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Télégrammes

La chute de «l’empereur» des télécoms
Abdeslam Ahizoune a été évincé de la tête de Maroc Telecom après 42 ans dans le secteur, dont 27 à la direction de l’entreprise. Plusieurs raisons circulent : sa santé, sa responsabilité dans l’amende de 640 milliards de dirhams en faveur de « Inwi », ou le retard du déploiement de la 5G pour le Mondial 2030. Mohammed Benchaâboun lui succède jusqu’en 2027 pour renforcer la stratégie du groupe. Ahizoune pourrait aussi perdre la présidence de la Fédération d’athlétisme.

vendredi 28 février 2025

Sahara occidental : un demi-siècle de lutte dans le désert
Un dossier du magazine Politis

Sahara occidental : un demi-siècle de lutte dans le désert

Un dossier du magazine Politis, n° 1851, 26 février 2025


En guerre contre le Maroc pour la souveraineté sur le Sahara occidental, une grande partie du peuple sahraoui survit en exil, réfugié depuis 50 ans dans des campements installés en territoire algérien.

jeudi 27 février 2025

Sacrifice d'Aïd al-Adha officiellement annulé cette année au Maroc

 Rédaction LeBrief, 26/2/2025

Ce mercredi 26 février 2025, le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, a lu une lettre royale dans laquelle le roi Mohammed VI a exhorté les Marocains à ne pas célébrer Aïd al-Adha cette année. Cette décision officielle intervient en raison de la pénurie critique de bétail qui affecte le pays.



L’annulation de cette fête religieuse repose sur plusieurs facteurs, notamment la baisse significative du cheptel national due à des conditions climatiques défavorables et à la sécheresse persistante qui frappe le Maroc. La rareté des moutons et des bovins a entraîné une flambée des prix, rendant le rituel du sacrifice difficilement accessible à une grande partie de la population.

Ces dernières semaines, de nombreuses voix s’étaient déjà élevées pour réclamer l’annulation de l’Aïd al-Adha en raison du contexte économique difficile. Des citoyens avaient exprimé leurs inquiétudes face à la hausse vertigineuse des prix des bêtes destinées au sacrifice, liée directement au coût élevé des aliments pour le bétail, lui-même impacté par la sécheresse prolongée.

Le débat sur le maintien ou l’annulation de la fête avait émergé bien avant l’annonce officielle, notamment face aux interrogations sur la capacité du cheptel national à satisfaire la demande. Certains experts du secteur agricole avaient déjà mis en garde contre une production insuffisante de bétail pour couvrir les besoins des ménages marocains.

Voici le texte complet de la lettre royale

« Louange à Dieu,

Prière et Salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons,

Cher peuple,

Nous avons veillé depuis que Nous sommes dépositaire de l’Imamat suprême, fondée sur les liens indéfectibles de la Beia, à réunir, au profit de Notre peuple fidèle, les conditions de l’observation de la religion, de ses obligations et ses traditions, de ses cultes et ses interactions sur fond de ce que le Très-Haut a bien voulu combler la Oumma marocaine en ce qui concerne l’attachement aux piliers et le respect des traditions les plus avérées, ainsi que la célébration des jours saints, parmi lesquels figure la fête de l’Aïd Al Adha, dont l’avènement est prévu dans moins de quatre mois.

La célébration de cette fête n’est pas une occasion passagère, mais elle est porteuse de significations religieuses fortes illustrant la profondeur des liens de Nos fidèles sujets avec les différents aspects de notre Sainte religion et leur volonté de se rapprocher du Très-Haut, en s’évertuant à consolider les liens sociaux et familiaux à travers cet événement vénérable.

Notre souci à vous permettre d’observer ce rituel religieux dans les meilleures conditions est étroitement lié à l’obligation de Notre prise en compte de ce que notre pays affronte en matière de défis climatiques et économiques qui ont eu pour conséquence une régression substantielle de l’effectif du cheptel.

A cet effet, et tenant compte du fait que l’Aïd Al Adha constitue une sounna confirmée dans la mesure du possible, son accomplissement dans ces conditions difficiles est susceptible de porter préjudice à de grandes parties des fils de Notre peuple, particulièrement ceux à revenu limité.

Partant de la responsabilité qui Nous incombe, en tant qu’Amir Al-Mouminine, fidèle protecteur des cultes de la religion selon ce que dictent la nécessité et l’intérêt légal et conformément à l’obligation qui est la Nôtre de lever la gêne et le préjudice et de favoriser la mise en place de la facilitation tout en se conformant à la teneur du verset coranique : “Et Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion”, Nous invitons Notre cher peuple à s’abstenir d’accomplir le rite du sacrifice de l’Aïd de cette année.

Nous le ferons s’il plaît à Dieu, au nom de Notre peuple, fidèle en cela à la sounna de Notre Aïeul le Prophète, que la paix et la bénédiction soient sur Lui, quand Il avait immolé deux moutons en disant : « celui-ci est pour moi, cet autre est au nom de ma Oumma ».

Cher peuple,

Nous vous invitons à célébrer l’Aïd Al Adha, s’il plaît à Dieu, selon ses rituels habituels et significations spirituelles nobles de la prière de l’Aïd dans les msallah et les mosquées, aux dons de l’aumône, aux rencontres avec les siens, ainsi que les différentes oeuvres pies de dévotion en rendant grâce à Dieu pour Son immense générosité et en implorant récompense et rétribution.

+Dis: Voici ma voie ! J’appelle les gens (à la religion) d’Allah, moi et ceux qui me suivent+. Véridique est la parole de Dieu.

Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh ».

