Après l’évacuation, les policiers ont mis le feu aux habitations, cabanes et matériel privé présents sur le terrain photo Keelbeek Libre (facebook) |
Le 19 septembre dernier, au procès contre l’expulsion des occupants du terrain de la nouvelle maxi-prison (le terrain de 20 ha du Keelbeek à Haren, Bruxelles), l’avocate du Keelbeek Libre a tout fait pour dénoncer l’illégalité de cette opération. Pour rappel, le 20 août, vers 7h00 du matin, les occupants du terrain du Keelbeek ont été évacués par une vingtaine de policiers. Après l’évacuation, ces policiers ont mis le feu aux habitations, cabanes et matériel privé présents sur le terrain. L’opération a eu lieu deux heures avant qu’un recours contre cette évacuation soit jugé par un tribunal.
Pour justifier l’expulsion et l’incendie, l’avocat de l’État a avancé deux arguments.
D’abord, dit-il, il y a la propriété : le terrain du Keelbeek nous appartient. Voyez-vous, monsieur le juge, nous n’avons rien contre la liberté d’expression, les manifestations, les réunions… mais pas sur le terrain qui nous appartient. Qu’on le fasse ailleurs, à côté, mais pas chez nous. En d’autres termes, cause toujours, mais ne dérangez pas nos travaux. Qu’un poumon vert de Bruxelles sera bétonné, que ce terrain a été offert sur un plateau aux multinationales du consortium Cafasso pour y construire et gérer une maxi-prison pendant vingt-cinq ans, cela ne faisait naturellement pas partie de son discours.
Sauvages errants
Mais c’est son deuxième argument qui m’a frappé le plus, celui de la déshumanisation. « Monsieur le juge, nous avons essayé d’identifier les occupants, mais c’est impossible. Ils sont in identifiables. Ils n’ont pas d’adresse et l’adresse Keelbeek n’en est pas une. Ils ne vivent pas dans des maisons dignes de ce nom. Certains disent qu’ils n’ont d’autre logement que celui au Keelbeek, mais s’il s’agit de sans-abris, ils n’ont qu’à s’adresser aux services compétents pour SDF. Au Keelbeek, Ils vivent dans des baraques construites avec rien que des planches, dans une saleté absolue. Il n’y a pas d’eau courante. Ils utilisent des pots de toilettes posés sur le sol, où les excréments sont couverts avec de la sciure. » Bref, même la santé publique imposerait une évacuation de ces sauvages errants.
Comme le disait Raf après ce procès : « Ce sont deux mondes qui s’affrontent, un monde qui ne connaît que les toilettes avec de l’eau courante, de préférence avec de l’eau potable, et le monde d’en bas ». Et Valentine : « L’avocat a oublié de dire que toutes les habitations « dignes de ce nom » ont été détruites et brûlées lors de la première évacuation il y a juste trois ans, le lundi 21 septembre 2015. Depuis nous avons été obligé de nous contenter du minimum ».