Capture d'écran de la bande-annonce du reportage diffusé mercredi. / DR
La prostitution à Marrakech a fait les choux gras de la presse
italienne cette semaine, au lendemain de la diffusion, le 26 avril par
la chaîne Mediaset, d’un reportage sur la prostitution infantile, dans
l’émission «El Iene» («Les hyènes»).
«Le reportage montre à quel point il est facile de trouver des
enfants dans la capitale touristique marocaine, Marrakech, malgré des
moments de tension»,
a commenté mercredi le journal italien Newsly.
Un parent qui offre les services de ses deux filles
Le journal raconte que les reporters de l’émission ont fait escale
dans les grandes villes du Maroc à la recherche d'un enfant, en
particulier des filles. «La recherche est très facile», puisqu’ils
trouvent immédiatement quelqu’un qui pourrait mettre à leur disposition
un enfant. «Si le premier témoin avance qu’il ne veut pas apparaître
dans le reportage, l'équipe de ‘El Iene’ trouve vite une solution de
rechange.»
En revanche, la deuxième tentative aboutit : un homme affirme sa
disposition à présenter une jeune fille au journaliste déguisé en
pédophile. On le présente comme «un père [qui affirme avoir] deux
filles. «L’homme propose l’une d’elles en douceur, comme s’il vendait
des articles, arguant qu’il faut la voir avant de proposer un prix»,
poursuit de son côté
la version italienne de Blasting News.
Le reportage rapporte également les déclarations de ces petites filles,
qui «vont souvent avec d'autres hommes, confirmant ainsi la thèse de la
prostitution des enfants».
Sur
la page officielle de l’émission,
on évoque notamment près de «50 000 filles, dont des mineures, qui se
prostituent entre Casablanca et Marrakech». Les journalistes d’«El Iene»
placent même le Maroc dans la catégorie des pays connus pour être des
destinations favorites de pédophiles européens. «La Thaïlande, le
Cambodge ou encore les Philippines sont depuis toujours les destinations
préférées des Européens pour le tourisme sexuel infantile à faible
coût. Mais depuis quelque temps, il suffit de rejoindre un endroit
beaucoup plus proche : le Maroc», commente-t-on.
Des mineures pour... 200 euros !
Les journalistes parviennent à recueillir un premier témoignage d’une jeune fille de 17 ans, comme l’explique
Blasting News.
«Je prends 200 euros. Je le fais parce que j’ai besoin d'argent. Je
peux gagner mille euros en deux mois», lance l’adolescente avant de
faire savoir que son rêve est «d'aller à New York». Elle n’indique
pourtant pas sa ville d’origine. «Dans ma région, je connais au moins
cinquante personnes qui font ça aussi», poursuit-elle.
Le journaliste est contraint de s’éloigner puisque la police s’est
déplacée dans les rues pour surveiller la situation. Après une deuxième
tentative, la police intervient pour arrêter le journaliste et son
interprète. Le présentateur reprend la parole pour informer qu’au moins
dix agents chargés de l’application de la loi sont intervenus.
«L'interprète marocain a été arrêté alors que le matériel, les caméras
et certains fichiers ont été saisis». Mais l’équipe chargée du tournage a
toutefois réussi à garder certains fichiers diffusés dans le reportage
du mercredi.
«Nous n’avons pas eu la chance de parler ou de rencontrer des
responsables ou des interprètes de l'ambassade italienne au Maroc. Nous
avons été accusés de tournage avec des mineurs sans le consentement de
leurs parents», poursuit Luigi Pelazza.
Ce dernier avait été expulsé du Maroc le 29 septembre dernier, avec
un autre journaliste italien alors qu’ils réalisaient un reportage sur
les réseaux de prostitution des mineurs à Marrakech. «Nous avions déjà
engrangé beaucoup de matière pendant trois jours sur la prostitution des
enfants dans un réseau qui impliquait non seulement des touristes
occidentaux, mais aussi des touristes arabes ainsi que les populations
locales», avait confié Pelazza
au quotidien italien Corriere della Sera.
Sur les réseaux sociaux, les Marocains restent partagés entre ceux
qui accusent l’éducation et la crise de l’école publique, ceux qui
tirent à boulets rouges sur les reporters italiens et ceux qui
critiquent les autorités locales.