Lire aussi 

1963, 1981, 1996… quand le sacrifice d'Aïd al-Adha n’a pas eu lieu

mercredi 26 février 2025

Madrid, 3 mars : 4ème anniversaire des rassemblements hebdomadaires pour les prisonniers politiques sahraouis



 

Le lundi 3 mars, le Mouvement pour les prisonniers politiques sahraouis (MPPS) fête ses quatre ans de rassemblements hebdomadaires devant le ministère espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération pour dénoncer l’occupation marocaine du Sahara occidental et manifester sa solidarité avec les prisonniers politiques sahraouis. Comme leur nom l’indique, ils ont été condamnés par le Maroc dans des procès truqués pour avoir demandé pacifiquement le droit à l’autodétermination qui leur revient.

Ces prisonniers ont été torturés. Ils sont condamnés à des peines très lourdes - il y a 9 condamnations à perpétuité - et vivent dans des conditions carcérales dégradantes. Les éléments les plus révélateurs de leur situation sont peut-être l’isolement - certains prisonniers sont en isolement depuis plus de sept ans - et le manque de soins médicaux. Un cas de septicémie n’est pas traité, un cas de tuberculose non plus, un malade atteint d’un cancer à la poitrine et d’asthme est transféré dans une zone pestilentielle. Il y a d’autres exemples. On les laisse mourir dans la souffrance alors que ce n’était pas ce à quoi ils ont été condamnés.

Nous avons saisi le ministère des Affaires étrangères car l’Espagne est responsable de cette occupation. Elle a cédé ce que l’Espagne considérait comme sa 53ème  province au Maroc et à la Mauritanie sans avoir organisé de référendum d’autodétermination pour les Sahraouis. Au cours de ces 50 années, l’Espagne n’a pas assumé ses responsabilités. Aujourd’hui, la situation est encore pire lorsque le président Sánchez présente « la proposition marocaine d’autonomie (lire annexion) comme la base la plus sérieuse, crédible et réaliste pour la résolution de ce différend ». Nous ne parlons pas d’un différend, nous parlons d’une occupation, et Sánchez n’ignore pas que ses propos portent atteinte au droit international.

Tous les lundis, nous demandons au ministre d’agir, de servir de médiateur, de défendre ces prisonniers innocents, car il est tenu de le faire par la conscience de ce pays envers les Sahraouis et la position de l’Espagne en tant que puissance administrante de la région du Sahara occidental.

Original español

 

mardi 25 février 2025

Maroc: importantes pénuries de médicaments

C’est devenu un problème de santé publique majeur au Maroc. Depuis plusieurs mois, le royaume fait face à d’importantes pénuries de médicaments. Traitement contre le cancer, le diabète, l’hypertension… des molécules indispensables aux malades ont parfois connu une rupture brutale de leur approvisionnement.

Matthias Raynal, RFI, 23/2/2025

Au total, pas moins de « trente médicaments vitaux ont manqué, l’année dernière, au Maroc », a déclaré cette semaine le ministre de l’Industrie, Ryad Mezzour, et la tendance n’est pas près de s’inverser, d’après le docteur Tayeb Hamdi, vice-président de la Fédération nationale de la Santé.

« Cela concerne les antibiotiques, des médicaments de cardiologie, de cancérologie, de neurologie, de psychiatrie. Aucun produit n'échappe à la pénurie, un jour ou l'autre », précise le docteur Tayeb Hamdi

Même s’il produit entre 70 et 80 % de sa consommation en médicaments, le Maroc reste fortement dépendant des importations et exposé aux fluctuations internationales, compliquant la gestion des stocks.   

« Il y a des spécificités pour le Maroc, c'est que c'est un marché pharmaceutique qui est étroit. Les laboratoires étrangers préfèrent traiter, en priorité, avec d'autres marchés qui sont économiquement plus intéressants », poursuit le docteur Tayeb Hamdi avant d’ajouter qu’il existe néanmoins des solutions pour atténuer les pénuries : « Il faut encourager l'industrie nationale, l'industrie pharmaceutique nationale et surtout aussi, il faut communiquer avec les professionnels de santé, médecins, pharmaciens, établissements de santé et autres, mais également il faut savoir gérer les pénuries. Il faut donc qu'il y ait des stocks, des stocks de médicaments. »

Un autre défi auquel le Maroc doit faire face : la généralisation de la protection sociale qui va encore amplifier la demande en médicaments.

Lire aussi 

Entretien avec Mohamed El Bouhmadi, président de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutique (FMIIP)


 

lundi 24 février 2025

De quoi “le procès Kastet” est-il le nom ?

 

 Salma El Harrak, enass, 21/2/2025

* Selma El Harrak est journaliste et étudiante-chercheure en sciences de l’information et de la communication. 

 La politique de musellement des voix reste fermement en place au Maroc. Hamid Mahdaoui, Ismail Laghzaoui, et maintenant Ridouan Kastet—la liste ne cesse de s’allonger, et l’année 2025 ne fait que commencer.

Le 10 février dernier démarrait le procès de l’activiste Ridouan Kastet à la chambre criminelle du Tribunal de première instance de Tanger. Malgré un fort soutien juridique de la part des avocats, sa demande de mise en liberté provisoire  fut rejetée par la Cour. Un sit-in de solidarité a été organisé devant le tribunal en soutien à Kastet. La prochaine audience est prévue pour le 24 février.

Récit de l’arrestation d’un activiste pour la Palestine

Mercredi 5 février 2025, l’activiste et blogueur Ridouan Kastet a été arrêté à Tanger. Connu pour son soutien à la cause palestinienne et sa critique de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, Kastet fait désormais l’objet de lourdes poursuites judiciaires 

Pour l’heure, et avant le débat sur le fond dans son procès, peu d’éléments filtrent sur les raisons de cette arrestation et ces poursuites. La presse locale de Tanger suggère que son arrestation soit « liée à des publications sur son compte Facebook exprimant sa solidarité avec la cause palestinienne et son opposition à la normalisation ». 

