce sont des secteurs réservés aux immigrés. 33 % des Marocains affiliés à la sécurité sociale sont employés dans l’agriculture, l’élevage et la pêche, l’un des secteurs les moins bien rémunérés de l’économie (1 562 euros bruts, contre 2 273 en moyenne). Pour replacer ces chiffres dans leur contexte, il convient de noter qu’en moyenne, seuls 5 % du nombre total d’affiliés travaillent à la campagne.
Les Marocains sont également plus nombreux dans le travail domestique, l’hôtellerie et la construction, alors qu’ils sont presque inexistants dans les banques, les médias et les écoles », s’indigne Fatima Kahoul Elhais. « La campagne est toujours très dure. Ici, il faut supporter la chaleur, la pluie, tout ce qui arrive », explique Elwali Bocharga, 33 ans. La plupart des ouvriers marocains travaillant dans les champs sont exploités, « gagnant 15 ou 20 euros par jour. Nous ne pouvons pas permettre cela », s’offusque Mohammed Alami, président de l’Association des amis du peuple marocain (ITRAN). Anas Khouader, 27 ans, souligne pour sa part la difficulté pour les diplômés marocains de trouver un emploi en Espagne. « J’ai étudié dans une école espagnole au Maroc et j’ai un diplôme en relations professionnelles à l’université de Grenade, mais je ne trouve pas de travail dans mon domaine », déplore ce résident de Grenade. « Nous voulons travailler, comme tout le monde ».
Les Marocains forment la plus grande communauté étrangère en Espagne. Selon les données de l’INE, le pays comptait 111 043 Marocains en 1998, devant les Britanniques (75 600) et les Allemands (60 495). En 2022, ils demeurent en tête du classement avec 883 243 résidents, selon les dernières données de l’INE. « Beaucoup de Marocains s’occupent de personnes âgées et ne sont pas déclarés à la sécurité sociale, mais ils ne le signalent pas pour ne pas perdre leur emploi. Ils souffrent de racisme sur leur lieu de travail, ce qui affecte également leur accès au logement », fait-on observer. Malgré ces difficultés, les Marocains continueront à immigrer en Espagne : « Le besoin de main-d’œuvre de l’Espagne maintiendra l’attrait des travailleurs marocains vers des secteurs intermédiaires, comme les chauffeurs et les soudeurs, qui sont exactement le type d’emplois dont on a besoin en Espagne, et qui sont difficiles à pourvoir ».
Source: bladinet, 17/3/2025
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