Une source anonyme, nous a révélé que la poursuite de Kastet est liée à une publication sur les réseaux sociaux considérée comme une « infraction criminelle », impliquant des accusations d’incitation à la haine, à la violence et à la provocation. Les mêmes sources indiquent que le procureur l’a inculpé en vertu du Code pénal pour des infractions telles que  « outrage à des agents publics dans l’exercice de leurs fonctions », « outrage à une entité constituante », « incitation à commettre un crime via des moyens électroniques » et « incitation à la discrimination et à la haine ».

La source a précisé que son arrestation a été ordonnée par le procureur en raison d’une publication relative à l’assassinat de citoyens israéliens par un Marocain à Tel-Aviv, plutôt que de sa position sur la normalisation.

Kastet était proche d’Al Adl Wal Ihsan (Mouvement de Justice et Bienfaisance), l’une des plus influentes organisations islamistes du Maroc, avant de prendre ses distances envers cette mouvance. Il a également participé au Mouvement du 20 février né en 2011, pourtant des revendications de liberté, de dignité et de justice sociale. Dans un communiqué, Al Adl Wal Ihsan a condamné son arrestation, la qualifiant de « détention politique visant à réprimer la liberté d’expression et à faire taire les voix dissidentes ». Cette organisation a appelé à sa libération « immédiate ».

Un schéma répressif

La répression de l’expression des opinions, en ligne  de même qu’ hors ligne, s’inscrit dans une vague continue de répression des dissidents au Maroc. En 2022 seulement, les autorités ont enquêté, poursuivi et emprisonné au moins sept journalistes et activistes pour avoir critiqué le gouvernement. D’autres ont été poursuivis pour avoir abordé des questions religieuses ou exprimé leur solidarité avec des détenus politiques, comme l’a signalé Amnesty International.

Dans une interview accordée au Monde Afrique, Maâti Mounjib a déclaré : « Le Maroc vit sa période la plus autoritaire depuis trente ans. » Mounjib, historien marocain, a été arrêté en 2021. À l’âge de 61 ans, il a été provisoirement libéré le 23 mars 2021 après près de trois mois de détention à la prison d’El Arjat, près de Rabat. Défenseur de la liberté d’expression, il avait été condamné en janvier 2021 à un an de prison pour « atteinte à la sécurité de l’État » et « fraude ».

En juillet dernier, activistes et prisonniers politiques ont connu un bref répit lorsque le roi Mohammed VI a exercé son droit en vertu de l’article 58, celui d’accorder des grâces royales. Les journalistes Omar Radi, Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine ont été libérés en même temps que plusieurs autres activistes en ligne, également détenus suite à l’expression d’opinions dissidentes. Cependant, la vague de répression a depuis repris, comme en témoignent les arrestations de Laghzaoui et maintenant de Kastet.

Selon le rapport 2024 de Human Rights Watch, le journaliste Hamid Mahdaoui a été condamné le 11 novembre à 18 mois de prison pour diffamation présumée contre le ministre de la Justice Abdelatif Ouahbi, et condamné à une amende de 1,5 million de dirhams marocains (environ 150 000 dollars américains).

L’arrestation de Kastet s’inscrit dans une nouvelle vague, touchant les personnes soutenant la cause palestinienne. L’activiste Ismail Laghzaoui,et qui venait à peine d’être libéré de prison, en a fait les frais suite à un procès à Casablanca. Laghzaoui a été condamné en décembre à un an de prison pour avoir appelé à un blocus de l’ambassade des États-Unis en raison de son soutien à Israël. Il a été accusé d’« incitation à commettre des crimes et délits par des moyens électroniques ». Sa peine fut réduite à quatre mois de prison, dont deux avec sursis.  

Les attaques ciblant les personnes solidaires coïncident avec le retour en force de la normalisation. Les autorités locales d’Agadir ont interdit un sit-in prévu le 5 février devant le Parc des Expositions, où s’est tenue le Salon Halieutis du 6 au 9 février. Le rassemblement avait été organisé pour protester contre la participation d’une délégation israélienne, selon une déclaration de l’Observatoire marocain contre la normalisation, qui a dénoncé ce qu’il a décrit comme une « oppression autoritaire ».

Contradictions légales et constitutionnelles

La constitution marocaine garantit en principe la liberté d’expression et la liberté de la presse. L’article 28 stipule : « Toute personne a le droit d’exprimer et ou diffuser librement des informations, des idées et des opinions, dans les seules limites expressément prévues par la loi. » De plus, la loi affirme explicitement que « La liberté de la presse est garantie et ne peut être restreinte par aucune forme de censure préalable. » Cependant, ces garanties sont sapées par l’interprétation vague et large des restrictions légales par l’État, permettant aux autorités de réprimer la dissidence.

D’après le même rapport de Human Rights Watch, « les autorités ont de plus en plus recours à des accusations douteuses d’inconduite sexuelle pour cibler les dissidents. Omar Radi, Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine ont tous été arrêtés, jugés  puis emprisonnés sous de telles allégations, une tactique utilisée ces dernières années pour discréditer les opposants. » De nombreux cas démontrent comment le système judiciaire est utilisé à l’image d’un outil pour occulter l’opposition, en contradiction avec les engagements constitutionnels du Maroc en matière de liberté d’expression.

Jusqu’à quand cette oppression va-t-elle durer ?

L’intensification de la répression au Maroc soulève de sérieuses inquiétudes quant à l’engagement du pays en faveur des droits de l’homme, et des principes démocratiques. Cela est particulièrement préoccupant à l’approche de la Co-organisation de la Coupe du Monde de la FIFA en 2030 par le Maroc. Comment un pays qui réduit au silence les voix critiques sur les réseaux sociaux peut-il se présenter comme un partenaire mondial pour un tel événement ?

Les activistes et journalistes continuent de vivre sous la menace constante de poursuites judiciaires. Beaucoup sont poursuivis par le Code pénal plutôt que par le Code de la presse, et écopent de lourdes peines pour leurs opinions. Alors que ces lignes sont écrites, un groupe de sept militants du Hirak du Rif, dont les leaders Nasser Zefzafi et Nabil Ahamajik, restent derrière les barreaux, purgeant de la sorte des peines allant jusqu’à 20 ans de prison pour s’être récrié  contre les conditions de vie dans leur région délaissée. La question demeure : Jusqu’à quand cette oppression va-t-elle durer ?

Ridouan Kastet risque jusqu’à cinq ans de prison en fonction des charges retenues contre lui. La prochaine audience est prévue pour le 24 février. Ridouan comme plusieurs autres citoyens ont tous besoin de notre solidarité…


samedi 22 février 2025

Des associations féminines lancent une campagne pour promouvoir la participation des femmes au marché du travail

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, l'ONG espagnole AIDA, en partenariat avec plusieurs associations marocaines, lance la campagne de sensibilisation "La conciliation, clé pour un travail stable et digne", face à une faible participation des femmes au marché du travail.


La campagne sera lancée le 25 février 2025 par l'ONG espagnole AIDA, en partenariat avec l'Union de l'action féministe (section de Tanger), la Fédération de la ligue des droits des femmes (Larache), l'Association de recherche féminine pour le développement et la coopération, l'Association Talassemtane pour l'environnement et le développement (Chaouen) et l'association 100% Mamans (Tanger).

Cette campagne est lancée dans un contexte où, au Maroc, la participation des femmes au marché du travail reste l’une des plus faibles au monde, avec un taux de seulement 19,9% en 2023, contre 71% pour les hommes (HCP 2024). Cette faible présence des femmes dans l’emploi perpétue leur dépendance économique, accroît leur vulnérabilité et les expose davantage à la violence économique, peut-on lire dans un communiqué émis par les associations.

Le manque de politiques efficaces de conciliation entre vie professionnelle et vie familiale constitue un frein majeur à leur insertion et à leur maintien dans l’emploi. Les femmes assument encore l’essentiel des responsabilités domestiques et des soins, limitant ainsi leurs opportunités professionnelles. Or, l’offre de services de garde d’enfants, de soutien aux parents et de flexibilité des horaires reste largement insuffisante, estime la même source.

La campagne, qui vise à faire de l’adaptation des conditions de travail aux réalités des femmes un levier essentiel pour garantir un emploi stable et digne, a pour principaux objectifs :

  • Sensibiliser les décideurs, les médias, la société civile et le grand public aux obstacles rencontrés par les femmes vulnérables en raison du manque de politiques de conciliation ;
  • Promouvoir l’adoption de politiques publiques et privées favorisant la conciliation, notamment à travers des solutions de garde d’enfants et des horaires de travail plus flexibles ;
  • Mettre en avant l’impact positif de l’adaptation des conditions de travail sur l’insertion professionnelle des femmes, en facilitant leur accès à des emplois formels et dignes.

Selon la même source, la campagne s’inscrit dans le cadre du projet "Avançons ensemble II : promotion de l’insertion professionnelle des femmes en situation de vulnérabilité dans le nord du Maroc", financé par l'Agence espagnole de coopération pour le développement et mis en œuvre par AIDA, en partenariat avec les associations mentionnées.

Ce projet adopte une approche globale, combinant le renforcement des compétences professionnelles et sociales afin d’améliorer l’employabilité des femmes vulnérables, de favoriser leur autonomie et leur indépendance économiques. Il appuie ainsi les services de formation professionnelle et d’insertion portés par les associations partenaires.

Source: medias24, 21/2/2025


Blé, tomates et phosphate : le Maroc, invité d'honneur du Salon de l'agriculture

  David RichFrance24, 21/2/2025

Pour son édition 2025, le Salon de l’agriculture déroule le tapis rouge au Maroc, choisi comme invité d’honneur de l'événement qui ouvre ses portes samedi près de Paris. Client privilégié de l’industrie céréalière française, Rabat est également l’un des principaux exportateurs de fruits et légumes dans l’Hexagone, à des prix très attractifs. Certains élus et agriculteurs dénoncent une concurrence déloyale.

Un agriculteur installe un système de goutte-à-goutte dans un champ de pommes de terre à Berrechid, province marocaine historiquement riche en blé en proie à la sécheresse, au sud-est de Casablanca, l

Un agriculteur dans un champ de pommes de terre à Berrechid, province marocaine au sud-est de Casablanca, le 7 février 2024. © Fadel Senna, AFP

Il s’agit d’un fait inédit en 61 ans d’existence. Le Salon de l’agriculture, qui ouvre ses portes samedi porte de Versailles, à Paris, a réservé cette année une place toute particulière au Maroc, invité d’honneur de l’édition 2025. Si la grande messe de l’agriculture propose chaque année la découverte de stands étrangers, jamais elle n’avait offert à l’un de ses hôtes un tel statut lors de cet évènement dédié, en premier lieu, au rayonnement des filières hexagonales.

À cette occasion, Emmanuel Macron a adressé personnellement une invitation au Roi du Maroc Mohammed VI, qui n’a pour l’heure pas confirmé sa présence.

Nouvelle lune de miel

Cet événement s’inscrit dans un contexte de réchauffement des relations diplomatiques et économiques entre Rabat et Paris, après une période de fortes turbulences. En 2021, le scandale des écoutes Pegasus puis la réduction du nombre de visas accordés par la France avaient jeté un sérieux froid entre les deux dirigeants, provoquant une crise inédite.

Mais la relation a connu une nette embellie au cours de la dernière année, marquée par une nouvelle visite d’État du président français qui a apporté son soutien à la souveraineté marocaine du Sahara occidental. Les deux pays ont récemment signé une série d’accords, parmi lesquels une nouvelle feuille de route sur le partenariat agricole.

Un réchauffement perçu avec enthousiasme par la filière céréalière française, qui compte Rabat parmi ses plus gros clients. "L’invitation du Maroc comme invité d’honneur au Salon de l’Agriculture est une très bonne chose. Même si nos pays ont connu des tensions, notre partenariat ne date pas d’hier et il est important de le célébrer", se félicite Philippe Heusele, président du comité des relations internationales d’Intercéréales, le lobby français de la profession.


                        Macron, Anne Genevard etAkhannouch à l'ouverture du Salon


Des besoins "complémentaires"

Partenaire privilégié du Maroc, la filière céréalière française a fourni en 2023 plus de 50 % du blé tendre importé par le royaume. Malgré une diminution des exportations françaises en 2024 du fait d’une récolte moindre et de la forte concurrence internationale – en particulier de la Russie – le partenariat entre les deux pays demeure extrêmement dynamique, souligne le représentant de la filière.

"La France a une production excédentaire et les Marocains, qui consomment deux fois plus de blé que nous, ont besoin d’importer en grande quantité. La proximité géographique facilite le commerce et nous avons également les mêmes besoins qualitatifs", explique Philippe Heusele.

Un marché d’autant plus porteur que les besoins du Maroc ne cessent d’augmenter du fait de l’impact du réchauffement climatique. Le pays a connu en 2024 sa sixième année de sècheresse consécutive provoquant une chute de la production agricole, céréalière notamment. Enfin, en matière d’agriculture le Maroc possède un sérieux atout : il dispose de la deuxième plus grande réserve mondiale de phosphate, un composant essentiel des engrais, dont l’UE est l’un des principaux acheteurs. [NDLR SOLIDMAR : il ne “dispose” pas, il pille le phosphate du Sahara occidental occupé]

Pour autant, le partenariat avec le Maroc ne se limite pas aux seules questions transactionnelles. Il inclut également un volet recherche, notamment sur l’adaptation face au réchauffement climatique. "Le Maroc a une expérience de terrain dont nous pouvons bénéficier, sur les aspects techniques mais également sociaux et politiques", souligne Sandrine Dury, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, citant en exemple les projets communs sur l’adaptation de la culture des oliviers ou l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la gestion des troupeaux.

Les tomates de la discorde

Comme Philippe Heusele, Sandrine Dury se félicite de la place d’honneur faite au Maroc cette année au Salon de l’agriculture. Les producteurs de fruits et légumes se montrent quant à eux bien moins enthousiastes. Ces derniers dénoncent depuis des années une concurrence déloyale des produits marocains, importés massivement en Europe.

En 2012, Bruxelles et Rabat ont signé un accord de libre-échange permettant au Maroc d’exporter des fruits et légumes sans payer de taxes douanières. Produit phare de l’agriculture marocaine, la tomate a depuis envahi les étales européennes. En France, elle coûte de deux fois à deux fois et demie moins cher, en moyenne, que la tomate produite dans l’Hexagone.   

"Non seulement la main-d'œuvre chez nous est dix fois plus coûteuse, mais des travailleurs – souvent des femmes – sont parfois exploités pour ces récoltes au Maroc, sans même qu’on leur donne de contrat de travail", dénonce Claude Girot, de la Confédération paysanne. Très actif sur les questions de droits humains, ce syndicat a remporté en 2024 une bataille devant la justice européenne sur l’obligation d’étiquetage des produits récoltés au Sahara occidental par le Maroc.

Des pesticides interdits

Autre problème concernant les importations de produits marocains : celui des normes sanitaires. Car certains pesticides interdits dans l’Union Européenne sont encore utilisés au Maroc, comme le méthiocarbe ou le chlorpyrifos, détectés lors de tests menés sur des poivrons marocains. 

"Lorsque de tels produits sont détectés, les stocks peuvent être soit détruits soit renvoyés. Nous avons besoin d’une réglementation plus dissuasive, qui impose des sanctions financières aux importateurs de ces produits", affirme le député LR de la Loire Antoine Vermorel-Marques.

Ce fils d’agriculteur défend une proposition de loi visant à interdire en France l’importation de produits non-conformes aux règles sanitaires européennes, et non plus uniquement leur vente et leur distribution, comme stipulé par la loi Egalim.

"Cette mesure concerne de nombreux autres pays qui utilisent des produits interdits en Europe, comme le Kenya ou les États-Unis", précise l’élu. "Il ne s’agit pas d’une mesure contre le Maroc. Mais nous avons besoin de plus de contrôles. Il s’agit de la défense de notre santé publique et du travail de nos agriculteurs", conclut-il.

Adopté le 28 janvier par la commission des affaires économiques, le texte doit désormais être débattu devant l'Assemblée nationale.

Emmanuel Macron invite Mohammed VI au Salon de l’agriculture sur fond de tensions autour de l’accord de libre-échange avec le Maroc

Cette invitation, à laquelle le souverain marocain n’a pas encore répondu, intervient alors que les principaux syndicats d’agriculteurs français dénoncent la « concurrence déloyale » des tomates marocaines.

Alexandre Aublanc (Casablanca, Maroc, correspondance), Le Monde, 12/2/2025

Mohammed VI se rendra-t-il au Salon international de l’agriculture en compagnie d’Emmanuel Macron ? Selon nos informations, le président français a convié le roi du Maroc à assister à la grand-messe annuelle du monde agricole qui aura lieu à Paris du 22 février au 2 mars. Le monarque n’a pas encore répondu à l’invitation de l’Élysée, mais son déplacement officiel, s’il se confirme, serait son premier en France depuis 2018. [NDLR SOLIDMAR : le roi ne s’est pas rendu à Paris]

Le choix du Salon de l’agriculture n’est pas anodin. Pour la première fois, la manifestation mettra à l’honneur un pays, en l’occurrence le Maroc. Une décision qui « reflète l’importance des partenariats agricoles qui nous lient », expliquent les organisateurs. Difficile cependant de ne pas y voir le prolongement du rapprochement bilatéral conclu en 2024 à l’issue d’une séquence diplomatique en deux temps : la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, en juillet, puis la visite du président français à Rabat, en octobre.

A Paris, une importante délégation marocaine est attendue, alors que de part et d’autre les échanges agricoles ont bondi, tirés par la croissance des exportations françaises de céréales et par la hausse des exportations marocaines de fruits et légumes. Le regain de confiance entre les deux pays pourrait toutefois pâtir des nouveaux rapports de force syndicaux en France. Avec, en toile de fond, une poussée de la contestation contre l’accord agricole noué entre l’Union européenne (UE) et le Maroc. Symbole de la « concurrence déloyale » dont les agriculteurs de l’Hexagone se disent victimes : la tomate cerise marocaine, exemptée de droits de douane moyennant quotas.

Sur cette question, les sujets de friction des deux côtés de la Méditerranée ne sont pas nouveaux. Quand les producteurs marocains assurent respecter les normes européennes et vouloir être compétitifs, leurs homologues français leur reprochent l’utilisation d’insecticides interdits dans l’UE et le faible coût de leur main-d’œuvre, dont découleraient des prix cassés dans la grande distribution. Vendue en France à 0,99 euro, la barquette de 250 grammes de tomates cerises allongées produites dans la région d’Agadir, dans le sud du Maroc, ou dans celle de Dakhla, au Sahara occidental, cristallise toutes les tensions.[NDLR SOLIDMAR : 85% des volumes des tomates cerises vendues en France proviennent du Maroc].

Opérations coup de poing

L’exaspération des agriculteurs français a culminé en 2024. Des milliers de tomates marocaines avaient alors été déversées sur les routes et les parkings des supermarchés. En première ligne de ces opérations coup de poing, la Coordination rurale a réalisé une percée historique dans les chambres d’agriculture, laissant augurer d’un raidissement des positions syndicales françaises. Au marché Saint-Charles International de Perpignan, où transitent les tomates marocaines, des alertes ont été lancées ces derniers jours en prévision de possibles actions de représailles.

A cette colère, le score du Rassemblement national (RN) aux dernières législatives, qui a fait du parti présidé par Jordan Bardella le premier groupe politique au Palais-Bourbon, offre désormais un débouché politique. Sans en être à l’origine, la formation d’extrême droite entretient des liens étroits avec la Coordination rurale. Parmi les sympathisants du syndicat, 47 % des personnes sondées disaient vouloir voter pour le RN à l’élection européenne de juin 2024, selon le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Et de nombreux députés RN en milieu rural ont fait de la dénonciation des accords de libre-échange leur cheval de bataille.

Parmi eux, Hélène Laporte, élue du Lot-et-Garonne. Ce fief de la Coordination rurale abrite, après les Bouches-du-Rhône, les plus vastes cultures de tomates françaises. Récemment portée à la tête du groupe d’amitié France-Maroc à l’Assemblée nationale, la députée RN a répété ces derniers mois vouloir « engager un processus de révision des accords ». « Je pense notamment à celui qui nous lie au Maroc et qui prévoit des exonérations de droits de douane sur l’importation de tomates », a-t-elle déclaré dans l’Hémicycle le 15 janvier.

Le sujet a été abordé lors d’une rencontre entre Hélène Laporte et l’ambassadrice du Maroc en France, Samira Sitaïl, le 3 février à Paris. Officiellement, la position de Rabat est de s’en tenir à l’accord signé avec Bruxelles. « Nous ne voulons pas que les agriculteurs marocains soient tenus pour responsables de problèmes internes à la France ou à l’UE », indique une source marocaine.

« Relents protectionnistes »

Bien que le gouvernement français n’ait émis aucun signal en faveur de sa renégociation, l’épouvantail d’une remise à plat de l’accord est prêt à être agité côté marocain. Où l’on fait savoir que la renégociation, si elle avait lieu, devra porter sur tous les produits concernés. Au risque de nuire aux intérêts des grands gagnants du libre-échange entre les deux pays : les céréaliers français, qui ont fourni 45 % des importations de céréales au Maroc en 2022.

C’est dire combien les propos tenus par le plus médiatique d’entre eux, Arnaud Rousseau, n’ont pas été du goût des professionnels marocains. Devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, le 18 septembre 2024, le numéro un de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) avait affirmé son « ambition de rediscuter de l’accord » avec Rabat. Le président du conseil d’administration d’Avril Gestion, l’actionnaire commandité du groupe Avril (ex-Sofiprotéol), propriétaire au Maroc de Lesieur Cristal, était jusqu’à présent considéré comme un rempart face aux coups de boutoir des agriculteurs les plus radicaux.

Conscients de l’extrême sensibilité du dossier, les ministres de l’agriculture des deux pays ont relancé le comité franco-marocain de la tomate, en veille depuis 2020. La question agricole figurera également au menu des discussions de la prochaine réunion de haut niveau entre les deux gouvernements, qui doit se tenir au Maroc avant l’été. Elle devrait également être évoquée ces prochains jours à l’occasion d’une rencontre en France entre les ministres des affaires étrangères des deux pays, Jean-Noël Barrot et Nasser Bourita. Ce dernier avait dénoncé l’an passé les « relents protectionnistes » de l’Europe.

La question touche jusqu’au plus haut sommet de l’État marocain. Parmi les nombreuses filiales de la holding Siger, qui appartient au roi Mohammed VI, figurent les Domaines agricoles, l’un des principaux exportateurs marocains de fruits et de légumes en Europe. La visite d’État du souverain en France, qu’Emmanuel Macron avait annoncée pour 2025 lorsqu’il se trouvait au Maroc, est toujours d’actualité, fait-on savoir à Rabat.



 


vendredi 21 février 2025

Quels sont les nouveaux prix des fruits, légumes et viandes ?

Mbaye Gueye, lebrief.ma, 20/2/2025

Quels sont les nouveaux prix des fruits, légumes et viandes ?

Une hausse notable pour certains fruits
La viande toujours un luxe pour certains ménages

Les ménages marocains font face à une inflation des prix des produits de base, notamment des légumes, des fruits et de la viande. La forte demande et la hausse des coûts de production compliquent l’accès à ces denrées, rendant l’approvisionnement plus difficile, surtout à l’approche du Ramadan. Détails.

Les ménages marocains devront sortir leurs calculettes pour pouvoir s’approvisionner correctement car chaque sou va compter à l’approche du ramadan, si on fie à Casablanca Prestation. Une inflation des denrées de base a été observée. Il s’agit de produits tels que les légumes, fruits, et viandes, qui touchent les producteurs et les consommateurs.

Ainsi, pour s’offrir un kilo de tomates durant cette semaine, le consommateur devra débourser entre 4,00 et 8,00 DH. Ce niveau tarifaire peut s’expliquer par la forte demande des marchés locaux et internationaux, ainsi qu’une possible baisse de production due à des conditions climatiques défavorables. Les oignons varient eux entre 3,50 et 6,00 DH/kg mais leur prix pourrait augmenter avec la fin de la saison de récolte.

Quant aux pommes de terre, elles varient entre 1,80 et 3,30 DH/kg et demeurent parmi les produits les plus accessibles, reflétant une production stable. Le prix des carottes oscille entre 1,50 et 2,80 DH/kg. Elles restent compétitives grâce à une bonne production nationale. Les courgettes et aubergines, avec des prix allant de 3,50 à 5,50 DH/kg, maintiennent des niveaux intermédiaires en raison d’une demande modérée.

En ce qui concerne le chou-fleur et la laitue, ils affichent des prix bas, entre 0,90 et 1,80 DH/kg, témoignant d’une offre abondante et d’une production en plein essor.

Le marché des fruits n’a pas été épargné. Il a subi une grande volatilité des prix comme en témoigne l’avocat, un fruit de plus en plus prisé dans les foyers marocains. Son prix oscille entre 13,00 et 22,00 DH/kg, il reste un produit haut de gamme, porté par une forte demande sur le marché international.

Les bananes locales se vendent entre 10,00 et 11,00 DH/kg, tandis que les bananes importées atteignent 18,00 DH/kg, un écart dû aux coûts d’importation et aux taxes douanières. Les oranges, quant à elles, voient leur prix varier de 9,00 à 18,00 DH/kg, ce qui reflète une demande soutenue sur les marchés national et international. Du coté des pommes, son prix est compris dans une fourchette de 11,00 à 23,00 DH/kg, elles représentent un segment coûteux, notamment en raison des variétés importées et des frais de stockage élevés.

Le marché de gros de Casablanca indique que les prix des viandes bovine et ovine sont aussi touchés. Selon Casablanca prestations, les prix des viandes rouges restent élevés, influencés par le coût des aliments pour bétail et les fluctuations de l’offre. La viande bovine varie entre 75 et 89 DH/kg. Cette stabilité relative est due à une offre suffisante mais sous pression face à l’inflation des coûts de production. La viande ovine oscille entre 115 DH/kg et 122 DH/kg, demeurant un produit de luxe en raison des cycles d’élevage et de la disponibilité des aliments pour bétail.

Les prix des viandes sont principalement impactés par le coût des matières premières utilisées pour l’élevage, telles que les céréales et le fourrage, dont les prix ont connu une hausse ces derniers mois. L’augmentation du prix du carburant et des coûts de transport contribue à renchérir le coût final pour le consommateur.

L’approche du Ramadan pourrait entraîner une pression supplémentaire sur les prix, en raison d’une demande accrue. Ce qui va constituer une menace pour les ménages à faible revenu, pour qui l’achat de viande devient un luxe.




jeudi 20 février 2025

“Sahara marocain”, un livre de propagande Made in Switzerland, préfacé par Zapatero

L’ancien président du gouvernement espagnol parraine un livre qui vante les mérites de l’occupation marocaine du Sahara occidental, l’ancienne colonie espagnole

Francisco Carrión, El Independiente, 18/2/2025
Traduit par Tafsut Aït BaâmraneTlaxcala

Choyé et apprécié par les autorités marocaines, José Luis Rodríguez Zapatero s’est fait une place de l’autre côté du détroit. L’ancien président du gouvernement est devenu un habitué des conférences et des événements officiels du régime de Mohamed VI, au point de devenir l’un des principaux porte-parole des thèses du makhzen, le cercle du roi qui dirige les destinées du Maroc. Dans son rôle de lobbyiste alaouite, le socialiste fait maintenant ses débuts en tant que préfacier d’un livre publié en Suisse qui chante les bienfaits de l’occupation marocaine du Sahara occidental, l’ancienne colonie espagnole et le dernier territoire d’Afrique en attente de décolonisation.

« Tout au long de ma vie et dans mes différentes fonctions, d’abord en tant que secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol (2000-2011), puis en tant que président du gouvernement espagnol (2004-2011) et maintenant en tant qu’ancien président, j’ai effectué de nombreux voyages au Maroc. Pendant plus de vingt ans, ces voyages m’ont permis de découvrir de près la réalité d’une terre riche et diversifiée et de compter parmi mes bons amis des citoyens marocains du nord comme du sud », écrit Rodríguez Zapatero dans le prologue de Sahara marocain, terre de lumière et d’avenir publié par les éditions Favre.

Cet ouvrage de 315 pages a été écrit en français par Jean-Marie Heydt, professeur à l’université d’Oujda (Maroc). Il vise à promouvoir la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, un territoire non autonome selon l’ONU, dont la population autochtone - répartie entre les zones occupées, les camps de réfugiés de Tindouf (Algérie) et la diaspora - se sont vu refuser le droit à l’autodétermination. Heydt est l’auteur d’autres panégyriques antérieurs sur le Maroc, dont Mohamed VI : la vision d’un roi, actions et ambitions, publié par le même éditeur en 2019.


La préface signée par Rodríguez Zapatero

« Les provinces du sud »

Avec les anciens ministres José Bono et María Antonia Trujillo, résidente au Maroc, Zapatero est l’un des visages des liens étroits établis entre le PSOE et la monarchie alaouite. Dans la préface de l’ouvrage, l’ancien président adopte le langage que le Maroc tente de promouvoir sur la scène internationale. Il parle des « provinces du sud » pour désigner les territoires occupés du Sahara et se vante de ses pérégrinations en tant qu’invité d’honneur du régime.

L’ouvrage dont il rédige le préambule est réalisé, comme le reconnaît son auteur, à partir du contenu et des informations fournies par les gouverneurs et les fonctionnaires du Sahara occupé ainsi que par les organismes d’État et par Mouhsine El Yazid, consul honoraire du Maroc à Lausanne et coprésident - avec Laurent Wehrli, député libéral-radical du Canton de Vaud -  de l’Alliance Suisse-Maroc. Il ne s’agit donc pas d’un ouvrage universitaire et il n’a pas l’intention d’être rigoureux car il ne dispose pas de témoignages indépendants. En effet, l’auteur avertit le lecteur que tout au long du texte, il est fait référence à Mohamed VI, « le prince des croyants », et s’excuse en affirmant que « pour les Marocains, le roi est considéré comme un membre de leur famille et cette osmose est aussi spirituelle que patriotique, affective, religieuse et historique ». Heydt dit du souverain, qui passe de longues périodes à l’étranger et dont la vie et les fréquentations sont taboues dans le royaume, qu’il est le véritable facteur d’unité et qu’il est surnommé depuis 2011 « le roi citoyen » pour avoir accordé à ses sujets une nouvelle constitution qui, dans la pratique, maintient tous ses privilèges.

« Un voyage se détache singulièrement de ma mémoire : en 2015, j’ai eu l’occasion de me rendre à Tan-Tan pour participer au Moussem. Et lors de ce rassemblement des tribus du désert du Sahara, j’ai pu profiter de  la richesse culturelle qu’offrent le Sahara et ses Tribus » [sic], évoque-t-il en préambule. « C’est pourquoi j’ai accepté avec plaisir d’écrire ces lignes en prologue à Sahara marocain : terre de lumière et d’avenir, publié par les éditions Favre, un ouvrage magnifique qui présente toute la beauté et la complexité du Sahara », écrit-il dans sa préface signée de sa main sous le titre de « président du gouvernement espagnol entre 2004 et 2011 ».

Son témoignage est particulièrement précieux pour les autorités marocaines, car il s’agit d’un ancien président du pays qui continue d’assumer devant l’ONU la responsabilité de puissance administrante « de jure ». Dans les deux pages de la préface, Zapatero félicite l’auteur de l’ouvrage « pour son excellent travail visant à faire connaître le Sahara et à ouvrir tous ses aspects au public avec ces magnifiques photos et textes ».

Zapatero, depuis qu’il a quitté La Moncloa, s’est fait une carrière de lobbyiste, du Maroc au Venezuela en passant par la Chine.


Zapatero au festival d’Essaouira, au Maroc

Aucune mention des droits humains ou de l’exploitation des ressources

Le livre, en soi, est un catalogue de louanges au roi et aux autorités locales du Sahara occupé. Il ignore complètement la marginalisation dont souffre la population autochtone face aux colons que le Maroc a envoyés ; le pillage des ressources naturelles que les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne ont mis au jour ; ou les graves violations des droits humains qui sont enregistrées dans l’ancienne 53ème province d’Espagne, soumise à un black-out d’information rigoureux avec l’expulsion de plus de 300 observateurs, activistes et journalistes étrangers depuis 2014.

Le préfacier évite également toute question critique et alimente ses thèses sur la nécessité d’une entente avec le Maroc, en plus de la célébration du tournant copernicien que le gouvernement de Pedro Sánchez a opéré en 2022 dans le contentieux du Sahara en reconnaissant le vague plan d’autonomie marocain - trois pages jamais développées - comme la base la plus sérieuse pour la résolution du différend.

Zapatero a défendu les thèses makhzéniennes au Maroc et en Espagne, lors d’événements liés à un mouvement sahraoui que les services de renseignement espanols considère comme un écran des services de renseignement marocains. Lors de l’un de ses derniers événements à Madrid, il a été interpellé par des participants sahraouis, qui ont dénoncé sa complicité avec l’occupation. Mais l’ancien président reste soumis aux postulats du pays voisin : « La capacité de réconciliation, la capacité de se mettre à la place de l’autre, de pardonner, de regarder vers l’avenir et d’ouvrir l’ horizon aux jeunes sont une exigences essentielle pour l’avenir du Sahara. Le Sahara est une région pleine de possibilités et nous devons, en tant qu’amis du Maroc, œuvrer à sa prospérité. Le travail que le lecteur a entre les mains est une incitation à cela », conclut-il.

On peut lire des extraits du livre ici